SI «parole d’évangile» est une expression signifiant «vérité absolue», la comparaison des quatre récits couramment reçus de la vie de Jésus nous montre une vérité plutôt relative : il est difficile de se faire une idée précise de l’histoire et du message de Jésus à partir de récits qui divergent parfois, quand toutefois ils sont connus de plus d’un évangile. Cette synopse («vision globale» en grec) devrait en tout cas donner une idée de la complexité de la tâche et remettre en cause le récit souvent tendancieux des spécialistes, qui ne signalent en général que l’extrait le plus approprié à leurs besoins.
Travail en cours – derniers ajouts en mars 2024 – Synthèse – Index
Contrairement à certaines synopses (comme celle de Lucien Deiss chez Desclée de Brouwer, 1991, 1re éd. : 1963), les passages contradictoires sont comparés, comme l’annonciation à Joseph ou à Marie, l’adoration de Jésus par les mages ou par les bergers, ou le recrutement des premiers apôtres. Le «quatrième évangile», souvent présenté à part, y est tant bien que mal intégré pour rendre compte de son inspiration pour le moins différente, même dans les passages communs.
Cette comparaison est faite à partir de la traduction de Louis Segond (1910), qu’il est possible de comparer avec la traduction anglaise du Codex Sinaiticus (IVe).
Cette page a pour origine la lecture du dossier annuel du Vif-L’Express 3259 (20 décembre 2013) sur Jésus, où de nombreux arrangements avec les textes sont évidents, à condition d’avoir un Nouveau Testament sous la main. Pour une analyse du dossier de décembre 2013, voyez cette page.
Cliquer sur # à droite d’un titre permet la localisation de l’extrait dans l’adresse de la page (URL), permettant la communication par courriel ou dans un blog d’un endroit précis de cette page.
Le prologue ↑ # ↓Luc commence par une adresse personnelle, qui trouve un écho aux deux premiers versets des Actes des Apôtres : «Théophile, j’ai parlé, dans mon premier livre, de tout ce que Jésus a commencé de faire et d’enseigner dès le commencement, jusqu’au jour où, après avoir donné ses instructions aux apôtres qu’il avait choisis sous l’action de l’Esprit Saint, il fut enlevé au ciel», ce qui a fait dire qu’il s’agissait du même auteur. Il y a pourtant plus que des nuances entre les deux récits : pleins d’entrain après l’Ascension de Jésus, les apôtres passent désormais tout leur temps au temple (Lc 24:50-53), alors que les Actes disent qu’il retournèrent prier dans leur demeure habituelle, après que les anges les eurent sortis de leur stupeur (Ac 1:10-14) ; Marie mère de Jésus n’est mentionnée qu’une fois dans les Actes (Ac 1, 14) alors qu’elle est plus importante dans Luc que dans les autres évangiles. Par ailleurs, ce rappel au début des Actes du contenu de Luc oublie le récit de l’enfance (3 chapitres sur 24), probablement un ajout tardif. D’emblée, Jean commence par quelques considérations théologiques. Le Codex Sinaiticus ne connaît pas l’appellation «Fils de Dieu» (Mc 1:1). | |||
|
|
|
|
La généalogie ↑ # ↓La généalogie, présente dans deux évangiles seulement, ouvre Matthieu tandis que Luc la fait intervenir au troisième chapitre. Matthieu la fait descendre d’Abraham à Jésus, alors que Luc la fait remonter de Jésus à Adam. Pour des raisons vraisemblablement symboliques, Matthieu précise qu’il y a trois fois quatorze générations d’Abraham à Jésus (41 personnes sont citées), tout comme la généalogie de Luc cite 77 personnes (mais dont 57 de Jésus à Abraham). Pour remonter jusqu’à Adam, Luc recopie la seconde filiation de la Genèse : Adam, Seth, Enosh, Qénân, Mahalaléel, Yéred, Hénok, Mathusalem, Lamek, Noé, Sem (Gn 5-6:10), la première étant : Adam, Caïn, Hénok, Irad, Mehuyaël, Méthushaël, Lamek, Yabal (Gn 4:1-21) ; pour remplacer Abel tué par Caïn, Adam engendra également Seth, qui engendra Énosh (Gn 4:25-26). | |||
|
|
|
|
Zacharie ↑ # ↓Seul Luc mentionne le sacrificateur Zacharie (nom que Segond donne pour «prêtre»), père de Jean le baptiste. L’histoire du couple sans enfant qui conçoit à un âge avancé ressemble à celle d’Abraham et de Sara (Genèse 17-21), qui doutent de ce que Yahvé en personne est venu leur annoncer ; comme Jean le baptiste de Jésus, Ismaël est le prédécesseur d’Isaac. Les Juges racontent également l’histoire des parents de Samson, à qui un ange annonce que la femme stérile enfantera (Juges 13:1-25). Comme Jean, Samson ne boira pas de boissons fermentées. On trouve par ailleurs dans les Juges 13:1-7 une annonciation à une femme stérile d’un enfant qui sera «nazir de Dieu» en son sein (Samson, sauveur d’Israël contre les Philistins) ; voir également la prime enfance. | |||
|
|
|
|
L’annonciation ↑ # ↓Les deux évangiles comportant des récits de l’enfance en racontent très différemment l’annonciation : dans Matthieu, c’est Joseph qui est visité en songe par l’ange, tandis que dans Luc, il s’agit d’un dialogue éveillé du messager avec Marie. C’est la version de Luc qui a la faveur de l’Église, mettant en scène une Marie en pleine acceptation de sa mission. Seul Matthieu sait que Jésus s’appellera Emmanuel («Dieu avec nous»). Le nom (Mt 1:23) vient d’une prophétie d’Isaïe : «C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe, Voici, la jeune fille deviendra enceinte, elle enfantera un fils, et elle lui donnera le nom d’Emmanuel.» (Isaïe 7:14 ; cette jeune mère est prophétesse en Isaïe 8:8), et ne figure qu’à cet endroit du Nouveau Testament, le passage est probablement assez tardif. | |||
|
|
|
|
Marie et Élisabeth ↑ # ↓Seul Luc nous parle de la rencontre entre Marie et Élisabeth. L’autre évangile parlant de l’enfance, Matthieu, ignore ce fait pourtant important, qui lie Jésus et Jean le baptiste : dans l’annonciation de Luc, Élisabeth mère de Jean et Marie mère de Jésus sont parentes (Lc 1:36) : leurs enfants devraient également l’être. | |||
|
|
|
|
La naissance ↑ # ↓Matthieu a juste mentionné la naissance de Jésus en conclusion de l’annonciation à Joseph, la naissance a normalement eu lieu dans la maison familiale, en se basant sur Mais Jésus étant dit «de Nazareth», Luc se sent obligé d’expliquer pourquoi le couple se trouvait à Bethléem lors de l’accouchement : c’est donc au cours d’un recensement dans la ville de naissance de Joseph que Marie accouche dans une crèche. Le témoignage de Luc repose sur les Antiquités Judaïques XVIII-I:1-3 de Josèphe, qui parle de la venue en Judée de Quirinius, gouverneur de Syrie, pour recenser les fortunes et liquider les biens d’Hérode Archelaüs, démis en 6 : cela ne correspond pas à la date habituellement reçue pour la naissance de Jésus, avant la mort d’Hérode le Grand (~4) : il est possible qu’il y ait eu confusion entre les deux Hérode. Ce recensement, excluant la Galilée non annexée à cette époque (et donc Joseph qui y vivait), ne pouvait pas non plus concerner «toute la terre». De plus, les Romains, éminemment pragmatiques, ne se préoccupaient pas de l’origine de leurs administrés et ne les auraient pas fait courir sur leur lieu de naissance. Ne cherchez pas le bœuf ou l’âne dont parle la tradition, peut-être à partir d’un verset ultérieur de Luc : «Hypocrites ! lui répondit le Seigneur, est-ce que chacun de vous, le jour du sabbat, ne détache pas de la crèche son bœuf ou son âne, pour le mener boire ?» (Lc 13:15). Mais l’association du bœuf, de l’âne et de la crèche apparaît déjà dans Isaïe : «Le bœuf connaît son possesseur, et l’âne la crèche de son maître : Israël ne connaît rien, mon peuple n’a point d’intelligence» (Isaïe 1:3). | |||
|
|
|
|
L’adoration ↑ # ↓Les deux évangiles qui traitent des premières années de Jésus ont deux avis très différents sur sa première reconnaissance. Dans Matthieu, ce sont des mages étrangers qui viennent l’adorer à la maison, à Bethléem ; n’en cherchez pas les noms ni le nombre, qui ne sont mentionnés nulle part dans le Nouveau Testament. Luc a fait accoucher Marie à la porte, et ce sont des bergers, avertis par les anges, qui viennent adorer leur sauveur, ce qui semble peu probable si cela ne se passe au solstice d’hiver. La citation non sourcée en Matthieu 2:6 est proche d’un verset du livre de Michée «Et toi, Ephrata (Bethléem), le moindre des clans de Juda, c’est de toi que me naîtra celui qui doit régner sur Israël ; ses origines remontent au temps jadis, aux jours antiques» (Michée 5:1). | |||
|
|
|
|
La prime enfance ↑ # ↓Matthieu envoie la sainte famille, sur conseil d’un ange, se réfugier en Égypte en attendant qu’Hérode quitte ce monde. Pour le retour, Matthieu se base sur une prophétie d’Osée (mais dans un contexte de désobéissance d’Israël) : «Quand Israël était jeune, je l’aimai, et d’Égypte j’appelai mon fils.» (Osée 11:1). Le texte semble également calqué sur un épisode de la vie de Moïse relatée par l’Exode : «Yahvé dit à Moïse en Madiân : "Va, retourne en Egypte, car ils sont morts, tous ceux qui cherchaient à te faire périr." Moïse prit sa femme et son fils, les fit monter sur un âne et s’en retourna au pays d’Égypte.» (Ex 4:19-20) Matthieu cite également Jérémie : «Ainsi parle Yahvé : A Rama, une voix se fait entendre, une plainte amère ; c’est Rachel qui pleure ses fils. Elle ne veut pas être consolée pour ses fils, car ils ne sont plus. Ainsi parle Yahvé : Cesse ta plainte, sèche tes yeux ! Car il est une compensation pour ta peine - oracle de Yahvé - ils vont revenir du pays ennemi.» (Jérémie 31:15-16) Il s’agit en l’occurrence plutôt d’un pays refuge. Matthieu trouve en outre une raison pour la famille de ne pas retourner à Bethléem en Judée, mais à Nazareth en Galilée, encore une fois à partir d’une prophétie bien que «nazaréen» ne renvoie pas une localité, mais probablement au vœu de naziréat, consécration personnelle à Dieu (Nombres 6:2-21). Pour la prophétie «Il sera appelé Nazarénien» (Mt 2:23) voir Zacharie. Notons encore que l’ange du Seigneur permet à Joseph de retourner en Israël après la mort d’Hérode tandis que Joseph s’avise que c’est son fils Archélaüs qui y règne et décide d’aller vivre en Galilée, où c’est Hérode Antipas, un autre de ses fils, qui y règne. Personne ne semble avoir retrouvé de massacre de bébés dans l’Histoire d’Israël à la fin du règne d’Hérode le Grand (peut-être une réminiscence de la décision de Pharaon de faire tuer les fils des Hébreux en Exode 1:16 et 1:22 qui introduit l’histoire de Moïse), ni pensé à trouver une explication à la survie de Jean le baptiste, pourtant né en Judée six mois plus tôt, non loin de Bethléem (Lc 1:39-80). N’ayant pas besoin du péril d’Hérode pour expliquer pourquoi Jésus doit quitter la Judée, Luc fait reconnaître Jésus en toute quiétude au temple de Jérusalem par le pieux Siméon qui l’y attendait, tandis que la prophétesse Anne l’annonce à la multitude. | |||
