Élections régionales du 26 mai 2019 (Wallonie)

UNE panne de réseau a longtemps retardé la réception des résultats des élections en Wallonie, et seuls quelques-uns d'entre eux sont arrivés, qui donnaient un ECOLO dominant, un cdH et un MR limitant les dégâts. Les présidents de parti ont donc (mais c'est une habitude) crié victoire trop tôt, et il leur a probablement fallu déchanter tard dans la nuit en remarquant qu'ECOLO n'a pas tenu la promesse des sondages (il n'a pas à le faire), et que la défaite était bien plus lourde pour le MR et le cdH que pour le PS.

Les baisses relatives

Contrairement aux autres analyses, ce qui nous intéresse est l'évolution relative au pourcentage de départ des partis plus que la différence en pourcentage entre 2014 et 2019 (dernière colonne: Évol.). Nous voyons par exemple le PTB gagner près de 8% des suffrages émis, ce qui lui fait plus que doubler son score (dernière colonne), passant de 5,76 à 13,68%. De la même manière, les 6% supplémentaire d'Ecolo fait monter leur pourcentage de deux tiers.

Chez les perdant, le cdH (-4,2%) perd moins que le PS (-4,7), mais cela correspond à près d'un quart de son électorat, tandis que le PS ne perd «que» 15%, soit un peu moins d'un sixième. Le MR ne s'en tire finalement pas si bien, perdant un quart de son électorat.

L'analyse de cette évolution ne peut se faire qu'à partir d'un certain pourcentage d'électeurs. Il est difficile d'accorder à DéFI (ex-FDF) une grande victoire en passant de 2,53 à 4,14% (+63,5%).

Traduction en sièges

La Wallonie est divisée depuis 2019 en onze circonscriptions électorales, la plus petite envoyant quatre députés au Parlement wallon (suite à un arrêt de la Cour constitutionnelle du 26 novembre 2015). Cela veut dire qu'il faut 25% des voix pour y envoyer un élu (en pratique, moins, selon l'éparpillement des voix et le mode de répartition Jefferson-D'Hondt). Additionnant les approximations de chaque circonscription, il est possible que le nombre total de sièges reflète mal le nombre de voix: un parti peut rater de peu un élu dans plusieurs circonscriptions, une voix suffisant parfois.

Pour donner la mesure de ce genre d'imprécision, voire d'injustice, on peut comparer le nombre de sièges par parti (en gras) selon l'addition des différentes circonscriptions avec ceux qui auraient été obtenus par un système de circonscription unique (colonne «CU», en bleu) ou par ce même système à condition d'obtenir au moins 5% des électeurs «≥5%», en vert). On voit que le PTB, plus proche d'Ecolo que du cdH, n'a que 10 sièges comme ce dernier. Ecolo ayant 12 sièges, le PTB aurait pu en obtenir 11.

Nous voyons dans le colonnes des différences à droite du tableau que le PS perd moins en pourcentage global que le MR (4,7% des suffrages plutôt que 5,3%) mais perd 7 sièges plutôt que 5 pour le MR. De la même manière, un bond de 5,9% a suffit à Ecolo pour obtenir 8 sièges supplémentaires, alors que le PTB a dû augmenter de 7,9% pour le même gain. On voit également que le cdH a été le plus chanceux à ce jeu: –3 sièges seulement pour une baisse quasi égale à celle du PS (4,2% plutôt que 4,7%).

Répartition des sièges dans les circonscriptions électorales wallonnes (les sites officiels donnent encore les 13 circonscriptions – 2022.12.27) :