À propos d'un regain de baptêmes d'adultes en Belgique
ALORS que la Belgique, à l'instar du monde occidental, connaît une érosion religieuse, l'Église catholique tente de minimiser le phénomène, en insistant sur certains points secondaires qui montreraient que la religion «majoritaire» ne va pas si mal. Marc Hallet, qui a écrit plusieurs livres sur les OVNIS, les apparitions mariales et le problème de l'historicité de Jésus, revient sur un reportage passé ce 23 août 2020 au journal télévisé de 19h30 de la RTBF.
L'infographie de la RTBF a été convertie en dates et chiffres lisibles par tous.
Après des études de Droit à la Faculté catholique de Louvain, Tommy Scholtès entra au séminaire de Namur puis au noviciat des jésuites à Wépion. Ce père jésuite est aujourd'hui devenu en quelque sorte le porte-parole officiel incontournable de l'Église catholique en Belgique. C'est à ce titre qu'on le voit souvent commenter divers faits de l'actualité, minimisant toujours les aspects très négatifs de son Église.
Hier, dans son journal télévisé, la RTBF (Radio Télévision Belge Francophone) consacra un reportage à un phénomène nouveau : l'extraordinaire croissance du nombre de baptêmes d'adultes dans notre pays.
En fait, les chiffres présentés montrèrent que si la croissance était en effet spectaculaire, elle ne concernait cependant qu'un nombre infime de citoyens par rapport à une population de près de 11,5 millions d'individus. Ce qui n'empêcha pas de présenter la chose comme un doublement des conversions en l'espace de dix ans. Les images qui illustraient le reportage semblaient d'autre part mettre en évidence que ces conversions concernaient principalement des personnes d'origine étrangère, ce qui donne peut-être une signification particulière à la croissance en question…
2010 : 143
2015 : 180
2020 : 305
Pour faire bonne mesure, le reportage poursuivit en montrant le nombre des baptisés dans notre pays. En l'espace de deux ans seulement, il chuta de plus de 10 % alors que la population augmentait de manière continue de pratiquement 50 000 personnes par an.
2016 : 50 867
2018 : 44 850
Soucieuse d'être complète, la RTBF proposa un troisième volet à son enquête : celui des chiffres de débaptisations volontaires :
2016 : 1 240
2018 : 1 154
Et c'est là qu'après s'être réjoui du nombre des baptêmes d'adultes en constante croissance le père Scholtès expliqua que le pic des demandes de débaptisation avait été atteint à l'époque des scandales de pédophilie dans l'Église et que les débaptisations n'étaient donc qu'un épiphénomène en voie d'extinction. Toute l'intelligence de ce prêtre éclate là ! En effet, si l'on compare l'attitude réfléchie et volontaire des 1154 adultes qui ont demandé à être débaptisés en 2018, aux 305 baptêmes d'adultes, on voit très bien dans quel sens penche la balance chez les adultes. Car, faut-il le souligner, le baptême reste une cérémonie imposée aux enfants par leurs parents et les proches de ceux-ci et n'est, bien souvent, qu'un rite auquel les familles sacrifient davantage par tradition que par réelle conviction religieuse. Or, dans tous ces enfants baptisés, bien peu feront l'effort, plus tard, de demander à être officiellement rayés des registres en tant que baptisés, ce qui continue d'assurer à l'Église catholique une forme de statistique mensongère quant à son nombre réel d'adhérents.
Dans son premier rapport officiel de 2018 (54Mo) l'Église catholique affirmait que plus de 52% de la population belge se disait catholique tandis que moins de 10 % (soit un million d'individus) pratiqueraient effectivement dans 3 846 paroisses, soit en moyenne 260 personnes par paroisse. Cela fait, au final, bien peu de monde par paroisse et quiconque a la curiosité d'assister à la sortie de certaines messes ici et là même dans de grandes villes peut parfois compter les gens sur les doigts des deux mains ! De quoi se demander si les statistiques de ce rapport officiel n'ont pas été quelque peu exagérées…
Mais qu'auront retenu de tout cela les spectateurs hier ? Qu'il y a une vague de conversions au christianisme en Belgique ! Tout le mensonge est là. Mais comme le disait Voltaire : «Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose»…
Marc Hallet