|
|
|
|
La fugue au temple ↑ # ↓Les parents de Jésus, ayant tout oublié de l’annonciation par l’ange de la naissance miraculeuse, de l’adoration par les bergers ou les mages et surtout de la reconnaissance au Temple par Siméon et la prêtresse Anne, ne comprennent pas que Jésus se doive aux «affaires de Dieu le Père». Joseph disparaît ensuite des évangiles, son nom ne subsiste que dans l’appelation «fils de Joseph» chez Luc ou lors du recrutement des apôtres et du prêche sur le pain de vie dans Jean. Le problème de Marie est plus complexe tant ce prénom semble désigner de suivantes de Jésus. | |||
|
|
|
|
Jean le baptiste ↑ # ↓Pour l’importance du personnage, voyez cette page. Marc pense peut-être à Les synoptiques précisent que Jésus baptisera par l’esprit (et le feu pour Matthieu et Luc), le quatrième évangile est plus vague : le baptiste affirme trois fois baptiser par l’eau sans dire comment Jésus baptisera ni même s’il baptisera. Luc clôt la présentation du baptiste par l’affirmation que le roi Hérode l’a jeté en prison. Le thème du baptême sera repris dans Jean, sans être plus explicite, dans un deuxième passage dédié au baptiste. | |||
|
|
|
|
Le baptême de Jésus ↑ # ↓Les synoptique racontent le baptême de Jésus de différentes façons. Marc montre un baptiste indifférent à la personnalité de Jésus lorsque celui-ci vient se faire baptiser, alors que dans Matthieu, le baptiste reconnaît Jésus, au point qu’il refuse d’abord de le baptiser. Pour Luc, le baptême lui-même est d’une grande banalité alors que pour cet évangiles, Jésus et le baptiste sont parents par leurs mères Marie et Élisabeth. Le quatrième évangile de son côté affirme nullement que Jésus a été baptisé par le baptiste : celui-ci se borne à l’annoncer et à reconnaître en lui «l’Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde» (Jn 1:29). La déclaration «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection/confiance.» (Mt 3:17, Mc 1:11, Lc 3:22) sera reprise lors de la transfiguration également connue des trois synoptiques seulement. De sa prison toutefois, Jean le baptiste n’en sera plus très sûr. Dans le passage précédent (Jn 1:28), Jean situe le lieu du baptême «au delà du Jourdain», c’est-à-dire éloigné de Jérusalem d’une trentaine de km. Il ne peut donc pas s’agir du même Béthanie que le même texte précise lors de la résurrection de Lazare (Jn 11:18) être situé à 15 stades de Jérusalem, soit moins de trois km dans l’hypothèse du stade attique soit 185m. | |||
|
|
|
|
La tentation ↑ # ↓Une tradition remontant à Augustin affirme que Marc abrège Matthieu et Luc. Une hypothèse plus récente est que les deux autres synoptiques ont incorporé une tradition appelée source «Q» (pour Quelle, «source» en allemand). Cependant, le mot à mot entre certains passages de Matthieu et Luc pourrait s’expliquer par une copie de l’un sur l’autre, les épisodes de l’enfance ayant ensuite été ajoutés indépendamment. Quoi qu’il en soit, un meilleur résumé de Marc aurait été de dire que «Jésus jeûna 40 jours au désert» plutôt qu’il ne les «passa». Par ailleurs les deux versets du plus bref des évangiles précisent tout de même que Jésus vivait parmi les bêtes sauvages et que les anges le servaient, deux informations que Luc tait, Matthieu précisant seulement que les anges ont servi Jésus après l’abandon du diable. Cette précision est importante, car il est difficile d’imaginer le genre de services que des anges peuvent offrir à une personne dans les macérations. | |||
|
|
|
|
La prédication ↑ # ↓Il s’agit d’un épisode de transition, assez chahuté : Matthieu parle de l’incarcération de Jean le baptiste en Mt 4:12, Luc se bornera à «rappeler» sa décapitation par Hérode en Lc 9:9 et Jean précisera que «Jean (le baptiste) n’avait pas encore été mis en prison» en Jn 3:24. Marc ne parlera de la grande renommée de Jésus qu’en Mc 1:28, après le recrutement des premiers apôtres, contrairement aux autres synoptiques. | |||
|
|
|
|
Les premiers apôtres ↑ # ↓Matthieu et Marc sont d’accord pour l’essentiel : sur simple injonction de Jésus, Simon et son frère André, pêcheurs, délaissent leurs filets et le suivent ; ils seront pêcheurs d’hommes. Jacques et son frère Jean sont également appelés ; ils délaissent leur barque, ainsi que leur père selon Matthieu ou les ouvriers pour Marc. Luc ignore André dans le recrutement des premiers apôtres. La rencontre de Simon y est plus contextualisée, elle intervient alors que Jésus tente de prendre un peu de distance par rapport à la foule. Le recrutement en lui-même est plus dramatique : la pêche miraculeuse épouvante Simon et ses associés Jacques et Jean venus l’aider à retirer les filets remplis de poissons. La réponse «Ne crains point ; désormais tu seras pêcheur d’hommes» (Lc 5:10b) ne s’adresse cependant qu’à Simon (Lc 5:8). Le contexte est tout différent dans Jean : c’est juste après le baptème dans le Jourdain (en Judée) et parmi les disciples de Jean le baptiste qu’André amène Simon à Jésus et c’est à cette occasion que ce dernier surnomme Simon «Céphas», ce qui signifie «pierre» (Matthieu au contraire situe l’origine du surnom lors de la profession de foi de Simon). Philippe et Nathanaèl sont recrutés le lendemain dans le quatrième évangile, mais pas les «fils de Zébédée», expression relative à Jean et Jacques chez les synoptiques. Et contrairement à la profession de foi de Simon-Pierre, c’est Nathanaèl qui reconnaît Jésus comme Fils de Dieu. Seuls les synoptiques affirment clairement que les premiers apôtres sont des pêcheurs en Galilée, et uniquement à l’occasion du recrutement, même si le thème de la barque revient ailleurs dans les quatre évangiles. Jean ne parle d’une activité de pêche que lors de la troisième apparition de Jésus après sa résurrection, seule occasion pour Jean de nommer Nathanaèl en dehors de l’épisode du recrutement. | |||
|
|
|
|
Capharnaüm ↑ # ↓Luc est une paraphrase très fidèle de Marc ; les deux parlent de l’étonnement face à l’enseignement de Jésus dans une synagogue, et d’un homme délivré d’un esprit impur par Jésus, ce que Matthieu ignore, se bornant à justifier l’arrivée à Capharnaüm par une prophétie d’Isaïe. Mais si le prophète parle effectivement des régions de Zabulon et de Nephtali (Mt 4:15-16 cite Isaïe 8:23-9:1), il ne les relie pas à Capharnaüm, et Matthieu ignore le début d’Isaïe 8:23, qui parle de l’humiliation et de la détresse des deux pays dans le passé. Capharnaüm n’apparaît pas dans la Bible en dehors des évangiles. Matthieu et Luc, contrairement à Marc, placent l’arrivée à Capharnaüm avant le recrutement des premiers apôtres. | |||
|
|
|
|
La belle-mère de Pierre ↑ # ↓Selon les deux premiers synoptiques, il s’agit clairement de la belle-mère de Simon-Pierre : Jésus est chez Pierre dans Matthieu, et dans la maison des frères Simon et André pour Marc qui ajoute encore Jean et Jacques. On ne peut par contre pas savoir de quel Simon il peut s’agir pour Luc, puisque la guérison se place selon cet évangile avant le recrutement des premiers apôtres, et que cet évangile ne parle ni d’un Simon ni d’un Pierre avant cet épisode. Matthieu place cet épisode bien plus tard, après les béatitudes et les maximes. Pour Luc, Jésus menace la fièvre comme il le fait avec les esprits impurs (Mc 9:25, Lc 9:42), ce qui laisse penser que la maladie est d’origine démoniaque. | |||
|
|
|
|
Les démoniaques ↑ # ↓Chez les trois synoptiques, Jésus guérit les maladies et chasse les démons. Si Matthieu commence par les démons et puis les maladies, Luc fait l’inverse, tandis que Marc parle toujours conjointement des démons et des maladies. Matthieu n’explique pas pourquoi Jésus semble fuir la foule. Pour Luc, Jésus n’a toujours pas recruté ses premiers apôtres. | |||
|
|
|
|
Le lépreux ↑ # ↓Juste après les nombreuses guérisons et exorcismes, Jésus guérit un seul lépreux, où pour les trois synoptiques maladie et impureté sont liées, sans qu’il ne soit précisé s’il s’agit d’impureté morale ou simplement physique. Il y a parfaite similitude des synoptiques sur le fait que Jésus envoie l’homme se montrer au temple, ajoutant que Jésus tente d’imposer le silence au lépreux guéri. Si seul Marc précise qu’il y contrevient, obligeant Jésus à se tenir à l’écart des villes, Luc ne lie pas le retrait de Jésus au désert à la renommée qui en rejaillit. | |||
|
|
|
|
Les noces de Cana ↑ # ↓Jean connaît beaucoup d’épisodes de la vie de Jésus que les trois synoptiques ignorent. Certains spécialistes en infèrent donc que le quatrième évangile provient d’une tradition différente. Il est permis de se poser la question de l’utilité de ce premier miracle de Jésus, si ce n’est qu’en conclusion, Jésus connut la gloire et que ses disciples crurent en lui, ce qui est un thème commun des débuts de la prédication. Il est par ailleurs douteux qu’il y ait eu un Cana en Galilée. | |||
