Dieux sauveurs, intermédiaires, intercesseurs

LE Moyen Orient comportait avant notre ère plusieurs dieux guérisseurs ou dont le culte permettait une vie dans l'au-delà. Quelques comparaisons peuvent être faites entre Jésus de Nazareth et quelques-uns de ces mythes, ce que les défenseurs de l'existence historique de Jésus dénoncent sous le nom de «parallélisme». Il s'agit effectivement de parallèles entre mythes comportant nécessairement des différences : aucune similitude ne peut être totale.

A - B - C - D - E - H - I - M - O - P - S - T - Y

L'émergence de ces dieux sauveurs a probablement été facilitée par les conquêtes d'Alexandre (fin du ~IVe) : la dissolution des pouvoirs locaux a affaibli la pertinence des dieux régionaux. Par ailleurs, la fin de la préoccupation de la Cité – vocation première de la religion –, a laissé la place aux préoccupations plus personnelles. La conquête du Moyen Orient a facilité la diffusion du culte d'Éleusis et réciproquement de l'osirisme, et d'autres cultes (Dionysos, Attis…). Chaque région possédait néanmoins ses variantes, Jésus-Christ héritant de la culture monothéiste juive.

Il est remarquable que ces dieux émergeant étaient à l'origine des dieux seconds, souvent intermédiaires entre le dieu tout-puissant (le roi des dieux, le Père…) et les hommes. De la même manière, Jésus et le Paraclet (le saint-Esprit, dont le culte était important aux IIe et IIIe) étant finalement devenus Dieu à part entière au sein de la Trinité, les chrétiens se sont tournés vers de nouveaux médiateurs, les saints et surtout Marie. Mais cette dernière est à son tour de plus en plus divinisée : elle est reconnue par les catholiques conçue sans le péché originel en 1870, puis, en 1950, officiellement enlevée corps et âme au Ciel, comme son fils Jésus selon l'évangile Luc, et Marc dans sa «finale longue».

La raison d'être de cette liste est de montrer que les dieux intermédiaires, intercesseurs et attentifs aux humains étaient courants il y a vingt siècles. Qu'un seul en particulier ait abouti n'est pas étonnant : il n'y avait qu'un empire romain, et dans l'émergence du pouvoir incarné par une seule personne, il était politiquement intéressant qu'il ne subsiste qu'un culte et un seul dieu. Adonis et Isis avaient la faveur des femmes, Mithra était réservé aux hommes, Attis s'était émasculé… tandis que Jésus, un juste souffrant, plaisait aux nombreux dominés de cette société : femmes, plébéiens, esclaves…

Mais il faut de tout pour faire un dieu sauveur universel : quelques dieux suprêmes, prophètes ou héros ont été ajoutés.

Page en cours d'élaboration…

A

Adonai

Voir Elohim

Adonis

Adonis («Seigneur») est l'autre nom de Thammouz (var. Tammuz), divinité phénicienne, ou Dumuzi, mari d'Inanna chez les Sumériens. Il est le fils de Myrrha (ou Smyrna) qui, sous l'influence d'Aphrodite, a commis un inceste avec son père le roi Théias. Pour protéger Myrrha de la fureur de son père, les dieux la transforment en arbre : Adonis naît donc d'un arbre à myrrhe. Aphrodite et Perséphone se le disputant, l'arbitrage de Zeus permet à Adonis de vivre huit mois avec la première, mais devra nécessairement rester aux enfers quatre mois avec la seconde. Il est mort dans un combat avec un sanglier qu'Artémis lui a envoyé [Comte 1988:31, 2004:66].

Son culte féminin, raillé par Aristophane, célébrait ses noces avec Aphrodite puis ses funérailles. À Athènes, où le rythme des saisons est exclusivement célébré à travers le culte de Déméter, la fête publique commence avec les funérailles d'Adonis (onction, toilette, exposition, offrandes et repas), pour se terminer dans de discrètes réjouissances [Comte 1988:32, 2004:66].

Le Livre d'Ézéchiel (Ez 8:14-16) affirme que les femmes pleurent Thammouz / Tammuz sur le porche même du temple de Jérusalem, tandis que les hommes se prosternent vers le soleil à l'entrée du sanctuaire.

