Remaniement laïque audiovisuel en Belgique

L'ÉMISSION de morale laïque «La Pensée et les Hommes», que nous entendions les samedis soir à la radio officelle belge francophone depuis quelques dizaines d'années, est remplacée depuis septembre 2014 par l'émission «Libre ensemble» du Comité d'Action Laïque. Cela ne s'est pas fait sans heurt, dans des conditions qu'il est permis de commenter.

La plupart des religions reconnues par l'État belge (le catholicisme et les protestantismes, et plus sporadiquement l'orthodoxie et le culte judaïque – mais pas l'islam) disposent d'une plage horaire sur la RTBF, média officiel francophone belge. En jargon belge, il s'agit d'«émissions concédées». La laïcité organisée dispose du même privilège pour défendre ses idéaux, mais pas l'athéisme, qui relève pourtant d'une autre philosophie.

«La pensée et les Hommes», émission historique…

Depuis la fin de la guerre, l'Institut National de Radiodiffusion belge octroyait à la catholicité belge une heure hebdomadaire d'émission sur laquelle elle n'avait aucun contrôle, tandis qu'une plage plus restreinte était réservée à des billets ou des discussions sur le monde laïque, mais assumée par des fonctionnaires de l'INR.

Sous l'impulsion de la loge maçonnique du Grand Orient de Belgique, un comité s'est institué en 1955 pour coordonner de façon indépendante les émissions laïques, en créant la structure La Pensée et les Hommes. Le générique est d'ailleurs le «Laut verkünde unsre Freude» de Mozart, hymne maçonnique, même si l'évolution a été grande de la maçonnerie d'alors à celle du Grand Orient.

Avec le temps, d'autres groupements à finalité laïque se sont créés et organisés et regroupés sous le nom de Comité d'Action laïque (CAL), tandis que les émissions radiophoniques restaient organisées par la «Pensée et les Hommes», parfois en collaboration avec le CAL.

…au passé pesant

L'émission, qui a duré près de 60 années, était parfois obnubilée par sa propre histoire, témoin l'émission qui tentait de déterminer si Léopold de Saxe-Cobourg (1790-1865), premier roi des Belges (1831-1865), était Grand Maître de Loge, ce dont très peu de personnes se soucient 150 ans après les faits… Pour le dire un peu vite, «La Pensée et les Hommes», comme toute institution, a fini par devenir sa propre finalité et s'est trouvée dépassée par la réalité.

Certaines émissions restaient intéressantes, mais le plus souvent historiques, moins en phase avec les thèmes d'actualité, dans lesquels l'animateur Jacques Lemaire semblait peu à l'aise. D'autres étaient consacrées à des artistes choisis selon on ne sait quels critères, et frisaient parfois le Thierry Génicot continue ces causeries intitulées «Le monde invisible» dans un cadre plus approprié (les jeudis à 21h dans l'émission «Par ouï-dire» de Pascale Tison, RTBF-La Première)spiritualisme.

Bref, «La Pensée et les Hommes» était parfois hors-sujet ou ne représentait plus qu'une petite partie de la laïcité.

La laïcité en action

Le Comité d'Action laïque, peut-être en concertation avec la RTBF ou sa ministre de tutelle, a trouvé un moyen de s'arroger l'émission jusque là concédée à «La Pensée et les Hommes». Depuis 2001, les émissions concédées doivent renouveler leur demande d'agrément tous les cinq ans, ce qu'aucun responsable d'émission concédée ne semblait savoir, sinon le service juridique du CAL, qui aurait pu en informer «La Pensée et les Hommes», qu'il est censé aider puisque cette dernière en est membre.

De la même manière, l'Opus Dei aurait pu prétendre ravir «Le Cœur et l'Esprit» aux catholiques, les Témoins de Jéovah récupérer «La Voix protestante»…

Être représentatif ou pas

Il serait vain de vouloir comparer le CAL à l'Opus Dei ou aux Témoins de Jéovah, puisque que le Comité d'Action laïque est bien plus représentatif de la laïcité que «La Pensée et les Hommes», qui en est une des composantes fondatrice. La logique aurait voulu que cette dernière s'efface, renonçant à son statut privilégié dû à des raisons historiques. En effet, si la laïcité, le combat contre l'hégémonie catholique, est historiquement l'affaire des francs-maçons, en tout cas du Grand-Orient, de nouveaux combats ont entre temps vu le jour, dont certains issus du féminisme, difficilement intégré par la maçonnerie politique, par exemple au Le Grand Orient de France autorise les loges à initier des femmes depuis 2010. Le Grand Orient de Belgique y serait également favorable depuis 2011. La mixité existe pourtant depuis la fin du XIXe dans l'Ordre maçonnique mixte le Droit Humain.Grand Orient.

