Apôtres, disciples et foule

COMMENT les évangiles présentent les personnes qui suivent Jésus? Parmi celles-ci, nous trouvons la foule, les disciples et les apôtres, ces deux dernières catégories parfois assorties de noms.

Le texte sur lequel se base cette page est la version en ligne de la Bible de Jérusalem des éditions Le Cerf.

Les disciples

«Disciple» semble souvent utilisé comme synonyme d'apôtre : Matthieu parle par deux fois des douze disciples (Mt 10:1, Mt 11:1), et appelle «disciples» Pierre, Jacques et Jean lors de la tranfiguration (Mt 17:6). De plus, «disciples» est souvent opposé à «la foule» (Mt 15:32, Mc 8:1) et aux «gens» (Mt 16:13).

L'acception semble néanmoins parfois plus large et tend à nommer les proches suivant Jésus. Premièrement, Matthieu parle de disciples bien avant l'institution des Douze, au début de sa prédication (Mt 5). Un disciple anonyme demande à Jésus de pouvoir enterrer son père avant de le suivre (Mt 8:21). Joseph d'Arimathie, qui a réclamé le corps de Jésus à Pilate, est dit s'être fait disciple de Jésus (Mt 27:57), sans pour autant figurer au nombre des douze.

En fait, les suiveurs de Jésus, qui lui parlent ou qu'il interroge parfois, sont le plus souvent appelés «disciples». Mais il semble toujours s'agir d'un nombre restreint de personnes, comme ceux qui le suivent dans une barque (Mt 8:23).

Apôtres, ou Douze

«Apôtre» vient du mot grec apostolos, qui signifie "envoyé", en mission. Dans les évangiles, «apôtre», qui semble avoir une signification plus restrictive que disciple, est assez peu utilisé. Jean par exemple l'ignore complètement, et Matthieu utilise le terme une seule fois, lors de la présentation des douze apôtres (Mt 10:2-4), préférant partout ailleurs parler des «Douze» (Mt 20:17, Mt 26:14,20,47).

Marc parle des «Douze» pour cette présentation (Mc 3:14-19), n'utilisant le terme «apôtre» que deux fois, au retour de leur envoi d'une première mission d'évangélisation (Mc 6:30-31), et peut-être aussi pour ne pas les confondre avec les disciples du prophète Jean le baptiste (Mc 6:30-31) dont il est question juste avant.

Seul Luc affirme de façon claire que Jésus a choisi douze de ses disciples qu'il a appelé «apôtres» (Lc 6:13), n'utilisant par la suite ce terme que cinq fois, également lors d'une mission d'évangélisation par les Douze (Lc 9:1-9) et notamment lors de la dernière cène (Lc 22:14) et du témoignage de résurrection par les femmes (Lc 24:10).

Mais Luc nous apprend en outre que Jésus en désigne 72 autres en les envoyant également en mission deux à deux (Lc 10:1), mais seulement pour dire que le Royaume des Cieux est tout proche. Bien que leur ordre de mission soit plus restreint que celui des douze, ils reviennent dire à Jésus que «même les démons [leur] sont soumis en [son] nom!», ce qui semblait pourtant une prérogative des Douze selon Marc.

Pourquoi nommer douze apôtres?

Jésus institue les Douze pour qu'il aillent proclamer le Royaume de Dieu et faire des exorcismes (Mc 3:14-15) ; Luc ajoute les guérisons (Lc 9:1-2). Pour Matthieu, le Royaume de Dieu est même tout proche (Mt 10:1).

Jean ne précise le nombre douze qu'à deux moments. Il utilise le terme trois fois lors de la désaffection de beaucoup de disciples (Jn 6:67-71). Une quatrième fois concerne la seconde apparition après la résurrection, quand il est précisé que Thomas, l'un des Douze, était absent lors de la première apparition (Jn 20:24-29). Mais il s'agit probablement d'une fin ajoutée, Jésus leur ayant déjà insufflé l'esprit pour les envoyer prêcher juste avant (Jn 20:19-23), et maladroite, parce que Judas n'en fait plus partie, ce que savent les synoptiques qui nomment alors les apôtres les «Onze» (Lc 24:9, Lc 24:33, Mt 28:16), dont Marc seulement dans la «fin longue», à savoir une fin rajoutée (Mc 16:14). Sinon, Jean ne nomme que sept disciples, plus les fils de Zébédée, sans jamais nommer explicitement ces derniers (Jn 21:2).