Ahura-Mazda, O(h)rmazd

Dieu éternel et créateur du monde par la pensée, devenu suprême après la prédication de Zarathoustra (difficilement située entre -1000 et -600). Pour gagner le paradis de lumière, l'homme doit être juste et rester fidèle à la religion. Le Démon a eu le droit de choisir sa vie, comme chaque homme, qui a perdu l'immortalité et la plénitude [Comte 1988:34, 2004:134-135].

Chaque humain est jugé après sa mort et son âme, immortelle, rejoint le paradis ou est jetée dans les affres des ténèbres. Mais quand arrivera la cessation de la matière, le Démon sera annihilé et Ahura-Mazda pardonnera aux injustes, qui sortiront de l'enfer [Comte 2004:136].

Apollon / Phœbus

Il est le fils de Zeus et de Lêto, et le frère d'Artémis. Divinité solaire, ses apparitions peuvent aveugler et son regard perce tous les secrets. Il est l'archétype de la virilité, de la beauté et de la jeunesse. Il délivre Delphes en tuant le dragon Python [Comte 1988:53, 2004:32].

Père d'Orphée selon certaines traditions, il est aussi habile à la lyre, et d'Asclépios, il est également guérisseur. Sur ordre de Zeus, il sert parfois les humains, contraint à construire le rempart de Troie ; une autre fois, bouvier du roi Admète, il ramène la prospérité au pays de Phères. C'est également par son intermédiaire que Zeus s'exprime dans les oracles de Delphes [Comte 1988:54, 2004:33-34].

Les fêtes en son honneur désignaient deux misérables que l'on chargeait des souillures de la ville et dont on se débarrassait (par la mort ou l'abandon en montagne), ce qui permettait d'honorer ensuite Apollon par des dons de fruits ou des pâtisseries. Figure centrale dans les cultes orphiques, il promet la vie éternelle dans le paradis qu'il préside [Comte 1988:56, 2004:35].

Apollonios de Tyane

Si l'on en croit Philostrate d'Athènes (c170-249), qui écrivit La Vie d'Apollonios de Tyane dans la première moitié du IIIe, Apollonios est né en 16 et est mort vers 97 à Éphèse. Prédicateur ascétique, thaumaturge et entouré de disciples, il voyagea dans presque tout le monde connu des Romains.

Asclépios / Esculape

Fils d'Apollon et de Coronis, fille de Phégyas, roi de Thessalie. Confié au centaure Chiron pour échapper à la jalousie d'Artémis, Asclépios acquiert les connaissances de guérison. Parce qu'il guérit toutes les maladies et ressuscite les morts, Zeus l'envoie rejoindre l'Olympe pour l'isoler des hommes. Le culte d'Asclépios nécessitait jeûne et abstinence sexuelle ; le dieu visitait les malades durant leur sommeil [Comte 1988:62, 2004:55].

Astarté

Voir Inanna

Aton

Aménophis IV (~1372-~1354), sous le nom d'Akhénaton («Qui plaît à Aton»), impose Aton, créateur de toute chose et dont toute chose dépend. Contrairement aux autres cultes égyptiens antiques, le dieu, uniquement représenté par un disque solaire, est universellement accessible ; les rites, destinés à remercier Aton pour ses bienfaits, sont simples et compréhensibles, et les temples à ciel ouvert [Comte 1988:65, 2004:110].

Néanmoins, l'essence d'Aton, créateur mais également en charge des morts, n'étant pas nécessairement visible au commun des mortels, c'est Akhénaton qui est l'intermédiaire entre le Dieu universel et les hommes. [Gros de Beler 2003:22]

À la mort d'Akhénathon, l'ancien clergé reprend ses prérogatives et réimpose le culte d'Amon [Comte 1988:65, 2004:111].

Attis

Voir Cybèle

B

Bacchus

Dieu romain assimilé à Dionysos

Baal

D'abord dieu de l'orage, il est responsable de la prospérité avec sa sœur Anat, déesse de la rosée et des sources. Sa victoire sur Yam, dangereux dieu de la mer, donne aux marins le courage de naviguer. Son pouvoir croît encore avec sa victoire sur Môt, dieu de la guerre et de la stérilité [Comte 1988:66, 2004:138].