|
|
|
|
Nicodème ↑ # ↓Parmi les épisodes connus de Jean seul, nombreux sont ceux qui comportent des développements théologiques, tel celui de la rencontre avec le pharisien Nicodème. Il ne s’agit pas ici de parabole où le sens est imagé et assez facilement décodable, mais de glose assez difficile à interpréter. Par exemple, le fait d’utiliser «renaître» pour «ressusciter» peut laisser croire que Jésus enseignait la réincarnation, position adoptée par des partisans du nouvel âge restés proches du christianisme. | |||
|
|
|
|
Jean le Baptiste (II) ↑ # ↓Seul Jean revient sur le baptême donné par le baptiste, à «Énon, près de Salim parce qu’il y avait beaucoup d’eau», ce qui permet de conjecturer qu’il s’agit d’un baptême par immersion totale, rare dans l’iconographie habituelle. C’est également ici que le quatrième évangile nous apprend, de façon bien maladroite, que Jean le baptiste finira par être emprisonné, dans un verset qui semble interpolé (Jn 3:24). Le baptiste répète qu’il n’est pas le Christ, et l’évangile affirme par trois fois que Jésus baptise (Jn 3:22, Jn 3:26, Jn 4:1), avant de préciser qu’il s’agit plutôt de ses disciples (Jn 4:2). Cette précision semble également être un interpolation. Les synoptiques ne parlent jamais de l’administration du baptême par un autre que le baptiste, seul Matthieu évoque dans l’épilogue le baptême des apôtres comme façon de faire des disciples (Mt 28:19). Les synoptiques avaient par ailleurs précisé que Jésus baptiserait, selon Jean le baptiste, avec l’Esprit Saint (Mc 1:8) ou dans l’Esprit Saint et le feu (Mt 3:11, Lc 3:16), mais pas avec l’eau, preuve encore que Jean est issu d’une tradition bien différente. | |||
|
|
|
|
Les cinq maris ↑ # ↓Notons que le passage utilise exactement cinq fois le mot «mari(s)» en trois versets et 57 mots (Jn 4:16-18) – voyez également la multiplication des cinq pains. | |||
|
|
|
|
La moisson ↑ # ↓Curieusement, Jean affirme qu’après ces deux jours vraisemblablement passés en Samarie, Jésus se rend en Galilée parce qu’«un prophète n’est pas honoré dans sa propre patrie» (Jn 4:43-44). Même si à première vue cela pourrait signifier que Jésus est un Samaritain, il s’agit plus probablement d’un rappel maladroit de Jn 4:3 : «Alors il quitta la Judée, et retourna en Galilée». Dans ce cas, Jean affirme clairement que la véritable patrie de Jésus de Nazareth est la Judée, et non la Galilée où il sera d’ailleurs bien reçu (Jn 4:45). | |||
|
|
|
|
Les béatitudes ↑ # ↓Une tradition remontant à Augustin voit en Marc l’abréviateur de Matthieu, mais cette théorie n’explique pas pourquoi cet évangile n’a pas même évoqué les grandes lignes de la morale chrétienne, omission qui concerne également Jean. Une théorie plus récente suppose une source extérieure à Marc (appelée «Q», pour Quelle, «source» en allemand) ayant enrichi Matthieu et Luc, oubliant Marc et Jean. Signalons néanmoins quelques bénédictions issues de l’Ancien testament, dont la vision radicale auraient pu inspirer la tradition hypothétique «Q» :
Luc parle de guérison dans trois versets (Lc 6:17-19), ce que Matthieu ne mentionne pas. Malgré une foule venant de toute part, Jésus ne semble parler qu’à ses disciples dans les deux évangiles. Luc ne pense qu’à la consolation des souffrants, tandis que Matthieu y ajoute les débonnaires (Mt 5:5), les miséricordieux (Mt 5:7), ceux qui ont le cœur pur (Mt 5:8) et qui procurent la paix (Mt 5:9). De plus, Matthieu précise, voire corrige mais en tout cas modifie le sens de Luc en deux endroits : les pauvres (Lc 6:20) le sont en «esprit» (Mt 5:3) et à la faim (Lc 6:21) est ajoutée «la soif de justice» (Mt 5:6). | |||
|
|
|
|
Les malheurs ↑ # ↓Certains parallèles peuvent être faits avec le Livre d’Hénoch, «deutérocanonique», dont les chapitres 93 à 99 regorgent de malédictions, telles «malheur donc à vous, riches, car vous mettez votre confiance dans les richesses» (Hénoch 93:7). | |||
|
|
|
|
Les sentences ↑ # ↓Deux parmi les quatre thèmes abordés ici sont repris plus loin, comme la répudiation et les occasions de chute. | |||
|
|
|
|
Soyez parfaits ↑ # ↓Une partie du verset 5:44 de Matthieu ne figure pas dans le Codex Sinaiticus | |||
|
|
|
|
La discrétion ↑ # ↓
| |||
|
|
|
|
La prière ↑ # ↓Seuls deux évangiles rapportent l’institution de la prière à Dieu le père. Si pour Matthieu, cette institution s’insère dans un monologue, elle répond pour Luc à la demande des apôtres. La version de Matthieu qui est plus proche du Notre Père actuel, surtout si l’on omet la dernière phrase, inconnue du Codex Sinaiticus (Mt 6:13). Toutefois, les versets sur le pardon (Mt 6:12, Lc 11:4) sont traduits de façon très littéraire, le grec original signifiant plutôt «remets-nous nos dettes comme nous remettons à nos débiteurs» (traduction catholique officielle depuis 2013). Marc parle de également de prière dans un contexte assez différent, se bornant à parler de pardon, dans l’épisode du figuier. | |||
|
|
|
|
Les maximes ↑ # ↓
| |||
|
|
|
|
Ne jugez point ↑ # ↓
| |||
|
|
|
|
Demandez ↑ # ↓
| |||
|
|
|
|
Les maximes (II) ↑ # ↓Luc parle également de porte étroite, mais avec d’autres développements. | |||
|
|
|
|
Le serviteur du centurion ↑ # ↓Bien que les détails de l’histoire varient dans Jean, la structure est la même : une personne de la maison d’un officier va certainement mourir, la guérison se fait à distance, et c’est la foi qui sauve. Jean ne précise pas le nom du roi que l’officier sert, normalement Hérode Antipas, tétrarque de Galilée et de Pérée de –4 à 39. | |||
|
|
|
|
Les engagements ↑ # ↓Curieuse morale à l’origine d’une religion se disant soucieuse de la famille : même les derniers adieux aux morts ou aux siens est un attachement trop grand pour suivre le Christ, ce qui va d’ailleurs à l’encontre des rappels d’un des commandements les plus importants : «Honore ton père et ta mère» (Mt 15:4, Mt 19:18, Mc 7:10, Mc 10:19, Lc 18:20). Voir également Ne croyez pas, Qui est ma mère ?, et les renoncements. | |||
|
|
|
|
La piscine ↑ # ↓Jean seul connaît cette curieuse histoire, qui ne ressemble en rien à la guérison du paralytique. En outre, elle se convertit assez vite en un reproche d’avoir œuvré le jour du sabbat, suivi d’un prêche. L’enquête des «juifs» et la réexplication du miracle de guérison comporte des parallèles avec la guérison de l’aveugle. Le Codex Sinaiticus ne connaît pas le verset 5:4 de Jean. | |||
|
|
|
|
Le fils de la veuve ↑ # ↓Seul Luc connaît ce miracle, qui ressemble à la résurrection à Sarepta par Élie du fils d’une veuve pour qui il venait de multiplier huile et farine (1 Rois 17:10-24) ; voir la multiplication des cinq pains. Luc lui-même rappelle l’épisode (Nul n’est prophète… Lc 4:25-26). Ce récit semble en rapport avec une autre péricope propre à Luc (16:19-31), où Jésus fait dire à Abraham qu’un miracle de résurrection ne convaincrait personne à revenir sur le droit chemin. Pour les autres résurrections, voir la résurrection de la petite fille chez les synoptiques et la résurrection de Lazare dans Jean seul. | |||
|
|
|
|
Le paralytique ↑ # ↓Ici, pas de piscine magique pour la guérison de ce grabataire : le miracle se passe dans des lieux et des contextes différents. Et plutôt que d’avoir guéri un jour du sabbat, c’est la légitimité même de Jésus qui est questionnée. | |||
|
|
|
|
Les publicains ↑ # ↓Marc et Luc sont les deux seuls évangiles à parler du publicain Lévi, qui n’apparaît que dans cet épisode. Le premier évangile le nommant «Matthieu, le publicain» lors de la nomination des apôtres, on a attribué cet évangile à l’apôtre. Cependant, si Luc précise que Lévi est fils d’Alphée dans l’institution des Douze, il ne précise pas que Matthieu est fils d’Alphée, alors qu’il le fait pour le second Jacques. Luc parle plus loin d’un autre publicain, Zachée. | |||
|
|
|
|
Le sabbat ↑ # ↓Cet épisode et le suivant énoncent clairement la problématique du sabbat, que Jésus ne semble pas vouloir respecter à tout prix, comme dans Luc chez les pharisiens et dans Jean dans l’épisode de la piscine. | |||
|
|
|
|
La main sèche ↑ # ↓Ce miracle semble surtout un prétexte pour revenir sur la problématique du sabbat. | |||
|
|
|
|
L’éloignement ↑ # ↓Ce passage comporte des points communs entre Marc et Matthieu, si ce n’est que pour une fois, il faut six versets à Marc pour dire ce que Matthieu dit en deux, tandis que ce dernier ajoute une référence, prise en Isaïe : | |||
|
|
|
|
Les Douze ↑ # ↓Seul Luc précise que le choix des apôtres fut précédé d’une nuit de prière, mais ne donne pas de raison spéciale pour laquelle Jésus choisit douze apôtres. Pour Marc, il s’agit de les avoir avec lui, les envoyer prêcher et chasser les démons, pour Matthieu, pour chasser les esprits impurs et guérir maladies et infirmités. Les synoptiques sont à peu près d’accord sur les noms et l’ordre des apôtres : Simon, André/Jacques/Jean, Philippe, Barthélemy, Matthieu/Thomas, Jacques fils d’Alphée, Thaddée/Simon et Judas. Luc cependant remplace Thaddée par Jude. Notons toutefois que pour Matthieu et Luc, Simon est déjà appelé Pierre depuis le recrutement alors que Marc ne connaît pas ce surnom avant l’institution des Douze. Seul Marc affirme que Jésus appelle Jean et Jacques, les fils de Zébédée, «fils du tonnerre» ; seul Matthieu précise que Matthieu est publicain. La qualification du second Simon varie selon les traductions : la Bible de Jérusalem l’appelle le zélote ou le zélé pour les trois synoptiques. Jean, qui n’utilise jamais le mot «apôtre», dénombre sept disciples lors de la troisième apparition. | |||