Le nombre lui-même n'offre aucune difficulté : il s'agira pour les Douze de juger les douze tribus d'Israël (Mt 19:28, Lc 22:30). En effet, la première mission après l'ordination des apôtres n'est pas d'aller porter la bonne parole aux païens ou aux Samaritains, mais seulement aux brebis perdues de la maison d'Israël (Mt 10:5-6).

Dans le reste du nouveau testament

Le mot «apôtre» est beaucoup plus utilisé dans les Actes des Apôtres : 31 fois plutôt que 9 que dans l'ensemble des évangiles. Le nombre douze y semble suffisamment important pour que le traître Judas soit remplacé très tôt (Ac 1:26), le sort préférant Matthias à Juste dit Barsabbas, surnommé Justus. La seconde mention des Douze se fait lors de la convocation d'une assemblée pour choisir des aides (Ac 6:2). Mais lors d'un épisode où un impotent de naissance fut guérit, la foule reconnaissante croit reconnaître Zeus en l'«apôtre» Barnabé, et Hermès en l'«apôtre» Paul (Ac 14:8-17).

Paul se nomme apôtre au début de certaines de ses épîtres, «par vocation» (Rm 1:1) ou «par la volonté de Dieu» (1Co 1:1, 2Co 1:1, Ep 1:1, Col 1:1 et 2Tm 1:1). Il parle également d'apôtres marquants, comme Andronicus et Junias, qui lui sont antérieurs dans la foi (Rm 16:7).

Paul écrit dans une épître qu'après la résurrection, Jésus est d'abord apparu à Pierre, et puis aux Douze (1Co 15:5). Paul ne semble pas connaître les évangiles de façon précise, parce que Jésus ressuscité apparaît selon Marc et Jean d'abord à Marie de Magdala (Mc 16:9, Jn 20:15-17), à qui Matthieu adjoint une autre Marie (Mt 28:9) : les apôtres sont tous invités à le rejoindre en Galilée (Mt 28:10), sur une montagne (Mt 28:16). Pour Marc encore, Jésus se présente d'abord à deux disciples quittant Jérusalem (Mc 16:12), épisode des disciples d'Emmaüs que Luc écrit de son côté comme étant la première apparition de Jésus (Lc 24:13-31). Pierre n'est donc, selon les quatre évangiles canoniques, jamais le premier à voir Jésus ressuscité ; de plus, les synoptiques parlent à ce moment des Onze (Mt 28:16, Mc 16:14, Lc 24:9, Lc 24:33), tandis que Jean les appelle alors maladroitement les «Douze».

Le noms des apôtres

Les synoptiques sont d'accord sur le nombre douze et sur onze des douze noms, avec quelques nuances dans les préséances. Les trois nomment Simon en premier lieu, que Matthieu sait déjà appelé Pierre, alors qu'il sera surnommé Pierre qu'à l'occasion de l'institution des apôtres selon Marc et Luc, et tout au début pour Jean. Seul Matthieu explique que c'est sur cette pierre que Jésus bâtira son Église.

Matthieu et Luc sont d'accord pour présenter les quatre premiers en associant les frères Simon et André, puis les frères Jacques et Jean (Mt 10:2, Lc 6:14), alors que Luc ignore André dans le recrutement inital (Lc 5:3-10). Marc ne mentionne plus qu'André, qu'il nomme en quatrième position (Mc 3:18), est le frère de Simon (Mc 1:16). Les Actes, pourtant supposés être rédigés par Luc, proposent le même ordre que Marc (Ac 1:13).

Les quatre apôtres suivants sont les mêmes pour les synoptiques : Philippe et Barthélémy, Matthieu et Thomas (Mc 3:18, Lc 6:14:15), bien que l'évangéliste Matthieu inverse ces deux derniers, qualifiant son homonyme de «publicain» (Mt 10:3). Les Actes bousculent encore l'ordre : Philippe et Thomas, Barthélemy et Matthieu (Ac 1:13).

