Les mails boule-de-neige sont (presque) tous des canulars

LORSQUE vous recevez un courriel qui vous fait frémir, pleurer ou saliver, réfléchissez toujours un peu avant de le transmettre à tout votre carnet d'adresses. Il s'agit le plus souvent d'un canular.

Allo maman bobo (A. Souchon/L. Voulzy)

On aimerait tellement soulager les enfants malades…

Les mails dont chaque transmission rapporte quelques centimes à un enfant pour son opération très coûteuse sont des faux. Comment les innombrables fournisseurs de mails (fournisseurs d'accès à Internet, employeurs) se seraient-ils mis d'accord pour compter toutes les retransmissions dudit mail?

Brian, qui attendait une opération du coeur, n'a jamais existé. Parfois, une vieille affaire resurgit quelques années après.

Comment va le monde (B. Lavilliers)

On aimerait tant faire pour l'humanité…

Hélas, l'adresse de retour de la pétition en faveur des femmes afghanes était fausse, et il suffisait de visiter le site officiel de l'ONU pour se rendre compte que la célèbre pétition contre la guerre en Irak n'émanait pas de l'organisation, pour ne citer que deux pétitions parmi les plus célèbres.

Le seul mail dont on puisse vérifier l'authenticité de la pétition est celui qui transmet l'adresse complète de la page sur lequel la signer. C'était la forme adoptée pour la pétition en faveur d'Amina Awal, qui a été efficace.

Un accident (M. Sardou/J. Revaux)

On aimerait tant être prévenant pour ses proches…

Les chaînes d'angoisse (les seringues contaminées sur lesquelles on s'assied au cinéma, les sushis infectés par des vers rongeurs de cerveau…) ne résistent en général pas à la critique interne (contradiction, aspect composite, incantatoire et répétitif), à l'expérience quotidienne ou à une information sur un site sérieux.

Mon piano, mon piano… (L. Ferré)

Il faut même se méfier des mails annonçant les nouveaux virus. La référence à Microsoft ou à un éditeur d'antivirus est d'ailleurs insuffisante sans un lien vers une page précise (la page d'accueil n'est pas suffisante!) de leur site.

Ces mails sont parfois plus pernicieux et activent eux-mêmes un virus ou un ver. Plus malin encore, un de ces messages conseillait de détruire un fichier sans délai, fichier en fait absolument nécessaire au démarrage de Windows…

Ça sert à quoi tout ça? (M. Le Forestier)

À quoi peuvent bien servir ces canulars et ces rumeurs? Poser cette question, c'est se demander pourquoi existent des virus destructeurs, pourquoi on casse les vitres de cabines téléphoniques, ou s'interroger sur la motivation des pyromanes. Néanmoins…

Les p'tits papiers (S. Gainsbourg)

Certains canulars servent à alimenter les banques de données pour la sinistre réclame électronique (les téléphones portables offerts si on prouvait qu'on avait retransmis le message à 8 ou 20 adresses). Si tous vos destinataires transmettent eux-mêmes le mail ou la pétition à tout leur carnet d'adresses, et ainsi de suite, cela fait vite beaucoup d'adresses (phénomène de la boule de neige) qui vont alimenter l'industrie du spam.

Je suis malade (S. Lama/A. Donna)

D'autres aiment répandre leurs angoisses, ce qui est d'autant plus pernicieux «qu'on ne sait jamais» et qu'on aime se sentir utiles en les rediffusant.

Faut rigoler (B. Vian/H. Salvador)

Enfin, il y a le goût du canular. L'excitation de voir s'il va prendre, jusqu'où il s'étendra, et les ravages qu'il causera. C'est peut-être un phénomène proche de la pyromanie, après tout.

Non, non, rien n'a changé (J. Nero/F. Bernheim)

Avant internet, les rumeurs se propageaient par tracts (les tattoos imprégnés de LSD, la liste dite de l'Hôpital de Villejuif assimilant l'acide citrique (E330) à un cancérogène des plus puissants…) ou simplement par le bouche-à-oreille (les araignées dans le yucca, l'échange de 10.000 codes-barres contre un fauteuil pour personne handicapée…). Ce n'est donc pas un phénomène propre à Internet, si ce n'est que ces chaînes encombrent nos boîtes et, pire, saturent le réseau.

Colporter une rumeur, c'est collaborer à la désinformation. En cas de doute, il est toujours possible de visiter le site francophone www.hoaxbuster.com qui enquête sur ces mails.