|
|
|
|
Jean le baptiste (III) ↑ # ↓Il est particulièrement étonnant que Matthieu et Luc fassent demander par Jean à Jésus s’il est bien «celui qui doit venir», puisque le baptême de Jésus par les soins du baptiste a été selon tous les évangiles l’occasion d’une manifestation du Père ou du Saint Esprit, et qu’au préalable Jean a reconnu la supériorité de Jésus dans Matthieu et Jean. Par ailleurs, Luc nous a affirmé que Jésus et Jean le baptiste étaient parents par leurs mères. | |||
|
|
|
|
Témoignage sur Jean ↑ # ↓Le parallélisme entre Matthieu et Luc est très grand, parfois du mot à mot, sauf dans une partie centrale (Mt 11:12-15 et Lc 7:29-30). Les deux évangiles semblent affirmer qu’aucun humain n’est suffisamment grand pour mériter le royaume des cieux (Mt 11:11) ou de Dieu (Lc 7:28). Un verset connu de Matthieu seul est assez problématique : «Depuis le temps de Jean Baptiste jusqu’à présent» (Mt 11:12) indique nettement que Jean le baptiste est d’une époque précédente ; le reste semble dire qu’il est possible d’investir le royaume des cieux par la force. | |||
|
|
|
|
Malédictions aux villes ↑ # ↓Jésus s’en prend à trois villes galiléennes pour ne pas s’être converties malgré les miracles qui y ont été réalisés, mais les évangiles ne mentionnent aucun miracle pour Chorazeïn. Concernant Bethsaïde, le seul miracle antérieur connu de Luc est la multiplication des cinq pains. Mais si l’on en croit Marc et Luc, la population de Capharnaüm a été très réceptive lors de ses premiers prêches, la renommée de Jésus rayonnant aux alentours (Mc 1:21-28, Lc 4:31:37). Il est à noter que Jésus recommande à l’aveugle et lépreux de ne pas parler de leur guérison. | |||
|
|
|
|
Les louanges ↑ # ↓Luc ignore ces louanges, mais connaît Mt 11:25-26 inclus dans le retour de mission. | |||
|
|
|
|
Satan ↑ # ↓Cet épisode intervient à trois endroits bien différents des synoptiques. Marc plaçant l’épisode après le choix des apôtres, rien n’indique pourquoi les parents de Jésus considèrent celui-ci hors de sens ni pourquoi les scribes le trouvent possédé. Pour Matthieu, c’est Jésus qui guérit un démoniaque aveugle et muet. Pour Luc enfin, c’est suite à la demande d’un signe venant du ciel. | |||
|
|
|
|
Le blasphème contre l’Esprit ↑ # ↓Ce passage pose un problème trinitaire : il semblerait que tout (et même le blasphème contre le Fils de l’Homme pour Matthieu et Luc) puisse être pardonné sauf le blasphème contre le saint Esprit, comme si celui-ci était d’un autre rang ou d’une autre nature que le Père ou le Fils. | |||
|
|
|
|
La génération méchante ↑ # ↓
| |||
|
|
|
|
Le retour de l’esprit impur ↑ # ↓Vision pessimiste de l’exorcisme : un esprit impur chassé revient avec sept autres et empire la condition de l’exorcisé. Matthieu conclut ici le prêche de la génération méchante, mais ce prêche suit dans Luc la réponse de Jésus à l’accusation de détenir de Satan le pouvoir de chasser les démons. | |||
|
|
|
|
Qui est ma mère ? ↑ # ↓Après l’épisode des engagements, voici un nouveau cas de discours discréditant la famille. L’ironie a voulu que les chrétiens ont reproché aux «sectes» des années 70 de leur voler leurs enfants : ce phénomène est thématisé ici - voir également Ne croyez pas. Le verset 12:47 de Matthieu ne figure pas dans le Codex Vaticanus, et n’est pas repris dans la Bible de Jérusalem. | |||
|
|
|
|
Le semeur ↑ # ↓À l’occasion de cette parabole, les trois synoptiques font dire à Jésus «Que celui qui a des oreilles pour entendre entende !» (Mt 13:9, Mc 4:9 et 4:23, Lc 8:8). Il existe d’autres occurrences, comme lors du témoignage sur Jean (Mt 11:15), de la parabole de l’ivraie (Mt 13:43), des renoncements (Lc 14:35) et peut-être des souillures (Mc 7:16). Cette prévention laisse penser que le message de Jésus nécessite une initiation, qui pourrait par exemple expliquer le nombre précis de 153 grands poissons de la troisième apparition. | |||
|
|
|
|
La semence ↑ # ↓Cette parabole de quatre versets est la seule péricope n’appartenant qu’à Marc. | |||
|
|
|
|
Le grain de sénevé ↑ # ↓Le dernier verset de Marc : «Il ne leur parlait point sans parabole» (Mc 4:34) semble montrer que le sermon sur la montagne, comprenant les béatitudes, les malédictions, les maximes, le notre père… connus de Matthieu ou de Luc seuls, sont des ajouts postérieurs. Le sénevé peut désigner les deux plantes «moutarde» sinapis alba et sinapis arvensis, qui atteignent exceptionnellement un mètre ; la moutarde noire, brassica nigra, fait environ un mètre. Si l’on peut constater la petitesse des graines dans les moutardes dites «à l’ancienne», ce n’est un arbre que dans l’iconographie chrétienne. | |||
|
|
|
|
La mer apaisée ↑ # ↓Cet épisode s’inspire probablement de deux récits :
Le récit de Jonas est plus proche des synoptiques, mais se résout de façon différente : Jonas conseille aux mariniers de le jeter par dessus bord pour apaiser la tempête (Jonas 1:12-16), comme Jésus se sacrifiera dans l’intérêt des hommes. Mais contrairement aux deux passages de l’Ancien Testament où c’est l’Éternel qui provoque et calme la tempête, Jésus ne fait que la calmer, comme lors de la marche sur les eaux. | |||
|
|
|
|
La porte étroite ↑ # ↓Matthieu parle également de porte étroite dans ses maximes. | |||
|
|
|
|
Les pharisiens (II) ↑ # ↓La première partie de ce texte est une répétition de la problématique du sabbat. La fin développe l’importance du don désintéressé. | |||
|
|
|
|
Le festin ↑ # ↓Bien que la trame soit pareille, la morale semble différente selon les deux évangiles : l’acceptation de l’invitation semble suffire à Luc pour être sauvé, alors qu’il faut en être digne (porter les vêtements de noce) dans Matthieu. | |||
|
|
|
|
Renoncements ↑ # ↓Cette péricope commence par un rappel de la séparation nécessaire d’avec sa famille pour être digne du royaume comme dans l’épisode des engagements, et termine par un exemple de l’initiation présumée pour comprendre Jésus, comme dans la parabole du semeur. | |||
|
|
|
|
L’ivraie ↑ # ↓
| |||
|
|
|
|
Le pain de vie ↑ # ↓Jean développe ici l’eucharistie davantage que ne le font les synoptiques lors de la Cène, si ce n’est que Jésus ne compare pas son sang à du vin. Cet épisode reprend des thèmes des synoptiques, comme le fils de Joseph (Jn 6:42) en Nul n’est prophète…, ou un credo de Pierre (Jn 6:68-69) proche de celui du Pour vous, qui suis-je ? La fin suggère son Ascension (Jn 6:62), sa préscience (Jn 6:64), la grâce voire la prédestination (Jn 6:65), et la trahison de Judas (Jn 6:70-71), qui revient lors de la Cène… | |||
|
|
|
|
Les tabernacles ↑ # ↓Cet épisode connu de Jean seul comporte 53 versets, rassemblés en un chapitre. On y voit un Jésus qui refuse, parce que les Juifs veulent le tuer, de se laisser envoyer à Jérusalem par ses frères, et les y envoie plutôt, avant d’y aller secrètement... enseigner au temple. La foule, d’abord hostile, s’interroge, tandis que les prêtres ne peuvent finalement pas se saisir de lui. | |||
|
|
|
|
La femme adultère ↑ # ↓Ce passage empreint de douce justice, qui n’a pas d’équivalent dans les synoptiques, est absent des manuscrits les plus anciens, dont les papyrus 66 et 75 (début IIIe), les Codex Vaticanus et Sinaiticus (IVe) et la majorité des codex jusqu’au VIIe inclus. Le Codex Bezae (fin IVe / début Ve) semble le plus ancien à mentionner ce passage, d’autres suivent à partir du VIIIe. La leçon est apparemment claire, mais elle s’oppose de fait à toute justice humaine et il est très douteux que les scribes et pharisiens en ait convenu. Par ailleurs, le passage insiste sur le fait que Jésus écrit dans la poussière, sans rien expliciter : il est donc permis d’imaginer ce que l’on veut sur le contenu du message écrit. | |||
|
|
|
|
Je suis la lumière du monde ↑ # ↓
| |||
|
|
|
|
Les esprits impurs ↑ # ↓Ce récit étrange et rempli d’imprécisions est traité, ce n’est pas coutume, plus amplement par Marc. Comme cela arrive parfois (V. L’aveugle et L’aveugle de Jéricho), Matthieu parle de deux protagonistes là où Marc et Luc n’en connaissent qu’un, mais il est possédé par une «légion» de démons. Il s’agit probablement d’une référence à la Legio X fretensis, qui a longtemps stationné en Syrie, participant au siège de Jérusalem (70) et à la chute de Massada (74) et qui a notamment eu un sanglier pour emblème. On y voit un ou deux démoniaques furieux que personne ne peut approcher, mais les esprits qui le(s) possèdent se prosternent devant Jésus, le priant d’abord de ne pas les jeter dans l’abîme ou hors du pays, mais de les envoyer dans des pourceaux, qui allèrent ensuite se jeter dans la mer de Galilée. Pour tout remerciement, les habitants apeurés demandent à Jésus de quitter le pays. Dans cette traduction de Segond (1910), Marc parle du pays des Gadaréniens (Γαδαρηνῶν) tandis que les deux autres synoptiques parlent des Géraséniens (Γερασηνῶν, voire Γεργεσηνῶν). Dans la Bible de Jérusalem, c’est Matthieu qui parle de Gadaréniens, les deux autres de Géraséniens et le Codex sinaiticus écrit γαζαρηνων dans Matthieu, γεραϲηνω dans Marc et γεργεϲηνων dans Luc. Gadara ou Gerasa ? Hamat Gadar, les sources de Gadara, existe au sud-est et à 5km de la mer de Galilée, mais la pente qui y mène est plus que douce, aucune falaise ne bordant le Lac de Tibériade ; la Gadara historique s’appellerait maintenant Umm Qeis, encore un plus plus éloigné de la mer. Jarash, que l’on assimile à l’antique Gerasa, est située dans la même direction, mais à plus de 50km. | |||
|
|
|
|