Pour certains, la fin justifie les moyens… mais le procédé met au minimum mal à l'aise. Ni le Comité d'Action laïque ni la Ministre de tutelle de la RTBF ne ressort grandi de cette triste histoire. La réaction de «La Pensée et les Hommes», reproduite ci-dessous, à laquelle le CAL n'a répondu que de façon sommaire ou peu appropriée, est donc bien compréhensible.


Communiqué de «La Pensée et les Hommes»

Le texte reproduit ci-dessous provient du site de la Pensée et les Hommes, où il ne semble plus disponible (2016.02.14). Il avait été reproduit (encore au 2016.05.07) sur le blog de l'abbé Éric de Beukelaer, connu pour avoir été porte-parole des évêques de Belgique.

Si tu as quelque chose à dire, autant le faire savoir…

Tel était le titre d'une campagne de communication que le Centre d'Action laïque annonçait au cours de son assemblée générale du 22 mars dernier [2014].

Jusqu'à présent, et dans le seul but de préserver l'unité et de favoriser l'entente dans le mouvement laïque, nous avons gardé le silence sur les manœuvres sournoises et sur l'abus de pouvoir dont notre association, La Pensée et les Hommes, est victime de la part du C.A.L.

Après six mois de tentatives, toujours restées vaines, pour tenter de concilier les points de vue afin de trouver un terrain d'entente et une équité dans l'action, nous devons réagir publiquement et faire connaître la situation extrêmement préjudiciable qui nous est imposée à la manière soviétique (le président d'une autre association constitutive ne parle plus que du C.C.L.A. – autrement dit le «Comité central d'Action laïque») par le Centre d'Action laïque.

En nous privant de la totalité de nos activités audiovisuelles, il nous condamne à une disparition prochaine. Est-ce le rôle du C.A.L. de mettre fin aux activités d'une association constitutive du C.A.L., sans concertation avec l'association intéressée et sans évoquer même la question au cours de son assemblée générale? Poser la question, c'est évidemment y répondre: non !

Nous estimons donc qu'à présent, alors que nous avons été contraints d'introduire des actions judiciaires devant le Tribunal arbitral de la laïcité et devant le Conseil d'État, nous devons sortir du silence que nous nous étions imposé par souci d'unité au sein de la laïcité et faire connaître les turpitudes et les bassesses du C.A.L. Il y va de notre survie, il y va aussi d'une question fondamentale de justice…

Alors, oui ! Nous avons quelque chose à dire, et nous vous le faisons savoir !

Les faits: l'histoire d'un abus de pouvoir sournois

Notre président reçoit le 17 décembre 2013 un appel téléphonique et une lettre du président du C.A.L., Pierre Galand, qui lui signifie que «sur proposition du Bureau exécutif, le Conseil d'administration du 14 décembre a décidé, à l'unanimité, que le C.A.L. entreprendra l'ensemble des démarches utiles pour qu'au cours de l'année 2014 le C.A.L. assure la réalisation de l'ensemble des émissions concédées radio et télévision actuellement confiées à La Pensée et les Hommes.»

Une concertation à ce propos? Point. Une explication? Aucune. Une justification? Pas même un embryon.

La lettre contient des remerciements distants pour Jacques Lemaire et pour Roger Van Hout (et non Georges…). C'est tout dire de l'ignorance de Pierre Galand à l'égard de l'histoire de la laïcité et du mépris hautain qu'il affiche vis-à-vis des responsables de notre association.