Matthieu et Marc énoncent les quatre derniers de la même façon : Jacques fils d'Alphée et Thaddée, Simon le Zélé (ou Zélote) et enfin Judas l'Iscariote, qui a livré Jésus (Mt 10:3-4, Mc 3:18-19). Luc donne également Jacques fils d'Alphée et Simon le Zélote, mais un Judas fils de Jacques remplace Thaddée, avant d'également terminer par le traître Judas Iscariote. Les Actes orthographie Judas fils de Jacques «Jude» et bien sûr omet Judas qui a trahi puis « est tombé la tête la première et a éclaté par le milieu, et toutes ses entrailles se sont répandues (Ac 1:18) ; pour Matthieu toutefois, il fut pris de remords et s'est pendu (Mt 27:5).

En dehors de cette énumération, il est encore question d'un Lévi, le fils d'Alphée (Mc 2:14, Lc 5:27), du bureau de douane. Certains veulent y voir Matthieu, défini comme publicain par Matthieu, bien que nulle part il est dit que Jésus le choisit au nombre des Douze.

C'est seulement lors de la dernière apparition que Jean fait un genre de dénombrement, faisant intervenir Simon-Pierre, Thomas appelé Didyme, Nathanaèl, les fils de Zébédée (connu comme Jean et Jacques chez les synoptiques) et «deux autres de ses disciples», sans plus de précision (Jn 21:2). Ces deux derniers pourraient être André et Philippe mais il est étrange que l'évangéliste n'en fasse pas grand cas, alors qu'ils ont quand même respectivement recruté Pierre et Nathanaèl.

Par ailleurs, il est quand même curieux que Jean et Jacques, les fils de Zébédée, ne soient jamais nommés par Jean alors qu'ils forment avec Simon-Pierre les trois plus proches disciples de Jésus chez les synoptiques, recrutés ensemble, étant seuls avec Jésus lors de la guérison de la belle-mère de Pierre (Mc 1:29-31) et lors de la résurrection de la fille du chef de la synagogue (Mc 5:37-43, Lc 8:49-56), seuls à recevoir les confidences d'un Jésus appréhendant la mort prochaine (Mc 14:33-41) mais surtout seuls à avoir assisté à la transfiguration, où Jésus apparaît dans toute sa gloire, aux côtés de Moïse et d'Élie (Mt 17:1-7, Mc 9:1-7, Lc 9:28-35) mais il est vai que l'évangéliste Jean ignore ces épisodes. Enfin, Jésus les a surnommés Boanergès, «fils du tonnerre» (Mc 3:17).

Au total, les synoptiques sont presque d'accord entre eux sur le nom des Douze, si ce n'est que le Thaddée des évangélistes Marc et Matthieu est remplacé par Judas fils de Jacques chez Luc et pourrait correspondre à «Judas pas l'Iscariote» de Jean (Jn 14:22). Jean confirme la fraternité d'André et Simon-Pierre, l'existence des fils de Zébédée qu'il ne nomme jamais par leur prénom, d'un Philippe et d'un Thomas, que lui seul sait être surnommé Didyme, lors de la mort de Lazare (Jn 11:16) et de l'épisode du doute (Jn 20:24-29) ; un Thomas (non précisé Didyme) intervient lorsque Jésus parle de la maison du Père (Jn 14:5). Il ajoute cependant un Nathanaèl (Jn 1:45-50) ignoré des autres évangiles et autres textes du nouveau testament.

Encore une chose : Thomas signifie «jumeau» en araméen, comme Didyme en grec. Or, si vous relisez les listes des apôtres données par les synoptiques, vous verrez que les apôtres vont le plus souvent par deux, et plusieurs noms apparaissent deux fois (les évangiles et les Actes n'énoncent pas nécessairement les apôtres dans le même ordre) :

