La «Belgique» avant l'État belge

En cours d'écriture.

La période romaine

Pour rappel, la Gaule belgique dont parlait Jules César (-100/-44) s'étendait de la Seine et de la Marne au Rhin et englobait les villes françaises de Boulogne, Reims, Metz… et la ville allemande de Trèves. Au nord, la Ville flamande de Tongres était la capitale de la Germanie inférieure, et la ville franco-allemande Strasbourg de la Germanie supérieure, deux divisions administratives de la Belgique romaine, cette dernière s'étendant en fait sur environ quatre fois la superficie de la Belgique actuelle.

Pour terminer avec cette période, précisons que la citation recontextualisée de Jules César sur la «bravoure» des Belges dans La Guerre des Gaules (Livre I, 1) est la suivante:

Gallia est omnis divisa in partes tres, quarum unam incolunt Belgae, aliam Aquitani, tertiam ei qui ipsorum lingua Celtae, nostra Galli appellantur. La [grande] Gaule est divisée en trois parts, dans l'une habitent les Belges, une autre les Aquitains, et une troisième, ceux qui s'appellent les Celtes dans leur propre langue, et les Gaulois dans la nôtre.
Hi omnes lingua, institutis, legibus inter se differunt Tous ces peuples diffèrent entre eux en langage, coutumes et lois.
Gallos ab aquitanis garunna flumen, a belgis matrona et sequana dividit Les Gaulois sont séparés des Aquitains par le fleuve Garonne, des Belges par la Marne et la Seine.
Horum omnium fortissimi sunt belgae proptera quod a cultu atque humanitate provinciae longissime absunt, minimeque saepe mercatoris ad eos veniunt atque ea quae ad effeminandos animos pertinent important De tous ces peuples, les Belges sont les plus forts, car les plus éloignés de la culture et de la civilisation de la province, et les marchands vont le moins souvent chez eux pour leur apporter ce qui leur affaiblirait les esprits.
Proximi sunt germanis qui trans rhenum incolunt, quibuscum semper bellum gerunt À côté d'eux sont les Germains qui vivent au delà du Rhin et avec qui ils sont toujours en guerre.

La période franque et la frontière linguisitique

À partir de la fin du IIIe siècle les Germains envahissent les Germanies romaines et le nord de la Gaule Belgique, tandis que les Francs s'installent en Gaule belgique du Sud, en assimilant la culture romaine, ce qui préfigure la frontière linguistique actuelle.

Clovis (466-511), un chef d'une partie de ce territoire centré sur l'Escaut (Tournai), entreprend la conquête de l'ancienne Gaule Belgique, avant de fonder la Gaule franque et son instabilité territoriale.

La période carolingienne

Tout se complique à la partition de l'«Empire romain catholique» entre les petits-fils de Charlemagne, sanctionnée par le traité de Verdun (843). La Francie médiane ne comprend par exemple pas la partie occidentale de la Flandre (à l'ouest de l'Escaut: Gand et Bruges). Coincée entre la Francie occidentale (les deux-tiers ouest de la France actuelle) et Francie orientale (qui deviendra l'Allemagne), il est difficile de suivre démembrements et remembrements de ce qui fut la Gaule belgique et qui deviendra en partie la Lotharingie.

Au IXe, le territoire constituant la Belgique actuelle fait partie de la lotharingie inférieure, sauf la Flandre occidentale (Bruges). Elle est rattachée à l'Empire romain germanique par le traité de Meersen (870) tandis que la féodalité s'installe, rebattant les cartes à peu près à chaque génération. Plusieurs territoires émergent: le comté de Flandres, le duché de Brabant, le comté de Namur et la principauté de Liège, qui correspondent très imparfaitement aux provinces belges actuelles.

La fin du moyen âge

Le comté de Flandres devait connaître une apogée pendant que le territoire de la Francie occidentale se morcelait (Normands et Hongrois). Lors d'un rapprochement avec l'Angleterre, Philippe le Bel réagit en annexant le comté de Flandre, mais lors de la bataille de Courtrai (1306), l'armée du comte de Flandre et le peuple infligent une honteuse défaite à la chevalerie française. Cette bataille dite «des éperons d'or», récupérés sur les cadavres de la noble chevalerie française, marque toujours la mythologie flamande: la fête de la Flandre est célébrée le 11 juillet, date de la bataille, même si Philippe le Bel a rétabli sa suzeraineté deux ans plus tard.