La petite fille ressuscitée ↑ # ↓Il s’agit du seul miracle de résurrection connu des synoptiques, Luc seul relatant en plus la résurrection du fils de la veuve), et Jean étant l’unique à nous rapporter la résurrection de Lazare. Ce miracle-ci est rendu ambigu par la parole de Jésus, qui prétend que la fille dort. Cette résurrection est inconnue de Jean, alors que l’apôtre du même nom censé l’avoir écrit y a assisté (Lc 8:51). Rappelons que les Actes des Apôtres affirment que le Christ est «ressuscité le premier d’entre les morts» (Ac 26:23), autre raison de rejeter l’origine commune (de l’entièreté) de Luc et (de l’entièreté) des Actes, dont les rédacteurs semblent ignorer la résurrection du fils d’une veuve par Élie (1 Rois 17:17-23). | |||
|
|
|
|
L’hémoroïsse ↑ # ↓Ce miracle est inclus dans le récit de la résurrection de la petite fille. Il s’agit du seul miracle où Jésus guérit sans le vouloir, par une force qui sort de lui lorsque la malade lui touche le vêtement. Il y a un jeu d’oppositions entre les deux histoires : une fille impubère et une femme hémoroïsse, l’une morte et l’autre malade, passive ou agissante ; la foule omniprésente ou renvoyée, Jésus qui est approché ou qui se rend sur le lieu du miracle, volontaire ou non… | |||
|
|
|
|
Nul n’est prophète… ↑ # ↓À peine Jésus a-t-il acquis une renommée au début de la prédication que «les gens» (pas seulement les pharisiens) ne le croient plus ou même, pour Luc, songent à le tuer. Cette thématique adoration/rejet reviendra avec l’entrée à Jérusalem suivi de la condamnation populaire chez Pilate Luc est le seul synoptique à mentionner Joseph (Lc 4:22) en dehors des récits de l’enfance, Marc ne connaît donc d’autre Joseph que celui d’Arimathie. Jean ne prononce ce nom que deux fois, lors du recrutement (Jn 1:45) et dans le prêche sur le pain de vie (Jn 6:42). De charpentier pour Marc (Mc 6:3), Jésus devient pour Matthieu «le fils du charpentier» (Mt 13:55) et le «fils de Joseph» pour Luc (mais seulement «fils de Marie» pour les deux premiers évangiles). | |||
|
|
|
|
Le missionnement ↑ # ↓Il est en fait question de deux missionnements. Le premier, commun aux synoptiques, parle du missionnement des Douze (pour Matthieu, ils sont même nommés à cette occasion). Notons encore que pour Matthieu, la bonne nouvelle est réservée aux «brebis perdues de la maison d’Israël» (Mt 10:6), en contradiction avec l’épilogue. Luc parle ultérieurement d’un missionnement de 72 autres disciples, placé ici parce que la plupart des éléments sont communs avec le récit de Matthieu et Marc pour celui des Douze. Luc insère dans l’ensemble du récit du missionnement l’affrontement de Jean le baptiste et d’Hérode (Lc 9:7-9), puis les malédictions aux villes (Lc 10:13-16). | |||
|
|
|
|
Le missionnement (suite) ↑ # ↓Ce passage est la suite directe du précédent, mais Matthieu y développe des mises en gardes plus précises contre les dangers de l’évangélisation (Mt 10:21, voir également Ne croyez pas) et prédit clairement que la fin du monde est proche (Mt 10:23), contrairement au missionnement final lors de l’épilogue (Mt 28:20). | |||
|
|
|
|
Le retour de mission ↑ # ↓Luc rapporte le grand succès de l’action des 72 disciples, Jésus semblant après coup plus optimiste. Matthieu, qui ne connaît pas cette mission, cite dans des louanges Lc 10:21-22 | |||
|
|
|
|
Ne craignez pas ↑ # ↓Luc ne cite qu’une fois la Géhenne, sans l’associer au feu (Lc 12:15), pas plus que Matthieu dans ce passage. Matthieu reprend le thème çà et là, dans les Sentences, et les Scribes, ne l’associant pas toujours au feu. C’est à l’occasion du prêche sur le jugement dernier que Matthieu seul parle d’une punition par le feu éternel, associé à la Géhenne dans les occasions de chute, amplifié par Marc. Jean ignore cette thématique. | |||
|
|
|
|
Ne croyez pas ↑ # ↓Jésus annonce que son message devra nécessairement diviser les familles, que son message n’apportera pas la paix, comme déjà en Mt 10:21. L’importance secondaire de la famille est également visible dans les engagements et Qui est ma mère ?. | |||
|
|
|
|
Celui qui ne prend pas sa croix ↑ # ↓Les deux premiers versets sont presque textuellement repris dans la première annonce (Mt 16:24-25). | |||
|
|
|
|
L’héritage ↑ # ↓
| |||
|
|
|
|
Le sang ↑ # ↓
| |||
|
|
|
|
Hérode ↑ # ↓Cet épisode est l’un des rares où Marc (407 mots) est plus prolixe que Matthieu (217) et Luc (69). Il est à noter que Luc ne sait rien de la culpabilité des femmes dans la mort du baptiste, tandis que Jean ignore complètement Hérode et ne fait qu’évoquer l’emprisonnement du baptiste en Jn 3:24. L’opposition entre Jean le baptiste et Hérodiade est semblable à celle entre Élie et Jézabel, princesse phénicienne séductrice qui poussa Achab à embrasser le culte de Baal (1 Rois 16:31) ; et c’est elle qui menaça le prophète (1 Rois 19:1-3), alors que le roi lui-même ne lui est pas si hostile. Le verset de Marc «Ce que tu me demanderas, je te le donnerai, fût-ce la moitié de mon royaume» (Mc 6:23) est très semblable à trois versets du Livre d’Esther : «Dis-moi ce que tu désires, et, serait-ce la moitié du royaume, c’est accordé d’avance» (Esther 5:3, versets semblables en Esther 5:6 et 7:2) et il s’agit également de la mort d’un prophète. La polygamie n’était pas interdite en Israël, elle était même obligatoire pour un homme de se marier avec la femme d’un frère décédé s’il n’avait pas de descendance (voir le lévirat et le Deutéronome 5:5-10) ; Hérode ne pouvait légitimement être gêné par l’opinion de Jean le baptiste. La seule interdiction semble porter sur le mariage d’un homme avec la sœur d’une épouse actuelle, ce qui constitue l’autre sens de «belle-sœur». Il est par ailleurs très douteux qu’une princesse, la fille d’Hérodiade, se donne en spectacle, la danse pour le divertissement d’invités étant une activité d’esclave. De plus, Matthieu et Luc utilise pour la désigner le terme κοράσιον, «petite fille» ou «fillette» selon le Bailly. La Bible de Jérusalem traduit ce terme par «jeune fille» lorsqu’Hérode lui fait remettre la tête de Jean le baptiste (Mt 14:11; Mc 6:28), alors que ce même terme grec y est traduit par «fillette» lors de la résurrection de la fille du chef de la synagogue (Mt 9:24-25; Mc 5:41), Marc précisant son âge : douze ans (Mc 5:42). | |||
|
|
|
|
Les cinq pains ↑ # ↓Ce genre de miracle est déjà mentionné dans l’Ancien Testament : avec 2 pains d’orge, Élisée nourrit une centaine de personnes, et il y eut des restes (2 Rois 4:42-44). Un doublet existe dans Marc et Matthieu. Remarquons que dans Jean, le récit de ce miracle à partir de cinq pains et deux poissons contient exactement cinq fois le mot «pains» et deux fois le mot «poissons» (voir également l’histoire des cinq maris). | |||
|
|
|
|
La marche sur les eaux ↑ # ↓Cet épisode suit celui de la multiplication des pains pour les trois évangiles qui en parlent ; Luc l’a curieusement oublié. Jean semble davantage préoccupé par ce qu’en pense la foule. Seul Matthieu affirme que Pierre s’invite à également marcher sur les eaux. Bien que moins dramatique, cet épisode préfigure l’apocope de la mer apaisée. | |||
|
|
|
|
Les souillures ↑ # ↓Luc est particulièrement court, ses développements correspondant à la seconde partie des imprécations de Matthieu contre les scribes et pharisiens. Le Codex Sinaiticus ne connaît pas le verset 7:16 de Marc, notamment présent chez les synoptiques dans de la parabole du semeur. | |||
|
|
|
|
La Cananéenne ↑ # ↓Cet épisode est une objection à l’universalité de la vocation de Jésus : il n’a été «envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël» (Mt 15:24). Le même évangile affirme que lors du missionnement des apôtres, Jésus leur recommande de ne pas s’adresser aux païens ni aux Samaritains (Mt 10:5). Parce qu’elle est cananéenne, cette femme doit se comparer à un petit chien pour que Jésus guérisse sa fille. Cette position est de plus en contradiction avec l’épilogue de Matthieu lui-même lorsque Jésus recommande de faire des disciples dans toutes les nations (Mt 28:19). | |||
|
|
|
|
Les guérisons ↑ # ↓Ce passage, placé au même endroit chez les deux premiers synoptiques, a la même structure mais diffère beaucoup dans les détails. Marc parle de la guérison d’un sourd quasi muet, tandis que Matthieu parle d’une multitude de miracles. Par ailleurs, si tout le monde est émerveillé par le(s) miracle(s), Matthieu parle de la glorification de Dieu, tandis que Marc précise que tous témoignent du miracle bien que Jésus recommande le silence. | |||
|
|
|
|
Les sept pains ↑ # ↓Il s’agit ici d’un doublet abrégé de la multiplication des cinq pains et deux poissons, rapportée par les quatre évangiles. | |||
|
|
|
|
Un signe venant du ciel ↑ # ↓Les synoptiques sont ici assez chahutés : Luc poursuivra avec la réponse de Jésus à l’accusation d’être possédé par Satan, tandis que Marc et Matthieu closent la discussion. Les Codex Vaticanus et Sinaiticus (IVe) ne connaissent pas les versets 16:2 et 3 de Matthieu. | |||
|
|
|
|
Gardez-vous du levain… ↑ # ↓Pour Luc, il s’agit de la suite logique de la seconde imprécation contre les scribes et pharisiens. | |||
|
|
|
|
L’aveugle ↑ # ↓Si l’on s’en tient à ce qui est commun aux trois évangiles qui rapportent ce miracle, que Luc ignore, il s’agit d’une guérison d’aveugle(s). Tout le reste diffère, la rencontre, la façon de guérir, ce qu’il advient du guéri. Jean ajoute une question sur la responsabilité de l’infirme ou de ses parents, et continuera une longue discussion impliquant des pharisiens. Notez que pour Matthieu et Marc, Jésus s’arrange pour que le miracle ne se sache pas ; il est permis de se demander pourquoi il maudit ensuite certaines ville de ne pas s’être converties malgré les miracles. Comme cela arrive parfois (V. Les esprits impurs et L’aveugle de Jéricho), Matthieu parle de deux aveugles alors que Marc et Jean n’en connaissent qu’un. | |||