Matthieu (Mt 10:2-4) Marc (Mc 3:16-19) Luc (Lc 6:13-16) Jean (Jn 21:2) Actes (Ac 1:13)
1. Simon-Pierre Simon nommé Pierre Simon nommé Pierre Simon-Pierre Pierre
2. André André André son frère André* André
3. Jacques fils de Zébédée Jacques fils de Zébédée Jacques «fils de Zébédée» Jacques
4. Jean fils de Zébédée Jean frère de Jacques Jean Jean
5. Philippe Philippe Philippe Philippe* Philippe
6. Barthélemy Barthélemy Barthélemy Barthélemy
7. Thomas Thomas Thomas Thomas nommé Didyme Thomas
8. Matthieu le publicain Matthieu Matthieu Matthieu
9. Jacques fils d'Alphée Jacques fils d'Alphée Jacques fils d'Alphée Jacques fils d'Alphée
10. Thaddée Thaddée Judas fils de Jacques Judas pas l'Iscariote* Jude fils de Jacques
11. Simon le Zélé Simon le Zélé Simon le Zélote Simon le Zélote
12. Judas l'Iscariote Judas Iscarioth Judas Iscarioth Judas fils (l')Iscariote* Matthias (remplacement)
13. Nathanaèl de Cana
* le verset de la dernière apparition (Jn 21:2) ne cite pas André (Jn 1:40, 6:8, 12:22), Philippe (Jn 1:43, 6:5, 12:21, 14:8), Judas pas l'Iscariote (Jn 14:22), Judas l'Iscariote (Jn 6:71, 12:4, 13:26).

En admettant que Thaddée, Judas fils de Jacques ou «pas l'Iscariote» et Jude désignent une même personne, et que «deux autres de ses disciples» (Jn 21:2) ont déjà été recensés, les évangiles comptent treize apôtres.

Le recrutement

La rencontre avec les premiers apôtres apportent déjà certaines nuances. Pour Matthieu et Marc, Jésus voit deux pêcheurs, Simon et son frère André, qui jetent leurs filets en mer de Galilée (Mt 4:18, Mc 1:16), et leur demande de les suivre pour devenir pêcheurs d'hommes. Il fait de même avec Jacques et Jean, tous deux fils de Zébédée, en train d'arranger leurs filets (Mt 4:21, Mc 1:19-20).

Luc, moins synoptique et plus élaboré que les deux premiers (Lc 5:1-11), nous montre un Jésus tellement pressé par la foule qu'il monte dans la barque de Pierre, qui lavait ses filets après une nuit sans prise. À l'instigation de Jésus, la prise dépasse alors toute espérance. Dans la seconde se trouvent ses compagnons Jacques et Jean, fils de Zébédée, qui doivent venir l'aider à remonter sa prise. C'est suite à cet exploit que Jésus leur demande de les suivre. Il s'agit ici du Lac de Gennésaret, et il n'est pas question d'un André, frère de Pierre.

Jean, qui ignore le mot «apôtre», nous raconte un tout autre recrutement (Jn 1:40-50) : André est tout d'abord un disciple de Jean le baptiste et entend ce dernier présenter Jésus comme l'Agneau de Dieu, c'est-à-dire le Christ. Il amène son frère Simon à Jésus, qui le surnomme Céphas (pierre en hébreu) sur-le-champ. Jésus rencontre le lendemain Philippe et lui dit de le suivre ; ce dernier amène Nathanaèl.

Un autre personnage, le «disciple que Jésus aimait» apparaît aux moments les plus dramatiques, comme la dernière cène (Jn 13:23) ; au moment où, sur la croix, Jésus le désigne comme le nouveau fils de sa mère, Marie (Jn 19:26), lors de son arrivée avant Pierre pour le constat de la résurrection (Jn 20:2, Jn 21:7, Jn 21:20) et enfin en reconnaissant Jésus répétant la pêche miraculeuse lors de la troisième finale. Il est possible d'y voir une modestie de l'évangéliste refusant de se nommer directement, mais le procédé est un peu rustre ; de plus, l'évangéliste a oublié de décrire son propre recrutement ainsi que celui de l'autre fils de Zébédée, qui figure chez les synoptiques au même titre que le recrutement de Simon-Pierre.

Les apôtres majeurs

Les douze apôtres ne sont que très rarement cités ailleurs que dans les quatre évangiles et les actes, ainsi qu'en début des épîtres qui leur sont attribuées.

L'Apocalypse ne cite aucun des apôtres.

Simon-Pierre

Marc utilise le prénom Simon dès la rencontre (Mc 1:16), jusqu'à ce que Jésus institue les Douze (Mc 3:16). À partir de là, il n'utilise quasi plus que le nom de Pierre. Matthieu donne directement «Simon appelé Pierre» (Mt 4:18), précisant fils de Jonas (Mt 16:17-18) lorsque Jésus en fait le chef de l'Église.