Notre président lui répond le jour même en regrettant l'absence de toute information préalable et de toute négociation sur un sujet aussi important et lui rappelle que l'article 5 des Statuts du C.A.L. interdit toute mainmise du C.A.L. sur les activités des associations constitutives. Il précise en outre que si le C.A.L. existe, c'est grâce à La Pensée et les Hommes, puisque c'est Robert Hamaide, président-fondateur de La Pensée et les Hommes, qui a largement contribué à fonder le C.A.L. Il note enfin que le rôle du C.A.L. n'est pas de diriger la laïcité, de fixer les responsabilités des uns et des autres, ou d'accorder des bons et des mauvais points… Il est de coordonner les actions laïques en respectant leur autonomie et de défendre les associations auprès de pouvoirs publics (toujours l'article 5).

En réponse à la lettre de notre président, silence absolu…

Alarmé par le danger qui menace, notre conseil d'administration prend dès la fin de décembre 2013 la décision de confier la défense de nos intérêts à un bon spécialiste de ces questions, Me Marc Uyttendaele. Celui-ci écrit aussitôt à Pierre Galand, président du C.A.L., Jean-Paul Philippot, administrateur général de la R.T.B.F., et Fadila Laanan, ministre de la Culture, pour leur faire savoir que La Pensée et les Hommes n'entend pas se laisser dépouiller de ses activités audiovisuelles.

Pas de réponse de la part du président du C.A.L.

À la suite d'un contact avec le cabinet de la ministre, notre conseil apprend que le C.A.L. a introduit une demande de reconnaissance pour les émissions concédées le 12 janvier. Le chef de cabinet dit souhaiter qu'une médiation soit menée.

Cette médiation n'aura jamais lieu, faute de réponse favorable de la part du C.A.L.

Entretemps, nous apprenons qu'au cours de la même séance du conseil d'administration du C.A.L. du 14 décembre (celle où est décidée l'action perverse contre nous), Pierre Galand a annoncé sa décision d'abandonner la présidence du C.A.L. Cette nouvelle nous surprend: P. Galand engage une action destructrice contre La Pensée et les Hommes, il sait qu'il y aura des réactions négatives contre cet abus de pouvoir et il se retire. Voilà une attitude qui est peu réfléchie et peu courageuse… qui est en outre un cadeau empoisonné pour son successeur !

Notre conseil d'administration rencontre (enfin!) le Comité exécutif du C.A.L. le 20 mars 2014. Pour toute «concertation», Pierre Galand nous signifie que «les choses changent, doivent évoluer» et que notre président «est trop vieux». Argumentation curieuse: notre président, qui œuvre dans la laïcité depuis trente-neuf ans (et qui la connaît en profondeur) a, ce jour-là, le même âge que celui qu'avait Pierre Galand quand il s'est porté à la présidence du C.A.L. sept ans plus tôt… Comme quoi l'âge de l'un ne vaut pas l'autre de l'autre: c'est la nouvelle arithmétique du C.A.L.

Le C.A.L. obtient une reconnaissance pour assumer les émissions concédées le 27 mars 2014 (publication au Moniteur belge le 9 avril). Il ne nous communique rien: silence total.

Comment a-t-il pu y parvenir, sans passer par la médiation demandée par le cabinet de la ministre? Parce qu'il a tiré parti (en secret, bien sûr) d'une faiblesse qui concerne toutes les émissions concédées. La reconnaissance nous est acquise par un arrêté du 22 mars 2001. Dans la lettre qu'elle adresse à tous les responsables des émissions philosophiques et religieuses, la ministre Corinne De Permentier ne fait pas mention de l'obligation qu'il y a pour chaque association de demander le renouvellement de sa reconnaissance tous les cinq ans. Comme nous l'ignorions tous, personne ne l'a fait. Et personne, ni le ministère, ni le service juridique de la RTBF ne nous a prévenus de la nécessité de demander le renouvellement. Nous travaillons tous (catholiques, protestants, orthodoxes, juifs et nous) depuis 2006 sans reconnaissance écrite effective. Mais la reconnaissance tacite nous est acquise et l'accès à l'antenne ne nous a jamais été contesté. Il est certain que le C.A.L., qui possède un service juridique (dont la plupart des associations constitutives sont dépourvus), a pris appui sur cette disposition légale (inconnue de tous) pour obtenir en catimini la reconnaissance, alors que son rôle aurait dû consister à nous prévenir de l'irrégularité de notre situation (voir l'article 5 des Statuts du C.A.L.).