|
|
|
|
L’aveugle (suite) ↑ # ↓Ce long passage reprend la description du miracle, répète le thème de la guérison un jour de sabbat, et réaffirme que l’infirmité ne vient pas d’un péché, mais que le péché vient plutôt pour les pharisiens de ne pas admettre son infirmité. L’enquête des pharisiens et la réexplication du miracle de guérison sont comparables la guérison dans la piscine. Le passage précédent et celui constituent chez Jean chez un chapitre de 41 versets | |||
|
|
|
|
Le démoniaque muet ↑ # ↓
| |||
|
|
|
|
Le bon berger ↑ # ↓
| |||
|
|
|
|
La dédicace ↑ # ↓
| |||
|
|
|
|
Lazare ↑ # ↓Seul Jean nous rapporte ce miracle. Pour cet évangile, «être mort» ne signifie pas «dormir», alors que pour les synoptiques, la petite fille qui venait de mourir ne faisait que dormir selon Jésus. Ici, Lazare est mort depuis quatre jours, placé dans le sépulcre et sent déjà. Le ressuscité est ici, sans équivoque, frère de Marthe et Marie, et les trois personnages interviendront encore dans l’épisode du parfum. Matthieu et Marc ne connaissent ni Lazare, ni Marthe, ni leur sœur Marie. Luc parle d’un épisode avec Marthe et Marie sans Lazare (Lc 10:38-42), ainsi que d’un tout autre Lazare, miséreux, dans la parabole de l’homme riche (Lc 16:19-31), où Jésus rapporte une parole d’Abraham : «S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne se laisseront pas persuader quand même quelqu’un des morts ressusciterait.» (Lc 16:31). | |||
|
|
|
|
Les sacrificateurs ↑ # ↓Ce passage est la suite du miracle de résurrection de Lazare, qui inquiète les prêtres et pharisiens. Rappelons-nous qu’ils avaient déjà voulu se saisir de Jésus lors de la fête des tabernacles. La formulation du verset 11:49 semble indiquer que le grand-prêtre était nommé pour l’année, ou pour un temps assez court. | |||
|
|
|
|
Pour vous, qui suis-je ? ↑ # ↓Les textes des trois synoptiques sont ici vraiment très proches, Jésus voulant s’assurer que les apôtres sachent vraiment qu’il est le Christ. dans Marc et Luc, Jésus précise qu’ils ne doivent pas révéler ce fait, peut-être une trace de religion à mystère où les révélations ne se font qu’aux disciples. Matthieu (Mt 16:16-19) de son côté poursuit par l’institution de l’Église, et il est étonnant que les deux autres synoptiques taisent ce qui est plus qu’un détail (pour une autre interpolation flagrante, voir l’épilogue). Bien que l’explication «je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église» (Mt 16:18) arrive assez tard dans l’évangile, Matthieu utilise ce surnom dès le départ ; pour Marc et Luc, Jésus surnomme Simon lors de l’institution des Douze (Mc 3:16, Lc 6:14), même si Luc utilise l’expression «Simon-Pierre» (Lc 5:8) lors du recrutement des premiers apôtres. Jean donne la même explication au surnom Pierre, en utilisant le terme araméen «Céphas» (ou «Képhas»), mais lors la rencontre de Simon avec Jésus. La proximité de kephas [κηφάς] et kephalê [κεφαλή] (tête) pourrait justifier ce surnom, Pierre étant considéré comme le premier pape : rappelons que les quatre évangiles sont écrits en grec, et que kephalē signifie également une autorité, tout comme le mot latin caput dont dérivent «chef» et «capitaine». Le credo de Pierre trouve un écho dans le passage Le pain de vie (Jn 6:68-69) connu de Jean seul. | |||
|
|
|
|
Première annonce ↑ # ↓Le dernier verset des trois synoptiques annonce ni plus ni moins la parousie, la seconde venue du Christ sur terre, pour l’établissement du royaume du Fils de l’Homme (à savoir, Jésus) pour Matthieu, ou le royaume de Dieu pour Marc et Luc. Il s’agit d’un retour imminent, puisque certains de ses contemporains seront encore vivants : quelques dizaines d’années tout au plus. Ce thème sera repris et amplifié lors de la quatrième annonce. C’est aussi l’avis de Paul dans une de ses épîtres : «Nous, les vivants, nous qui serons encore là pour l’Avènement du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui seront endormis. Car lui-même, le Seigneur, au signal donné par la voix de l’archange et la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts qui sont dans le Christ ressusciteront en premier lieu ; après quoi nous, les vivants, nous qui serons encore là, nous serons réunis à eux et emportés sur des nuées pour rencontrer le Seigneur dans les airs. Ainsi nous serons avec le Seigneur toujours (1 Thessaloniciens 4:15-17)». Celui qui ne prend pas sa croix (Mt 16:24, Mc 8:34, Lc 9:23) est un thème déjà abordé par Matthieu (Mt 10:38-39). | |||
|
|
|
|
La transfiguration ↑ # ↓Cet épisode rappelle le baptême, avec la même déclaration : «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, (en qui j’ai mis toute mon affection) : écoutez-le !» (Mt 17:5, Mc 9:7), mais seulement adressée aux trois apôtres majeurs : Pierre, Jacques et Jean, qui ne peuvent la divulguer. Il est étrange que l’évangile «selon Jean» taise cet épisode où Jésus apparaît dans sa gloire, accompagné de figures de l’Ancien Testament aussi essentielles que Moïse et Élie, d’autant plus qu’il se prétend «le disciple que Jésus aimait», identifié au disciple Jean (Jn 21:24). | |||
|
|
|
|
Le retour d’Élie ↑ # ↓Ces quelques versets insistent sur la ressemblance entre Élie, Jean le baptiste et Jésus. Pour les deux premiers, c’est Matthieu qui le précise, comme Élie, c’est Jésus qui ne sera pas reconnu pour ce qu’il est. Ses contemporains le prennent d’ailleurs volontiers pour Élie, voir Hérode et Pour vous, qui suis-je ? | |||
|
|
|
|
Le fils possédé ↑ # ↓Une des rares apocopes où Marc est plus long que les deux autres synoptiques, même réunies. Le thème est inhabituel : les apôtres ont essayé en vain de chasser un esprit et se font réprimander par Jésus pour leur manque de foi à l’origine de leur impuissance, voire traiter de pervers (Mt 17:17, Lc 9:43), alors qu’il leur avait conféré force et pouvoir sur les démons lors du missionnement (Lc 9:1). Le retour de mission des 72 autres disciples était également plus optimiste. Le Codex Sinaïticus ne possède pas le verset 17:21 de Matthieu, qui est une reprise de Marc 9:29, avec addition du jeûne. Il est supprimé dans la Bible de Jérusalem. | |||
|
|
|
|
Deuxième annonce ↑ # ↓Si Matthieu et Marc parlent de l’annonce de la mort prochaine de Jésus après un changement de lieu, l’annonce conclut pour Luc le miracle précédent. Le principal du message est identique aux trois synoptiques (parfois au mot près), Matthieu et Marc ajoutant que Jésus mourra, mais les disciples n’ont compris que dans Matthieu. Contrairement à Marc, Luc explique que cette annonce leur avait été sciemment voilée. | |||
|
|
|
|
Le statère ↑ # ↓Cette apocope n’existe que chez Matthieu, à la suite de la deuxième annonce. Le statère d’argent désigne le tétradrachme, qui permettait de payer l’impôt du temple pour deux personnes. En s’en affirmant exempté, Jésus, signifie qu’il est le fils de Dieu, mais paie l’impôt pour éviter la polémique, tout en donnant à Pierre (seul!) une façon d’en être quitte. Il est à noter que les autres pêches des évangiles se déroulent au filet ; qu’un seul poisson pêché soit le bon témoigne de l’aspect exceptionnel de la prise. Cette histoire n’évoque pas l’existence de la bourse dont disposaient les disciples (Jn 12:6), voir le parfum. | |||
|
|
|
|
L’humilité ↑ # ↓La Bible de Jérusalem ne retient plus le verset 18:11 de Matthieu. | |||
|
|
|
|
Les occasions de chute ↑ # ↓Ces versets sont, dans Matthieu, inclus dans le prêche sur l’humilité et constituent des doublets des versets Mt 5:29-30 de Soyez parfaits. Ils n’ont aucun équivalent dans Luc. Ce n’est qu’à cet endroit que Marc parle de Géhenne, en insistant sur le fait que le feu y règne, comme s’il convenait que cet évangile s’aligne sur la conception de l’enfer de Matthieu. | |||
|
|
|
|
Le sel de la terre ↑ # ↓
| |||
|
|
|
|
Chez les Samaritains ↑ # ↓Vont suivre quelques passages surtout connus de Luc. Le premier de ces passages semble témoigner des pouvoirs des apôtres, et surtout de Jean et de Jacques, qui pensent utiliser la foudre pour punir des villageois peu hospitaliers. Marc, pour qui les fils de Zébédée sont appelés «Fils du Tonnerre» (les Douze Mc 3:17), ne connaît pas l’épisode. | |||
|
|
|
|
La brebis perdue ↑ # ↓
| |||
|
|
|
|
Le fils prodigue ↑ # ↓Cet épisode, l’un des plus célèbre des évangiles, nous a été transmis par Luc seul. Il s’agit d’une nouvelle exemplification de l’apocope précédente. | |||
|
|
|
|
L’économe ↑ # ↓
| |||
|
|
|
|
Le péché ↑ # ↓
| |||
|
|
|
|
Les dix lépreux ↑ # ↓La Bible de Jérusalem ne comprend plus le verset 17:36 de Luc. | |||
|
|
|
|
Le juge ↑ # ↓
| |||
|
|
|
|
Le pardon ↑ # ↓
| |||
|
|
|
|
La répudiation ↑ # ↓Ce prêche de Jésus apparaît dans un premier temps assez moderne, mettant hommes et femmes à égalité dans la relation de mariage, mais c’est plutôt de par son indissolubilité. Matthieu tempère encore cette modernité en précisant qu’il est permis à un homme de répudier sa femme en cas d’infidélité (mais l’inverse ?), ce qui cadre mal avec l’appel à être parfait, c’est-à-dire tout pardonner. Il fait par ailleurs remarquer par les apôtres qu’il n’est donc – pour les hommes – pas avantageux de se marier. La réponse de Jésus étonne (Mt 19:12) si l’on ne se rappelle pas que les prêtres de Cybèle se châtraient volontairement. | |||
|
|
|
|
L’homme riche ↑ # ↓Seul Luc parle d’un pauvre dénommé Lazare, qui semble avoir un lien avec celui de la résurrection que Jean seul rapporte, puisqu’à la fin, Jésus fait dire à Abraham qu’une résurrection, sans le respect de la parole de Moïse et des prophètes, ne ramènerait jamais personne sur le droit chemin (Lc 16:31). Luc rapporte néanmoins une résurrection de plus que les autres évangiles. | |||