Les quatre évangiles relatent l'épisode du reniement pendant que Jésus subit un interrogatoire sévère. Ayant affirmé (à l'instar des autres apôtres pour Matthieu) à Jésus qu'il ne le trahirait pas (Mt 26:31-35, Mc 14:27-31, Lc 22:33-34, Jn 13:36-38), il jure trois fois ne pas le connaître (Mt 26:69-75, Mc 26:69-75, Lc 22:55-62, Jn 18:25-27).

Pour Matthieu et Marc, Pierre retourne alors à l'anonymat des disciples, même lors de l'apparition de Jésus résuscité (Mt 28:16, Mc 16:14). Luc lui fait constater le tombeau vide après que trois femmes nommées ainsi que d'autres l'ont averti (Lc 24:12) ; Pierre est dit plus loin avoir vu Jésus ressuscité (Lc 24:34), avant que Jésus n'apparaisse à tous en chair et en os (Lc 24:39).

Jean suit à peu près le scénario de Luc : après avoir été averti par Marie de Magdala, Pierre et le «disciple que Jésus aimait» courent au tombeau pour constater qu'il est vide. Si Jésus apparaît d'abord à Marie de Magdala, puis deux fois à l'ensemble des apôtres sans que Pierre ne soit cité (Jn 20:19-29), il apparaît ensuite à sept apôtres dont Pierre «fils de Jean», à qui il demande trois fois s'il l'aime (Jn 21:15-17), avant de lui prédire une mort en son nom (Jn 21:19).

Les Actes parlent énormément de Pierre, en compagnie des autres apôtres au début, puis plus souvent de Paul, qui l'éclipse complètement dans la seconde moitié du récit.

Pierre n'est cité que dans deux épîtres, attribuées à Paul. Dans la première aux Corinthiens, quatre fois sous le nom de Céphas, deux fois en compagnie de Paul et Appollos (1Co 1:12 et 1Co 3:22), une fois en regard des autres apôtres et frères du Seigneur (1Co 15:5), et une fois pour dire que le Christ lui est d'abord apparu avant d'apparaître aux Douze (1Co 9:5), en contradiction avec l'histoire de Judas qui s'est suicidé après avoir livré Jésus. Cela pourrait confirmer que l'épisode de Judas n'était pas encore connu par les auteurs des épîtres, comme chez Jean alors que les quatre évangiles en parlent et que le premier chapitre des Actes des Apôtres expliquent (Ac 1:26) que Matthias a été tiré au sort pour remplacer Judas qu'après l'Ascension.

Il est question d'une visite de quinze jours à Céphas dans le premier chapitre de l'épître aux Galates, tandis que le deuxième chapitre parle d'un partage de l'évangélisation (Ga 2:7-9) entre Pierre (les circoncis, c'est-à-dire les Juifs) et Paul (les incirconcis, à savoir les païens), mais pour tout de suite parler d'un différend : Paul lui reproche de ne pas considérer païens et Juifs de la même manière (Ga 2:11-14). Cela peut laisser penser que Pierre a une prééminence sur les Juifs christianisés. Jean et Jacques sont également nommés parmi les «colonnes» qui s'adressent aux Juifs.

Le premier verset de chacune des deux épîtres qui lui sont attribuées nomme bien évidemment Pierre (1P 1:1 et 2P 1:1).

Les «Fils de Zébédée»

Chez les synoptiques, Jean et Jacques sont le plus souvent cités ensemble, à partir du recrutement des premiers apôtres chez les synoptiques, après Simon et André (Mt 4:14-18 et Mc 1:16-20) ou seulement Simon auquel ils étaient associés (Lc 5:1-11). Ils sont nommés en troisième et quatrième place dans la liste des apôtres (Mt 10:1-4, Lc 6:12-16), mais en deuxième et troisième dans le deuxième évangile (Mc 3:13-19). Pour Luc seul, les deux fils de Zébédée, également appelés fils du tonnerre (Mc 3:17), proposent à Jésus qu'ils commandent que le feu descende du ciel et consume les Samaritains inhospitaliers (Lc 9:51-56), et qu'ils demandent (ou leur mère) à Jésus l'honneur d'être aux meilleures places dans son royaume.