Le samedi 22 mars, Henri Bartholomeeusen succède à Pierre Galand à la présidence du C.A.L. Notre président entreprend aussitôt des démarches auprès de lui pour évoquer la situation de concurrence déloyale entre le C.A.L. et nous (nous ignorons alors la décision ministérielle, que nous n'apprendrons par la R.T.B.F., pas par le C.A.L., que le 24 avril). Il lui propose de réaliser des émissions pour présenter son action et ses objectifs. Pas de réponse ferme. Il n'obtient l'occasion de le rencontrer que le 4 juin, soit deux jours avant le délai légal d'introduction de la requête de suspension de la décision ministérielle devant le Conseil d'État. Au cours de cette rencontre, notre président propose (et confirme par une note de synthèse), une solution amiable et équitable qui peut être réglée par une convention écrite et publique: à savoir le partage en deux parties égales des temps d'antenne en radio et en télévision, chacun travaillant sous la dénomination (nous tenons à garder notre «marque de fabrique» connue depuis plus de soixante ans) et dans l'état d'esprit qui lui est propre (pour nous, l'ouverture et la pluralité des visions).

À cette proposition raisonnable et juste, pas de réponse à ce jour de la part du C.A.L.

Nous sommes donc contraints d'introduire une requête auprès du Tribunal arbitral de la laïcité et une demande en suspension auprès du Conseil d'État. Et nous sommes aussi contraints de faire désormais connaître aux associations laïques et au grand public les actions délétères dont nous sommes victimes.

Une attitude illégitime

Nous aurions pu comprendre le dépit ou la jalousie du C.A.L à notre endroit si nous n'avions pas été ouverts à leurs demandes ou à leurs intérêts. Mais c'est tout le contraire qui s'est produit. Nous ne considérons pas notre action audiovisuelle comme un monopole ou un privilège. Nous entendons aujourd'hui faire respecter nos missions statutaires de production d'émissions en radio et en télévision, mais nous avons toujours témoigné de la plus grande ouverture d'esprit et nous avons toujours accédé à toutes les demandes qui nous étaient adressées.

En effet, depuis l'année 2000, nous travaillons en concertation avec le Centre laïque de l'audio-visuel, qui est une émanation du C.A.L.

À la demande du président Philippe Grollet, nous diffusons sans discontinuer depuis 2000 des annonces en fin d'émission de vingt-sept minutes, lesquelles font connaître la diversité des activités laïques dans notre pays.

Le même Philippe Grollet nous a demandé d'accueillir sur notre antenne des émissions reportages réalisées par le C.L.A.V. Nous l'avons fait d'autant plus volontiers que la diffusion de reportages propose une variété de regards et une diversité de mises en œuvre télévisuelles qui constituent un enrichissement pour tous, comme l'ont confirmé nos téléspectateurs.

Entre 2001 et 2007, nous programmions entre deux et six émissions du C.L.A.V. par an.

Quand Pierre Galand est devenu président du C.A.L., il nous a demandé que le nombre d'émissions de reportage passe à neuf. Nous avons accepté cette proposition et, entre 2007 et 2013, c'est un nombre de productions variant entre neuf et onze (sur un total de vingt) que nous avons eu le plaisir d'accueillir.

Ce fut pour nous un authentique plaisir, car nous avions le sentiment d'un profit dans la promotion des idéaux de la laïcité grâce à la pluralité des méthodes et des regards.

Rappelons, au passage, un petit point d'histoire dans le même ordre d'idées. À plusieurs reprises, dans les années soixante, La Pensée et les Hommes a fait place sur antenne à l'association Vrije Woord, quand la V.R.T lui avait interdit de diffuser des émissions sur la pièce Le Vicaire, sur Ce que je crois de Jean Rostand ou sur le thème Bruegel philosophe humaniste.