Afin de maintenir un équilibre, Baal devenu très puissant meurt volontairement chaque année, rythmant le cycle de végétation en tombant sur terre et en remontant au ciel [Comte 1988:66, 2004:138].

Le second Livre des Rois explique comment Jéhu (~IXe) éradique dans le sang le culte de Baal d'Israël (II Rois 10).

C

Cérès

Déesse romaine assimilée à Déméter

Cronos

Dieu grec assimilé à Saturne.

Cybèle

Déesse phrygienne de la terre, issue de la fécondation d'une pierre par la semence de Zeus. Née hermaphrodite, elle est mutilée par les dieux qui en font une déesse. Elle séduit le berger Attis qui, devenu fou, s'émascule et soit en meurt sous un pin, soit est emporté par le char de Cybèle. Zeus permet que son corps ne meure pas tout à fait [Comte 1988:75, 2004:60].

Les galles, prêtres du culte, étaient des eunuques habillés en femmes. Au printemps, les fidèles processionnaient jusqu'au pin de la mutilation, puis jeûnaient pendant huit jours. Les fidèles se flagellaient et c'était l'occasion de l'émasculation des nouveaux galles. Après une veillée funèbre explosive, une grande fête de liesse saluait sa résurrection [Comte 1988:75, 2004:61].

Arrivé à Rome vers ~200, le culte y fut d'abord mal vu, puis peu à peu admis, et enfin officialisé. Au IIIe, un nouveau rite apparut: celui du baptême des fidèles par le sang d'un taureau sacrifié [Comte 1988:75, 2004:61].

À la fin d'un prêche sur le divorce qu'il compare à l'adultère – sauf en cas de répudiation pour prostitution – et face à l'étonnement des apôtres au sujet de l'indissolubilité du mariage, Jésus conclut qu'«Il y a, en effet, des eunuques qui sont nés ainsi du sein de leur mère, il y a des eunuques qui le sont devenus par l'action des hommes, et il y a des eunuques qui se sont eux-mêmes rendus tels à cause du Royaume des Cieux. Qui peut comprendre, qu'il comprenne!» (uniquement en Mt 19:1-12).

Selon Philippe Borgeaud (La Mère des dieux. De Cybèle à la Vierge Marie, Le Seuil, 1996), l'image de Cybèle comme mère est à l'origine de l'imagerie chrétienne de la mère à l'enfant (voir Isis

D

Déméter / Cérès

Fille de Cronos et de Rhéa, elle est la déesse grecque de l'agriculture, dont le mythe est déjà connu par un hymne homérique et par Les travaux et les jours d'Hésiode (~VIIIe). C'est au cours du récit homérique que la déesse enseigne les techniques de semaille et moisson à l'un des princes d'Éleusis.

Sa fille Perséphone, conçue de Zeus, ayant été enlevée par le dieu des enfers Hadès, Déméter n'a de cesse de la retrouver, laissant la terre stérile. Pour que la terre ne se désertifie pas, Zeus trouve un compromis, accordant dès les semailles d'automne Perséphone à Hadès, qui devra la laisser remonter au printemps pour permettre le retour de la verdure [Comte 1988:76, 2004:24].

Les mystères d'Éleusis, très importants à Athènes, puis en Grèce et dans l'Empire romain, «devaient assurer à leurs initiés un au-delà paisible» [Mayo 2019:50] sont probablement le prototype de tous les cultes à mystères. On n'en a gardé que très peu d'éléments (mystêrion signifie «rite secret»), mais on sait que les mystes, considérés comme égaux, devaient subir une transformation intérieure au moment de l'initiation [Comte 1988:77]: de civique, la religion devient personnelle.

Dionysos

Fils de Zeus et de Sémélé, c'est le dieu de la vigne et du vin, exubérant et asocial. Sa mère enceinte étant morte de ne pas avoir supporté de contempler Zeus dans sa splendeur, ce dernier place le fœtus dans sa cuisse ; né tout formé, Zeus le transformera ensuite en chevreau et l'envoie à Nysa afin qu'il échappe à la jalousie d'Héra. Déchiqueté par les Titans, son cœur est conservé par Aphrodite et les membres par Apollon, Rhéa assemble les morceaux et le ressuscite [Comte 1988:81, 2004:50], de la même manière qu'Isis avec Osiris.