Marc seul sait que Jean et Jacques accompagnèrent Jésus et Simon pour y guérir la belle-mère de ce dernier (Mc 1:29-31). le même trio accompagne Jésus pour la résurrection de la petite fille (Mc 5:35-43, Lc 8:49-56); pour Mathieu cependant, Jésus est seul (Mt 9:23-26). C'est encore avec Pierre que Jean et Jacques assistent à la transfiguration (Mt 17:1-9, Mc 9:2-10, Lc 9:22-36) ou accompagnent Jésus au mont des Oliviers peu abvant l'arrestation (Mt 26:36-45, Mc 14:32-41).

Jean ne mentionne ni Jean ni Jacques, et une seule fois les «fils de Zébédée» lors de la troisième apparition (Jn 21:2).

Jean

Jean est également le nom du baptiste, très souvent cité dans les évangiles. Il est très rare que l'ap$otre Jean soit nommé sans son frère Jacques, comme lorsqu'il rapporte à Jésus avoir vu un homme chassant les démons en son nom (Mc 9:38, Lc 9:49) ou qu'il est envoyé avec Pierre préparer la Pâque (Lc 22:8).

Jean nomme un apôtre par la périphrase «le disciple que Jésus aimait» (Jn 13:22, Jn 19:26, Jn 20:2, Jn 21:7, 21:20). La tradition en a fait un des fils de Zébédée et le rédacteur du quatrième évangile.

Jean n'est cité qu'une fois dans les épîtres, parmi les trois «colonnes» à côté de Jacques et Céphas (Ga 2:9) lors du partage du monde en circoncis et incirconcis.

Jacques

Plusieurs Jacques coexistent dans les évangiles. Le fils de Zébédée, frère de Jean est reçu comme Jacques le Majeur.

Jacques est mentionné une fois dans la première épître aux Corinthien, comme en écho à l'apparition du Seigneur à Céphas, à 500 frères, puis aux Douze (1Co 15:5-6), il apparaît seulement ensuite «à Jacques, puis à tous les apôtres.» (1Co 15:7). C'est plus compliqué pour l'épître aux Galates, car lorsque Paul parle de sa visite à Jérusalem, il ne vit que Céphas et Jacques, le frère du Seigneur (Ga 1:19) qui est censé être Jacques le Mineur. Il cite encore Jacques, probablement le Majeur, fils de Zébédée et frère de Jean lorsqu'il parle des «colonnes» de Jérusalem (Ga 2:9), pour ensuite s'insurger contre Pierre qui ne daignait manger avec les incirconcis, sauf en présence des envoyés de Jacques (Ga 2:12), ce qui montre une prééminence de Jacques sur Pierre.

Il est également question d'un Jacques frère de Jésus (Mt 13:54:59, Mc 6:1-6), ou d'un Jacques fils de Marie avec Joseph/Joset (Mt 27:56, Mc 15:40).

Les autres

André

André semble être le quatrième dans l'ordre de préséance. Recruté en même temps que Simon-Pierre selon Matthieu et Marc, (Mt 4:18, Mc 1:16), Luc l'ignore lors recrutement des premiers apôtres, mais est le seul à préciser qu'il est le frère de Pierre lors de son dénombrement des douze apôtres (Lc 6:14). Marc semble l'associer à Pierre, Jean et Jacques lors de la guérison de la belle-mère de Pierre (Mc 1:29-31) ; c'est plus certain lors d'une discussion au Mont des Oliviers avec Jésus, où ce dernier annonce sa fin pour la quatrième fois (Mc 13:3).

Pour Jean par contre, c'est lui qui, de suiveur de Jean le baptiste, amène Pierre à Jésus. Le quatrième évangile lui donne un rôle dans la multiplication des pains (Jn 6:8-9) et lors de l'annonce de Jésus de sa future passion (Jn 12:22).

Il est encore mentionné parmi les Onze dans les Actes des Apôtres (Ac 1:13), mais est inconnu du reste du Nouveau testament.