Au XIVe et XVe, la Bourgogne assemble une partie de la Belgique actuelle par achats (comté de Namur…) et mariages (comté de Flandres…), et en intervenant dans l'élection d'un prince-évêque de Liège, relevant de l'empire Germanique.

La période autrichienne

Les États bourguignons passent à l'Autriche par le mariage de Marie de Bourgogne avec Maximilien d'Autriche (1477), provoquant une crise en Flandre par la remise en question des libertés des Communes.

Leur fils Philippe le Beau (1478-1506) devient maître de la Hollande et acquiert l'Espagne par mariage, pouvoir renforcé par son fils Charles Quint (1500-1558), qui intègre par la Pragmatique Sanction (1549) les possessions du nord en Dix-Sept Provinces, les Pays-Bas Bourguignons, qui recouvrent à peu près le Bénélux et le Nord-Pas-de-Calais, à l'exception de la principauté de Liège. Charles Quint est également roi de Naples, héritier de l'empire espagnol et empereur de l'empire germanique en 1519-20.

La période habsbourgeoise

Philippe II, fils de Charles Quint, catholique élevé en Espagne, mécontente les Pays-Bas espagnols (les Dix-Sept Provinces), jaloux de leur relative indépendance et sensibles aux thèses de Luther et de Calvin. La fronde (la «révolte des Gueux») est réprimée par le duc d'Albe, qui fait décapiter en 1568 les comtes d'Egmont et de Hornes, tenus pour responsables du désordre bien qu'ils ne soient pas protestants. La guerre durera jusqu'à ce que le nord soit reconnu indépendant par le Traité de Westphalie (1648) sous le nom de Provinces-Unies, en majorité protestantes. Les Pays-Bas du sud redeviennent uniformément catholiques.

Joseph II d'Autriche (1741-1790), empereur du saint-empire et héritier des Pays-Bas méridionaux, voulut les moderniser en supprimant notamment les privilèges ecclésiastiques qui s'y étaient développés suite à la contre-réforme imposée par Philippe II. En contrepoint à la révolution française, les Pays-Bas autrichiens ont connu un épisode de révolte contre le nouveau maître, créant les éphémères États belgiques en 1790. C'est à cette occasion qu'apparaissent des cocardes tricolores noir-jaune-rouges. Le territoire est cependant vite repris par le successeur Léopold II d'Autriche (1747-1792).

La période française

La révolution liégeoise de 1789 et les victoires françaises de Jemappes (Jemmapes, 1992), Fleurus et Sprimont (1794), assurent l'autorité française sur le territoire, consacrée par le traité de Campoformio (1797). Neuf départements français sont créés, correspondant d'assez près aux neuf provinces: Lys (Bruges), Escaut (Gand), Deux-Nèthes (Anvers), Meuse-inférieure (Limbourg, incluant Maastricht), Dyle (Bruxelles/Brabant), Jemappes (Hainaut), Sambre-et-Meuse (Namur), Ourthe (Liège) et Forêts (Luxembourg).

La période hollandaise

Après la défaite de «Waterloo» (1815), les neuf départements, devenus provinces, sont confiés à la Hollande. Selon l'anecdote, c'est au sortir d'une représentation de l'opéra La Muette de Portici, contant la révolte de Naples contre les Espagnols, qu'ont démarré les échauffourées en fin août 1830.

Mieux vaut mourir que rester misérable!
Pour un esclave est-il quelque danger?
Tombe le joug qui nous accable
Et sous nos coups périsse l'étranger!

Amour sacré de la patrie,
Rends-nous l'audace et la fierté!
À mon pays je dois la vie,
Il me devra sa liberté.

Le 27 septembre, la cavalerie hollandaise (et donc néerlandophone) abandonne Bruxelles ; ce jour deviendra donc la date de la fête communautaire des francophones (Wallons et Bruxellois francophones), même si résidaient à Bruxelles une majorité de locuteurs d'un dialecte néerlandophone.