Notes aux distraits
L'Organisation Mondiale du Pillage
LES économistes qui nous gouvernent essaient de nous faire oublier que les puissances économiques actuelles ont eu des débuts protectionnistes (et certaines continuent, par certains aspects). Cela a même été théorisé depuis longtemps, notamment par Friedriech List (1789-1846).
Vouloir imposer le libre-échange aux économies débutantes est en fait la manière la plus sûre de leur acheter leurs matières premières au prix désiré et leur revendre les produits finis qu'ils n'auront jamais la possibilité de réaliser à coûts concurrenciels. Bref, d'organiser leur pillage.
À l'attention de ceux qui aiment se dédouaner à bon compte, il convient d'expliquer pourquoi ces pays économiquement faibles sont enclins à opter pour cette mondialisation inéquitable (liste non exhaustive):
- peur d'une pression boursière sur leur unique produit d'exportation
- charges douanières que leurs voisins, souvent principaux concurrents, n'auraient pas
- possibilité accrue d'enrichissement pour les décideurs locaux
- peur d'être repris sur une liste de pays voyous
Pour ceux qui s'intéressent à l'histoire sociale, cette forme de mondialisation n'est qu'une actualisation, au niveau des États, du libéralisme économique, qui profite de la misère pour sous-payer les salariés avec la bonne excuse de la liberté de contracter.
Vers un premier mai néo-libéral?
Ce qu'on nomme la «Fête du Travail» est la commémoration d'un massacre d'ouvriers le premier mai 1886 à Milwaukee (Winconsin), puis des 3 et 4 mai, à Chicago.
Que les socio-démocrates du Parti socialiste continuent, par tradition, à y tenir des meetings est déjà discutable; que les néo-libéraux du Mouvement Réformateur y fêtent le travail relève de la manipulation sémantique digne de «1984».
Vous pouvez décider de ne pas être solidaire
Depuis la promulgation de la loi du 13 juin 1986, toute personne domiciliée depuis au moins six mois sur le territoire belge est présumée accepter qu'à sa mort, un ou plusieurs organe(s) soit prélevé(s) sur son cadavre pour un don à une personne en attente de transplantation. Il s'agit de la loi de présomption de solidarité en matière de don d'organe.
Ceux qui, pour une raison quelconque qui n'est pas à expliciter, décident de ne pas être solidaire des personnes en attente ont le droit d'en avertir leur administration communale. Cette démarche obligatoire avait fâché, en son temps, le député Écolo X. W.
Ceux qui ne désirent pas que leur famille proche puisse s'opposer au prélèvement d'organe ont le droit d'exprimer explicitement leur solidarité à leur administration communale. Faites-le: cela peut accélèrer la procédure de prélèvement.
Baudouin de Belgique n'avait pas d'enfants
À en croire la Radio-Télévision belge francophone (RTBF), la Belgique d'il y a dix ans s'est réveillée orpheline. Cette publicité pour une émission d'hommage au cinquième «roi des Belges» laisse supposer que la Belgique (réunie pour l'occasion en un seul être) était mineure et que Baudouin en était le papa.
Toute métaphore est porteuse de sens, que l'on peut questionner: au-delà de l'émotion (mot très à la mode dans les rubriques «sport» et «people» de nos tabloïdes), reconnaît-on aux belges le droit d'être adultes? Un roi constitutionnel est-il davantage que le premier fonctionnaire de «son» pays?
Il semblerait donc que la promotion d'une émission en arrive à faire la propagande d'un monde où l'on confond autorité et image paternelle.
T'es pas toute seule, Marie
Une actrice est tuée par son (ex?-)compagnon. Comme il y a dix ans, la torpeur du milieu des vacances confère au fait divers une importance démesurée, même si ledit compagnon est également célèbre: avec ou sans médicament allongé d'alcool, combien de victimes quotidiennes de violences conjugales ou familiales par année?
On entend par ailleurs que le prévenu a été débouté (début octobre 2003) de son action pour retirer de la vente le livre de la mère de la victime, où figurent 85 «meurtrier» et 2 «assassin» (ce qui suppose la circonstance aggravante de la préméditation). Dans ses attendus, le juge apprécie cette répétition comme «incantatoire et cathartique». Belle manière de lui donner raison en la traitant de folle…