Nathanaèl

Nathanaèl n'est connu que de Jean, lorsque l'évangéliste, lors du recrutement, lui fait reconnaître que Jésus est le «Fils de Dieu», «le roi d'Israël» (Jn 1:45-49), ce que ne fait pas Pierre dans le quatrième évangile. Il est encore mentionné parmi les sept disciples présents lors de la seconde apparition de Jésus (Jn 20:24-29).

Thomas

Thomas est l'autre grand absent des synoptiques et des actes : il n'y est cité que dans la liste des douze apôtres. Jean le cite parmi les sept apôtres voyant Jésus lors de la troisième apparition après sa mort. Ce quatrième évangile cite plusieurs fois Thomas (Jn 14:5), appelé Didyme (Jn 11:16), l'un des Douze (Jn 20:24), qui intervient lors de la résurrection de Lazare, mais ne voudra bien croire la résurrection de Jésus que lorsqu'il aura mis ses doigts dans la trace des clous des mains et du coup de lance dans son côté, provoquant une seconde apparition de Jésus alors qu'il avait déjà fait ses adieux et les avait déjà missionnés (Jn 20:26-29). Les épîtres et l'Apocalypse ignore cet apôtre.

Judas

Les synoptiques mentionnent de Judas dans la liste des douze apôtres en évoquant sa future trahison (Mt 10:4, Mc 3:19, Lc 6:16). Jean précise également que Judas trahira, mais à l'occasion d'un prêche sur la prédestination : «nul ne peut venir à moi, si cela ne lui est donné par le Père» (Jn 6:65), où Jésus affirme que «l'un des Douze» qu'il avait choisis devait le livrer (Jn 6:70-71).

Jean est le seul à rapporter que Judas, qui tenait la bourse, pensait que l'achat du parfum par la pécheresse aurait pu servir aux pauvres (Jn 12:1-8), ajoutant que c'est parce qu'il volait.

Les synoptiques ne reparlent de Judas que lors de sa rencontre avec les grands prêtres (Mt 26:15-16, Mc 14:10-11, Lc 22:3-6). Si, lors de la dernière cène, Marc et Luc parlent de la trahison d'un des Douze (Mc 14:18-21, Lc 22:21-23), Matthieu précise que Jésus désigne indirectement Judas : «Est-ce moi, Rabbi ? Jésus lui répondit : Tu l'as dit.» (Mt 26:23-25) et tandis que Jean va plus loin en le missionnant explicitement (Jn 13:26-29), même si les apôtres croit qu'il s'agit d'un achat, Jean rappelant qu'il tenait la bourse.

Les quatre évangiles se rejoignent sur l'arrestation de Jésus (Mt 26:47-48, Mc 14:43-45, Lc 22:47-48), mais Jean ignore le baiser de désignation (Jn 18:2-5). Jean affirme encore par deux fois que Judas tenait la bourse (Jean 12:4, Jn 13:29).

Seul Matthieu s'inquiète du sort de Judas après avoir livré Jésus : il s'est repenti avant de se pendre ; ayant rejeté le salaire de la trahison ; l'argent fut utilisé pour un lieu de sépulture (Mt 27:3-5). Les Actes des apôtres ne parle pas de remord, Judas ayant acheté un domaine mais est mort en s'éclatant la tête en tombant.

Judas est inconnu du reste du Nouveau Testament, c'est-à-dire de toutes les épîtres et de l'Apocalypse.

De l'Ancien Testament catholique, le nom de Judas ne se trouve que dans Maccabées I (92 fois) et II (47 fois), chroniques de la résistance et de la révolte aux Séleucides. Dans les Actes des Apôtres, il est question d'un Judas le Galiléen qui «se leva» et «entraîna du monde à sa suite ; il périt» (Ac 5:37). On voit qu'en dehors des évangiles, Judas incarne deux fois la résistance à l'occupant, une fois aux Hellènes, une fois aux Romains.

Jude

Dans la liste des apôtres, les Actes remplacent Thaddée par Jude fils de Jacques (Ac 1:13), que les évangiles ignorent, Matthieu et Marc connaissant un Jude, frère du Seigneur et de Jacques (Mt 13:55, Mc 6:3). Les Actes parlent également d'un Jude surnommé Barsabbas envoyé à Antioche avec Paul (Ac 15:22-32), que les épîtres ignorent. Le Nouveau Testament connaît une courte épître de Jude se disant frère de Jacques (Jude 1).