Une attitude indigne

C'est pour nous une chose regrettable de devoir le dire, mais ceux que nous croyions compter parmi nos amis ont adopté une attitude indigne et inique, qui est réprouvée au sein du C.A.L. lui-même. Une personnalité qui assume des responsabilités au C.A.L. et qui a souhaité rester anonyme, par crainte probable de représailles, nous met en garde contre les manigances qui se préparent et écrit à notre président: «Je suis contraint de t'écrire sous le couvert de l'anonymat. Sache que ce n'est pas de gaieté de cœur que j'endosse ce mauvais rôle, mais vu la folie de certains… on y est parfois acculé bien malgré soi. Les quelques lignes qui vont suivre viennent probablement trop tard ou ne t'apprendront rien de très nouveau, mais je tenais quand même à te les adresser, ne serait-ce que pour gommer tout malentendu entre le C.A.L. et La Pensée et les Hommes. (…) Il est peut-être temps de réagir si du moins ton souhait embrasse le nôtre, celui de protéger dans la mesure du possible cette institution philosophique que tu nous présentes via différents médias depuis tant d'années avec excellence.»

Comme l'indique aussi notre correspondant, l'ancien président et la secrétaire générale sont évidemment les responsables de la situation présente et des dérives actuelles du C.A.L.. Ces personnes, qui ne travaillent pas depuis très longtemps en faveur de la laïcité et qui en connaissent à l'évidence mal l'histoire et les obligations, ont fait totalement fi de l'article 5 des Statuts du C.A.L. qui précise (c'est nous qui soulignons):

«Le C.A.L. (…) fédère ses régionales et coordonne les actions des associations constitutives, dans le respect de l'autonomie et des spécificités des unes et des autres dans les divers domaines, notamment de l'éthique, de l'éducation, de la culture et de l'éducation permanente, de l'assistance morale, des services à la population et de la communication. Le C.A.L. promeut l'activité des associations constitutives et des régionales. Il leur prête son concours. Il les défend. Il suscite également la création d'associations laïques appropriées là où le besoin s'en fait sentir. Le C.A.L. représente le mouvement laïque auprès des pouvoirs publics et des tiers, sans préjudice des initiatives de ses associations constitutives et en concertation avec celles-ci.»

Les transgressions s'accumulent et nous apparaissent comme une conduite totalement indigne. En n'instaurant aucune concertation au sujet des émissions concédées et en manœuvrant dans la plus totale opacité pour obtenir la reconnaissance ministérielle, le C.A.L.:

  1. ne respecte pas l'autonomie et la spécificité de notre association, qui a statutairement pour objet la communication au sein de la laïcité ;
  2. ne promeut pas nos activités, mais se les approprie, avec pour effet la mort prochaine de notre association, privée de sa mission essentielle, dont dépendent toutes les autres ;
  3. ne nous a pas prêté son concours (puisque son service juridique, visiblement très bien informé, ne nous prévient pas de la nécessité de demander le renouvellement de notre reconnaissance) ;
  4. ne nous défend pas, mais nous attaque de manière sournoise ;
  5. n'a répondu à aucune demande de médiation et de concertation et a agi dans le secret le plus total.

Voici les éléments du débat que nous souhaitions vous faire connaître.

Nous avons gardé le silence pendant six mois, pour donner une chance à la concertation et à la négociation. Le C.A.L. n'en a pas voulu, a agi secrètement, est parvenu à ses fins au mépris de ses propres règles.

Nous croyons que les responsables des autres associations constitutives se doivent de méditer au sujet de ce qui nous arrive et tenter de se prémunir contre les ambitions que le C.A.L. pourrait avoir par ailleurs.

Nous demandons à tous de nous aider, en communiquant ce document autour de vous et en nous faisant part de vos réactions.

Nous vous remercions d'avoir été jusqu'au bout de la lecture de ce long message qui revêt, pour l'ensemble des laïques, une importance capitale.

– Le Conseil d'administration de La Pensée et les Hommes

Communiqué du Comité d'Action Laïque

Construire l'avenir de la laïcité dans le respect de sa diversité

Ces derniers jours, l'ASBL «La Pensée et les Hommes» a évoqué, par toutes voies, les enjeux de procédures qu'elle vient de diligenter principalement vis-à-vis des pouvoirs publics et du CAL.

Le CAL, fédération composée de 27 associations et de régionales dont sont issus les membres de son Conseil d'Administration, est le représentant de la laïcité, à la demande et sous le contrôle démocratique de ses associations constitutives et reconnu comme tel par les pouvoirs publics.