|
|
|
|
Les petits enfants ↑ # ↓Tout ce qu’il y a à retenir de cette apocope est qu’il faut être naïf comme un enfant pour entrer au royaume des cieux. Voir également le passage des louanges dans Matthieu ou Jésus se félicite des choses cachées aux intelligents mais révélées aux enfants. En tout cas, les enfants valent mieux que les adultes et les apôtres, que Jésus ne manque jamais d’égratigner, parfois pour leur manque d’intelligence. | |||
|
|
|
|
Il est plus difficile à un riche ↑ # ↓De la même façon que dans la parabole de l’homme riche où le miséreux Lazare méritera d’être reçu dans le sein d’Abraham et l’homme riche connaîtra les tourments des flammes à sa mort du simple fait d’avoir été comblé durant sa vie, nous voyons ici un autre homme riche à qui il sera très difficile d’entrer dans le royaume de Dieu, quoique vertueux. Le chas de l’aiguille peut sembler un drôle d’endroit pour faire passer un chameau (κάμηλος) ; la confusion avec câble (κάμιλος) est probable, l’êta s’étant peu à peu prononcé comme un iota, le grec de la koiné ayant confondu les deux lettres par un phénomène linguistique appelé iotacisme. La même confusion a pu avoir lieu entre christos (χριστός, oint) et chrestos (χρηστός, «bon», «secourable»), parfois utilisé comme nom, et comme surnom du dieu Sérapis au début de l’ère commune. | |||
|
|
|
|
Les premiers seront les derniers ↑ # ↓Ce passage, comme précédent, propose la même inversion. Le thème du jugement des douze tribus d’Israël, ignoré de Marc, se retrouve dans l’épisode de Luc où les apôtres s’inquiètent de savoir qui est le plus grand. | |||
|
|
|
|
Les ouvriers de la onzième heure ↑ # ↓Cette parabole est assez curieuse, placée entre deux phrases semblables intervertissant (certains) premiers et (certains) derniers, alors que le message est plutôt que la dignité est la même quelle que soit l’heure de conversion : l’ancienneté ne confère aucun privilège. | |||
|
|
|
|
Troisième annonce ↑ # ↓
| |||
|
|
|
|
Qui est le plus grand ? ↑ # ↓Cet épisode se place Luc avant le serment de Pierre, mais corerspond grandement aux amplification de Marc où les fils de Zébédée sont à l’origine du conflit, et Matthieu, où il s’agit de la mère qui demande la meilleure place au royaume (des cieux). Le thème des apôtres jugeant les douze tribus d’Israël se retrouve dans Matthieu dans le prêche les premiers seront les derniers. Marc et Matthieu reprennent le thème avec les premiers seront les derniers. | |||
|
|
|
|
L’aveugle de Jéricho ↑ # ↓Épisode qui va à l’encontre d’un Marc abrégeant Matthieu : le premier est plus long et connaît même le nom de l’aveugle que le second ignore. De plus, il s’agit pour Marc et Luc d’un seul aveugle, alors que Matthieu en connaît deux : abréger ne signifie nullement réduire le nombre (pour l’habitude du doublement des personnages, V. L’aveugle et Les esprits impurs). C’est l’occasion pour Marc et Luc d’insister sur l’importance de la foi ; Marc et Matthieu le(s) font suivre Jésus. En fait Marc semble faire la synthèse entre Matthieu et Luc, à moins que ces deux derniers aient chacun de leur côté abrégé le premier. Jésus de Nazareth pour la Bible de Segond, Jésus le Nazarénien pour la Bible de Jérusalem (Mc 10:47). | |||
|
|
|
|
L’entrée à Jérusalem ↑ # ↓Cet épisode est très probablement inspiré d’un verset du livre du prophète Zacharie : «Exulte avec force, fille de Sion ! Crie de joie, fille de Jérusalem ! Voici que ton roi vient à toi : il est juste et victorieux, humble, monté sur un âne, sur un ânon, le petit d’une ânesse.» (Zacharie 9:9). | |||
|
|
|
|
Le grain de blé ↑ # ↓Jésus reprend ici la thématique de Caïphe : «il est dans votre intérêt qu’un seul homme meure pour le peuple, et que la nation entière ne périsse pas» (Jn 11:50). | |||
|
|
|
|
Le lavement des pieds ↑ # ↓
| |||
|
|
|
|
Le figuier ↑ # ↓Cet épisode est a priori étonnant, puisque Jésus reproche à cet arbre de ne pas avoir de fruit hors-saison : Marc précise bien que ce n’est pas la saison des figues, et que lui et Matthieu situent cette épisode avant la crucifixion, qui a lieu au printemps. Mais il peut s’agir d’une exigence de disponibilité plus extrême que d’autres, tels la parabole des vierges et l’épisode de la veille. Encore une fois, il y a surenchère de Marc à Matthieu, où le dessèchement est instantané. Notons que Luc raconte une histoire non résolue où un seigneur envisage de faire couper un figuier qui n’a rien produit durant trois ans, mais un serviteur obtient la grâce d’une année supplémentaire (Lc 13:6-9). Marc place à la fin du prêche la nécessité de pardonner, qui est la première des maximes de Matthieu, qui suit l’enseignement de la prière. Le codex sinaiticus ne comprend pas Mc 11:26. | |||
|
|
|
|
Les marchands du temple ↑ # ↓Cet épisode est moins anodin qu’il n’y paraît, les marchands étant nécessaires à l’accomplissement de certains rites, dont le rachat du fils aîné. Empêcher ce fonctionnement signifiait donc grandement perturber les coutumes religieuses et devait donc amener non seulement la réprobation des sacrificateurs mais aussi celle des fidèles. Il est donc très surprenant que Jésus n’ait pas été lapidé à cette occasion ou tout au moins arrêté ; il y avait également de quoi retenir une charge lourde lors de son procès. Cet épisode est au début de Jean, et au contraire assez peu avant l’arrestation de Jésus chez les synoptiques. | |||
|
|
|
|
Détruisez ce temple ↑ # ↓Jean poursuit en disant que Jésus se compare au temple détruit qui se relèvera en trois jours, alors que Matthieu et Marc attribueront plus tard le rappel de ces paroles à un faux témoignage. Les synoptiques parlent par ailleurs au début de la quatrième annonce d’une destruction totale du temple sans que Jésus ne s’y compare. | |||
|
|
|
|
Par quelle autorité fais-tu cela ? ↑ # ↓Il s’agit ici d’un des étonnants passages où les évangiles concordent à quelques mots près. Malheureusement, Jésus use d’un stratagème pour ne pas répondre à une question légitime de la part des prêtres. | |||
|
|
|
|
La vigne ↑ # ↓La Bible de Jérusalem ne retient plus le verset 21:44 de Matthieu. | |||
|
|
|
|
Rendez à César ↑ # ↓
| |||
|
|
|
|
Le lévirat ↑ # ↓Cette péricope, très semblable chez les synoptiques, pose plusieurs problèmes d’interprétation. La première réponse exprime assez clairement qu’il n’y a plus de sexe à la résurrection des corps, ce qui peut signifier l’abrogation des relations sexuelles ou la fin de toute différence sexuelle (ce qui a pu alimenter la querelle du sexe des anges, passée dans le langage comme étant un problème oiseux et sans fin). La fin affirme très clairement que Dieu n’est pas Dieu des morts mais celui des vivants, ce qui ne semble pas répondre à la question, puisque c’est justement la croyance supposée des sadducéens selon Flavius Josèphe : «La doctrine des Sadducéens fait mourir les âmes en même temps que les corps, et leur souci consiste à n’observer rien d’autre que les lois.» (Antiquités judaïques, XVIII-I-4) | |||
|
|
|
|
L’amour du prochain ↑ # ↓Jean parle d’un nouveau commandement : «Aimez-vous les uns les autres» (Jn 13:34), tandis que pour les synoptiques, il vient en second lieu, après l’amour pour Dieu (Mt 22:37-39, Mc 12:29-31, Lc 10:27). Pour Luc, ce n’est pas Jésus qui donnent ces deux commandements, mais le docteur de la loi «venu pour l’éprouver» : en effet, ce «nouveau» commandement est tiré du Lévitique : «Tu ne te vengeras pas et tu ne garderas pas de rancune envers les enfants de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même» (Lv 19:18). Ce «prochain» pourrait ne concerner que les compatriotes, mais le texte précise plus loin : «L’étranger qui réside avec vous sera pour vous comme un compatriote et tu l’aimeras comme toi-même, car vous avez été étrangers au pays d’Égypte» (Lv 19:34). C’est le récit le plus court, celui de Luc, qui semble le mieux renseigné sur les écritures. | |||
|
|
|
|
Le bon Samaritain ↑ # ↓Ce passage permet de voir comment fonctionne la communication évangélique. Les Samaritains sont déconsidérés à plusieurs endroits des l’évangiles, par exemple lorsque Jésus recommande lors d’un missionnement de ne pas entrer «dans les villes des Samaritains» (Mt 10:5), il en existe au moins un que Jésus dit préférer pour sa compassion, face à un prêtre et à un lévite insensibles au malheur d’un voyageur tombé dans une embuscade : même un Samaritain peut voir plus de valeur qu’un lévite ou un prêtre. | |||
|
|
|
|
Marthe et Marie ↑ # ↓Seul Luc nous parle de cet épisode, où Lazare est absent. En fait, Jean seul fait une fratrie des deux sœurs dont parle Luc et du pauvre Lazare issu d’une parabole rapportée par le même évangile. Cet épisode ne règle pas la question de savoir qui fera le service si les deux femmes «choisissent la meilleur part», les évangiles ne remettant pas en cause la division sexuelle des tâches. | |||
|
|
|
|
Fils de David ↑ # ↓
| |||
|
|
|
|
Les scribes ↑ # ↓Le discours de Jésus est quasi identique dans Marc et Luc, parfois au mot près. Matthieu est bien plus fourni dans ses imprécations contre scribes et pharisiens, comme il est plus long que Luc dans ses maximes, inconnues dans Marc. Mt 23:14, qui reprend quasi textuellement Mc 12:40 et Lc 20:47, ne figure plus dans la Bible de Jérusalem. | |||
|
|
|
|
Les scribes (suite) ↑ # ↓La partie de Luc qui correspond à la suite des imprécations contre les pharisiens et les scribes est située dans un autre contexte, où les pharisiens discutent de souillures, dont un verset (Lc 11:39) correspond nettement à celui de Mt 23:26. | |||
|
|
|
|
La pauvre veuve ↑ # ↓
| |||
|
|
|
|