Devant fuir encore la persécution de Héra, il rencontre Cybèle, déesse de la nature, qui lui apprend à maîtriser sa folie. Son mythe le montre peu à peu reconnu par les dieux de l'Olympe [Comte 1988:81, 2004:51].

Le nom Dionysos signifierait «dieu de Nysa».

Dumuzi

Berger que la déesse sumérienne de l'amour et de la guerre Inanna épouse. Descendue aux enfers pour prendre le pouvoir de sa sœur Ereshkigal, elle y reste captive. Remontée grâce à l'action d'Enlil, elle trouve son mari jouissant du pouvoir, et l'envoie aux enfers. Il semblerait qu'il ait finalement obtenu une grâce partielle auprès d'Ereshkigal: il n'y passera plus que la moitié de l'année [Comte 1988:116], ressuscitant chaque année au printemps et ramenant par là la végétation. Une célébration avait lieu chaque année [Comte 1988:119, 2004:160-161]. Voir Adonis.

E

Élagabal

Dieu solaire d'Émèse (actuel Liban) adoré sous la forme d'un bétyle, monolithe noir. Il fut amené par l'empereur pseudo-antonin Varius Avitus Bassianus, surnommé Héliogabale, monté sur le trône à 14 ans et régnant de 218 à 222 [Turcan 1985]. Proche du monothéisme, il s'agit d'une première tentative d'imposer un culte solaire, si pas unique, prédominant, préfigurant Aurélien avec Sol Invictus.

Éleusis

Localité située au nord-ouest d'Athènes, où étaient célébrés le rite le plus important du culte d'Éleusis au moins depuis le ~VIIe, dédié aux déesses Déméter et Perséphone.

Elohim, Yahve

Les différentes appellations proviennent des différentes traditions ayant composé la bible judaïque. Adonai signifie «seigneur», Yahvé est issu d'une vocalisation du tétragramme imprononçable YHVH.

Le suffixe "~im" du mot «Elohim» a donné lieu à plusieurs interprétations. Parmi les moins loufoques, un pluriel de majesté, qui ne semble pas exister dans la grammaire hébraïque, et le reliquat de l'expression «le dieu des dieux» (comme il est existe un «Cantique des cantiques») dans le cadre d'une religion hébraïque ancienne qui ne nie pas la multiplicité des dieux, mais qui professe une alliance entre le peuple d'Israël et un seul d'entre eux.

Esculape

Dieu romain assimilé à Asclépios.

H

Hadad

Dieu assimilé à Baal.

Hermès

Fils de Zeus et de la nymphe Maïa, il est né dans une grotte. Dieu du commerce, des voyageurs et des voleurs, c'est un créateur, le messager des dieux et un protecteur : il intervient en faveur des hommes, des héros et même des dieux. Il connaît de plus le chemin qui mène aux Enfers [Comte 1988:111 ; 2004:40-41]. Il a été assimilé à Thot [Comte 1988:214 ; 2004:117].

I

Inanna

Déesse sumérienne de la guerre et de l'amour et épouse de Dumuzi, elle correspond à Ishtar, déesse mésopotamienne de la guerre (vénus, étoile du matin) ou de l'amour (vénus, étoile du soir) [Comte 1988:116] et à Astarté, déesse phénicienne de la séduction et du désordre amoureux [Comte 1988:119].

Descendue aux enfers pour y prendre le pouvoir de sa sœur Ereshkigal, elle perd progressivement ses pouvoirs et seule l'intervention d'Enlil la ramène à la vie [Comte 1988:116 ; 2004:160].

Isis

Fille de Nout, déesse du ciel, et de Geb, dieu de la terre, elle s'empare par la ruse d'une partie du pouvoir de Rê. Elle recoud et ressuscite son mari Osiris et conçoit Horus ; leur culte s'étend dans tout le Moyen-Orient [Comte 1988:120, 2004:122, Gros de Beler 2003:48], la Grèce et Rome. Isis et Horus furent probablement le prototype de la vierge à l'enfant de l'iconographie chrétienne (voir Cybèle.

Ishtar

Voir Inanna.