L'ASBL «La Pensée et les Hommes» est l'une de ces 27 associations. Son action pionnière et mémorable pour donner la parole à la pensée laïque est incontestable. Mais au fil du temps, son légitime souci d'autonomie et d'indépendance, caractéristique largement répandue dans le monde laïque, s'est transformée en attitude de repli omniscient et omnipotent, confisquant au nom d'un petit groupe, voire d'une seule personne, la communication audiovisuelle laïque.

L'étonnement et l'indignation de l'ASBL «La Pensée et les Hommes» à la suite de l'initiative du CAL de maîtriser sa propre communication au service de tous et dans l'intérêt du plus grand nombre, témoignent d'une méconnaissance de la vie, des réflexions, des attentes et des décisions de l'ensemble des acteurs investis dans le mouvement laïque.

Dans le respect des juridictions saisies et pour garantir le caractère contradictoire du débat, le CAL s'était astreint à un devoir de réserve. La virulence de la campagne menée nous oblige toutefois à rectifier quelques contrevérités criantes.

Les arguments de «La Pensée et les Hommes» paraissent s'articuler en 5 points. Aucun ne résiste à l'analyse :

  1. «Le CAL ne respecte pas l'autonomie et la spécificité de notre association, qui a statutairement pour objet la communication au sein de la laïcité» ; le fait que l'ASBL «La Pensée et les Hommes» ait comme objet statutaire «la communication au sein de la laïcité» ne lui confère nullement celui de la communication au nom de la laïcité.
  2. «Le CAL ne promeut pas nos activités, mais se les approprie, avec pour effet la mort prochaine de notre association, privée de sa mission essentielle, dont dépendent toutes les autres» ; le CAL a aidé l'ASBL «La Pensée et les Hommes» à développer ses activités et en a assuré la promotion, notamment en lui offrant la publicité de ses programmes dans le mensuel Espace de Libertés et en poursuivant la diffusion de son catalogue d'édition, même après qu'elle eut rompu unilatéralement la convention d'édition qu'elle avait avec le CAL. Le CAL n'a repris la gestion des émissions audiovisuelles que sur la demande insistante des autres composantes du mouvement, après des années de tentatives pour amener l'ASBL «La Pensée et les Hommes» à faire évoluer sa politique et après que cette dernière eut négligé son obligation de renouveler sa demande de reconnaissance. Aux yeux du CAL, cela n'oblitère en aucune façon les autres activités de l'ASBL «La Pensée et les Hommes» (conférences, éditions, colloques).
  3. «Le CAL ne nous a pas prêté son concours (puisque son service juridique, visiblement très bien informé, ne nous prévient pas de la nécessité de demander le renouvellement de notre reconnaissance)» ; il appartient au titulaire de la reconnaissance d'en assumer les obligations. Le service juridique du CAL est au service des associations constitutives qui le sollicitent. L'ASBL «La Pensée et les Hommes» n'a jamais fait appel à ce service et peut donc difficilement s'en plaindre.
  4. «Le CAL ne nous défend pas, mais nous attaque de manière sournoise» ; l'action du CAL s'est déroulée dans le respect des procédures statutaires et du prescrit légal, sous le contrôle du Conseil d'Administration et après en avoir informé l'ASBL plusieurs mois à l'avance. Elle ne saurait être qualifiée de «sournoise».
  5. «Le CAL n'a répondu à aucune demande de médiation et de concertation et a agi dans le secret le plus total» ; une telle affirmation est contredite de façon indiscutable par les nombreux échanges entre les deux entités sur ces questions depuis maintenant plusieurs années.

La richesse et la diversité du mouvement laïque ne se confortent ni par la polémique judiciaire ni dans l'instrumentalisation de l'opinion.

– Yves Kengen, Directeur des publications

Conclusions

Il est certain que les émissions depuis septembre 2014 sont singulièrement plus intéressantes que celles des quelques années qui précèdent cette date. D'un point de vue global, la laïcité y a certainement gagné, avec des émissions plus informatives, avec plus de débats et de combats plus actuels. Il est néanmoins dommage qu'il y ait fallu un stratagème pour récupérer cette demi-heure d'antenne radio. Par ailleurs, les justifications du CAL peinent à répondre aux accusations, la troisième réponse pouvant se résumer à «Vous n'aviez qu'à nous demander des informations à propos du problème dont vous n'aviez aucune idée».

En démocratie, la fin ne devrait jamais justifier les moyens.

– Un laïc non représenté