Wikipédia nous apprend avec beaucoup de neutralité de point de vue que «Certains critiques du Livre d'Esther font dériver le nom d'Esther de celui de la déesse Ishtar parce que les racines des lettres sont exactement les mêmes.» Pourtant le nom de son partenaire Mardochée pourrait éventuellement provenir du dieu des dieux Marduk. Il reste à expliquer comment les noms de deux dieux aussi prestigieux sont passés de la religion babylonienne à un livre biblique, fût-il assez peu religieux. Le prénom Esther, inconnu du reste de la Bible, aurait été un prénom juif et Mardochée signifierait «serviteur de Marduk» alors qu'en bon juif, il refuse de s'agenouiller devant le ministre Haman. Acceptons la coïncidence et gardons cette histoire comme un exemple de l'influence de la culture mésopotamienne sur le peuple hébreu.

M

Mercure

Dieu romain, assimilé à Hermès.

Marduk

Marduk obtient des autres dieux babyloniens le pouvoir suprême par sa victoire contre les dieux révoltés Kingou et Tiamat. Il crée le monde en commençant par le ciel et la terre avec les deux moitiés du cadavre de Tiamat, et le terminant par l'humanité à partir du sang de Kingou [Comte 1988:136, 2004:156].

L'émergence de Marduk date du règne d'Hammourabi (~XVIIIe ou ~XVIIe) [Comte 2004:157]. Il s'agit d'un dieu créateur des hommes. Il semble être associé à Ishtar sous le nom de Mardochée dans le Livre d'Esther de la Bible.

Mithra

Issu d'une roche sous les yeux de bergers, c'est un dieu perse et hindi (sous le nom de Mitra) de la concorde, rien ne lui échappe. Il est également invincible ; en tuant le taureau, il produit de la moelle épinière le blé qui donne le pain, et du sang la vigne qui donne le vin. Il ressuscitera les morts à la fin des temps [Comte 1988:139, 2004:132].

Son culte initiatique comprend sept grades: corbeau, griffon, soldat, lion, Perse, courrier et père. L'office comprend un repas commémoratif dans une grotte ou un édifice enfoui. Ce sont les soldats qui l'introduisent chez les romains, il devient important chez les militaires et les fonctionnaires, donc seulement chez les hommes. Reconnu par l'empereur Commode (161-192, emp. en 180), il s'est diffusé dans tout l'empire [Comte 1988:139, 2004:133].

Il est encore possible de visiter un mithraeum très bien conservé dans les sous-sol de la basilique Saint-Clément (Rome, non loin du Colisée). D'autres lieux contiennent des vestiges du culte : Bourg-st-Andéol (Ardèche), Nuits-Saint-Georges (Côtes-d'Or), Metz, Strasbourg, Bordeaux, Tirlemont (Belgique)… Le temple de Septeuil (Yvelines) ne date que du IVe, au moment où le christianisme a été reconnu comme religion d'État, et très vite l'unique.

O

Ormazd

Dénomination perse d'Ahura-Mazda

Orphée

Héros, fils de la muse Calliope et d'Œagre, le roi de Thrace (Apollon est son père dans certaines traditions). Sa lyre lui donne des pouvoirs magiques : dans l'expédition des Argonautes, elle lui permet de calmer la mer. C'est également par ses chants qu'il lui est permis de sauver sa femme Eurydice des enfers, mais il la perd irrémédiablement pour avoir voulu la contempler avant le retour sur terre [Comte 1988:136, 2004:86].

Son voyage aux enfers lui a permis de collecter des renseignements sur l'au-delà, consignés dans une vaste littérature [Comte 1988:156, 2004:87]. Dès le VIe avant notre ère, les orphéotélestes parcourent la Grèce, prêchant le salut et l'immortalité de l'âme par le pardon des fautes et la pureté du corps. Dans l'orphisme, la mort est une libération [Comte 1988:156].

Osiris

Fils de Nout, déesse du ciel, et de Geb, dieu de la terre, il est le dieu de la terre et de la végétation. Il apporte la civilisation au monde, et est appelé Ounennefer, «être perpétuellement bon». Son frère Seth, jaloux de sa popularité, l'enferme dans un coffre et l'immerge dans le fleuve. Leur sœur Isis, sœur et épouse d'Osiris, le retrouve «pris dans le bois» dans le port de Byblos, et le ramène en Égypte. Seth retrouve son cadavre et le découpe en morceaux qu'il disperse. Isis récupère treize des quatorze morceaux et les assemble, concevant Horus avec lui [Comte 1988:158 ; 2004:120-121]. Pour Aude Gros de Beler cependant, la conception d'Horus a lieu avant la dispersion de son père en 14 morceaux [Gros de Beler, 2003:74].

Il devient le dieu garant de la survie de chaque pharaon décédé, supplantant peu à peu les autres dieux égyptiens, et remplaçant même Rê au ciel [Comte 1988:160 ; 2004:121]. Le culte d'Osiris et d'Isis, orienté vers le salut, s'étend à tout le Moyen-Orient [Comte 1988:120, 2004:121] et atteint même Rome [Comte 2004:121].

Son culte a beaucoup évolué, incarnant au départ le monde souterrain et la fertilité, enseignant l'agriculture aux humains, reprenant peu à peu la responsabilité des cimetières et puis du monde de l'au-delà. Sa résurrection, apportant l'espoir d'une survie éternelle, en fait le garant de toute résurrection humaine [Gros de Beler, 2003:74].

Perséphone

Fille de Déméter

Phœbus

Dieu solaire romain, assimilé à Apollon

Prométhée

Héros, fils du Titan Japet et de Clyméné ou Asia. Ayant mécontenté Zeus pour avoir favorisé les hommes dans le partage de la viande, ce dernier cache le feu aux hommes, ce qui pousse Prométhée à le leur restituer. Puni par Zeus à avoir le foie éternellement dévoré par un aigle, il est délivré par Héraklès. Il reçoit finalement l'immortalité de Chiron qui, blessé par Arès, refuse de souffrir éternellement [Comte 1988:173, 2004:68].

Ptah

D'abord dieu des artisans, il est vénéré comme le dieu de la nécropole de Memphis après avoir absorbé les personnalités du dieu funéraire Sokaris puis d'0siris. Il devient ensuite le dieu créateur, s'engendrant lui-même avant de mettre au monde les dieux. Il crée «par la simple action de son esprit qui projette la chose à créer et de la langue qui, énonçant cette idée, provoque l'existence des différents éléments du monde organisé. Toute parole divine se manifeste selon ce que le cœur a conçu et ce que la langue a ordonné.» [Gros de Beler 2003:7822].

S

Saturne

C'est un dieu italien très ancien, lié à l'agriculture et à l'âge d'or. Les saturnales étaient des réjouissances durant lesquelles les différences sociales était abolies. Elles célébraient également le retour de la lumière pendant quelques jours aux environs du solstice d'hiver, préfigurant nos fêtes de fin d'année [Comte 1988:186, 2004:95]. Il était assez différent de Cronos à qui les Romains l'ont assimilé.

Sol Invictus

Syncrétisme de Mithra et d'Apollon, institué par Aurélien entre 270 et 275, 50 ans après la tentative de l'empereur romain Héliogabale d'imposer son dieu solaire Elagabal. Sa fête était fixée au 25 décembre, juste après le solstice d'hiver, au moment où le soleil est le plus bas à midi. Constantin (306-337), avant l'imposition du christianisme, imposera en 321 un «jour du soleil» par semaine, qui deviendra par la suite le jour du Seigneur, dimanche.

T

Thammouz

Voir Adonis

Thot

Scribe des dieux, il tient la balance de l'âme des morts ; il est volontiers guérisseur : il aide Isis à ressusciter Osiris. Son assimilation avec Hermès a forgé le personnage d'Hermès Trismégiste, considéré comme inventeur de la littérature hermétique, corpus de textes magiques, astrologiques et alchimiques [Comte 1988:214 ; 2004:117].

Y

Yahvé

Voir Elohim.

Bibliographie

Les ouvrages en gris n'ont pas été consultés pour l'élaboration de cette page et sont donnés pour documentation complémentaire.

Comte, Fernand (né en 1932)

Théologien. «Les mythes ne meurent pas : ils se transforment» (2004:8).

Mayo, Marielle

Cumont, Franz (1868-1947)

Historien, archéologue et philologue. Le premier volume des Textes et Monuments (1894) est maintenant considéré comme dépassé.

Gros de Beler, Aude

Turcan, Robert

Vermaseren, Martin (Maarten J. 1918-1985)

Son Corpus remplace les Textes et Monuments de Cumont pour ce qui est des monuments ; il en ignore les textes.