Quatrième annonce ↑ # ↓Cette quatrième annonce est celle de la fin des temps plutôt que de la mort et la résurrection de Jésus comme l’avait énoncé Jean lors des marchands du temple. Comme dans la première annonce, les synoptiques sont en tout cas d’accord à la virgule près sur l’iminence de la fin des temps : «Je vous le dis en vérité, cette génération ne passera point, que tout cela n’arrive.» (Mt 24:34, Mc 13:30, Lc 21:32). Ce qu’il doit arriver, c’est un ensemble de calamités qui fera que «la détresse sera si grande qu’il n’y en a point eu de pareille depuis le commencement du monde jusqu’à présent, et qu’il n’y en aura jamais.» (Mt 24:21). Jésus annonce donc pire que le Déluge, ce qui contrevient à la promesse du Dieu de l’Ancien Testament, pour qui «aucune chair ne sera plus exterminée par les eaux du déluge, et il n’y aura plus de déluge pour détruire la terre.» (Genèse 9:11). Les synoptiques (Mt 24:19, Mc 13:17, Lc 21:23) partagent un verset très proche d’une malédiction du Livre d’Hénoch : «Dans ces jours, les femmes enceintes mettront au monde et abandonneront le fruit de leurs entrailles. Les enfants tomberont sous les yeux de leurs mères ; et pendant qu’ils suceront leur lait, elles le repousseront et seront sans pitié pour les fruits de leurs amours.» (97:6). La malédiction des femmes enceintes et allaitantes se retrouve en creux dans Luc lors d’une prophétie pour une prochaine fin du monde. Le verset 24:35 de Matthieu ne figure pas dans le Codex Sinaiticus, il est le même qu’en Mc 13:31 et Lc 21:33 : «Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point». | |||
|
|
|
|
Les dix vierges ↑ # ↓Cette parabole enjoint à être attentif, toujours prêt, la volonté entièrement tournée vers le maître, à obéir sans retenue, comme Marie s’est dite servante du Seigneur (Lc 1:38). Le lecteur du XXIe cherchera en vain l’épouse : il s’agit d’un seigneur prenant possession de son harem. Les commentateurs qui voient les communautés chrétiennes dans les vierges, et le Christ comme l’époux qui doit revenir, ne disent pas autre chose : l’Église est l’épouse du Christ. | |||
|
|
|
|
Zachée ↑ # ↓Il était déjà question d’un autre publicain, Lévi pour Marc et Luc, Matthieu pour Matthieu. Le sycomore est un figuier typiquement africain, acclimaté en Palestine. Dans tous les autres cas, il s’agit du figuier commun. | |||
|
|
|
|
Les talents ↑ # ↓
| |||
|
|
|
|
Le jugement dernier ↑ # ↓Il s’agit d’un moment important pour la sotériologie : est-ce la foi qui sauve, comme dans la parabole du créancier connue de Luc seul, ou les œuvres, comme il est question ici uniquement chez Matthieu ? Par ailleurs, le royaume ne semble pas ici être situé dans les Cieux, mais sur terre. | |||
|
|
|
|
Le complot ↑ # ↓
| |||
|
|
|
|
Le parfum ↑ # ↓Les quatre évangiles parlent de cet épisode de façon assez différente. Pour les deux premiers, c’est chez Simon le lépreux qu’une femme anonyme répand le parfum sur les cheveux de Jésus ; pour Luc, c’est une pécheresse chez un pharisien nommé Simon dans un second temps ; pour Jean, c’est chez Lazare, l’ami de Jésus, et c’est Marie, sœur de Marthe, qui verse le parfum. Chez les deux derniers évangiles, ce sont les pieds qui sont parfumés. En dehors d’hypothèse d’assimilation de personnages, à étayer, il est nulle part question de Marie de Magdala comme l’affirme notamment le Vif/L’Express n°3415 du 16.12.2016, p33. La temporalité n’est pas non plus la même : Marc, Matthieu et Jean situent l’épisode à l’approche de la pâque et Jésus y annoncent sa mort prochaine, tandis que c’est bien plus tôt dans Luc, lorsque Jean le baptiste est en prison. Jésus ne parle ni de passion prochaine ni de la bonne action de la pécheresse à son égard («Vous avez toujours vos pauvres avec vous»), mais poursuit l’épisode avec un sermon. Jean est le seul à affirmer que Judas s’insurge contre le gaspillage d’argent que représente le prix du parfum, qui aurait pu être donné aux pauvres, expliquant que c’était surtout Judas qui tenait la bourse, à son plus grand bénéfice (Jn 6:12). La réponse de Jésus est étonnante, comme si les pauvres pouvaient attendre, contrairement aux engagements. | |||
|
|
|
|
Le créancier ↑ # ↓Ce récit est un développement que Luc fait suite à l’épisode du parfum, où Jésus prêche le rachat des fautes à Simon, le pharisien (et non le lépreux comme les deux autres synoptiques l’appellent. Il est possible d’y entendre que la fois seule peut sauver, contrairement à ce que dit Matthieu du jugement dernier. | |||
|
|
|
|
Judas ↑ # ↓Pour Jean, la trahison de Judas ne se manifeste qu’au moment de la cène. | |||
|
|
|
|
La préparation ↑ # ↓
| |||
|
|
|
|
La cène ↑ # ↓Seuls les synoptiques parlent de l’institution de l’eucharistie. Pour Jean, ce dernier repas sert à parler de la trahison de Judas, des adieux de Jésus assortis de ses dernières recommandations, l’eucharistie étant développée dans le pain de vie. L’expression «fruit de la vigne» a été préférée au mot «vin» dans les trois synoptiques, de dernier n’étant pas plus utilisé dans Jean. La «prophétie» en Jn 13:18 vient du Psaume 41:10 : «Celui-là même avec qui j’étais en paix, Qui avait ma confiance et qui mangeait mon pain, Lève le talon contre moi.» Judas n’est pas cité dans Marc ni dans Luc. | |||
|
|
|
|
Le serment de Pierre ↑ # ↓L’épisode du serment de Pierre, prophétisant son reniement, est, à quelques synonymes ou redondance près et une précision numérique, identique dans Matthieu et Marc. Il semble que c’est Matthieu qui a complété Marc, parce que la «fin longue» de ce dernier ne parle pas de séparation en Galilée. La citation la plus proche des versets Mt 26:31 et Mc 14:27 vient du prophète Zacharie dans le contexte de la fin du temps des prophètes précédant le triomphe de Yahvé sur la terre entière : «Épée, éveille-toi contre mon pasteur et contre l’homme qui m’est proche, oracle de Yahvé Sabaot. Frappe le pasteur, que soient dispersées les brebis, et je tournerai la main contre les petits.» (Za 13:7). | |||
|
|
|
|
L’épée ↑ # ↓On apprendra de Luc, peut-être avec un certain étonnement, que les apôtres doivent acheter une épée, c’est-à-dire s’armer. Une arme servira lors de l’arrestation de Jésus. | |||
|
|
|
|
Le chemin de vérité ↑ # ↓
| |||
|
|
|
|
La vraie vigne ↑ # ↓
| |||
|
|
|
|
L’esprit de vérité ↑ # ↓Le Codex Sinaiticus ne connaît pas le verset 16:15. | |||
|
|
|
|
Jésus prie ↑ # ↓
| |||
|
|
|
|
La veille ↑ # ↓C’est à partir d’ici que les récits s’accordent le plus, du moins au plan chronologique (si ce n’est le repentir de Judas par Matthieu et le problème de la garde du corps), jusqu’à l’ensevelissement par Joseph d’Arimathie. Cependant, le Jésus de Jean ne demande pas aux apôtres de prier, et ne doute pas. | |||
|
|
|
|
L’arrestation ↑ # ↓L’épisode du baiser, inconnu de Jean, a peut-être été inspiré d’un proverbe : «Fidèles sont les coups d’un ami, mensongers les baisers d’un ennemi.» (Proverbes 27:6) C’est l’unique moment où l’on apprend, des quatre évangiles, qu’au moins un suivant de Jésus était armé d’une épée, même si Luc avait parlé auparavant de la nécessité de s’armer. Seul Jean précise que c’est Pierre qui a tranché l’oreille du serviteur du grand prêtre, dont il connaît le nom ; Luc seul parle du miracle de la guérison de l’oreille. Si les synoptiques ne font intervenir que la «foule» et (les représentants de) l’autorité religieuse, Jean parle également d’une cohorte, ce qui signifie l’armée romaine (Jn 18, 3) et même plus loin du «tribun» (Jn 18, 12). Seuls Marc et Matthieu parlent, en des termes très semblables, de la nécessité pour Jésus de se laisser arrêter, et de la débandade des apôtres (Mt 26:56, Mc 14:49-50). Ni Matthieu ni Luc n’ont repris de Marc l’anecdote de l’homme nu entouré d’un drap. L’origine est peut-être à trouver chez Amos : «Le plus courageux des guerriers s’enfuira nu dans ce jour-là, dit l’Éternel.» (Amos 2:16). | |||
|
|
|
|
Le grand prêtre ↑ # ↓Il est assez étonnant que les juifs aient dû payer de faux témoins pour accuser Jésus d’avoir affirmé pourvoir rebâtir le temple en trois jours (Mt 26:61 et Mc 14:58), alors que Jean l’a explicitement rapporté (Jn 2:19). Pour Marc et Matthieu, ce sont des membres du sanhédrin qui frappent Jésus (un huissier dans Jean), mais pour Luc, qui situe les coups avant l’interrogatoire, ce sont les hommes de main qui le frappent et se moquent de lui. Matthieu est le seul des synoptiques à nommer le grand-prêtre. Sans bien expliquer pourquoi, Jean fait envoyer Jésus en premier lieu chez Anne, le beau-père de Caïphe. Le récit est assez embrouillé, puisque les deux semblent finalement grands-prêtres (Jn 18:19-24), bien que Jésus ne reste pas longtemps chez Caïphe, juste le temps de deux reniements de Pierre et d’un chant de coq (Jn 18:25-27). Jésus prétend que le Fils de l’Homme s’assiéra à la droite de «la puissance» de Dieu, préfigurant ce que Marc dira lors de l’ascension. | |||
|
|
|
|
Le reniement de Pierre ↑ # ↓Le récit des quatre évangiles est assez homogène, bien que Luc l’insère au début de l’interrogatoire de Jésus tandis que Jean l’imbrique davantage avec l’interrogatoire par Anne et (peut-être) Caïphe. Notons toutefois que pour Marc, Matthieu et Jean, Jésus et Pierre sont séparés, tandis que pour Luc, Jésus a l’occasion de se tourner vers Pierre lors du troisième reniement. Pierre nie trois fois être proche de Jésus chez les synoptiques, deux fois dans Jean ; contrairement à ce qui est souvent dit, le coq ne chante qu’une seule fois à la fin des reniements, mais deux fois dans Marc. Le reniement avait été prévu par Jésus lors d’un serment de Pierre dans les quatre évangiles. | |||
|
|
|
|
Pilate, le gouverneur ↑ # ↓Ici intervient la coutume de relâcher un prisonnier à chaque fête selon les synoptiques (à pâque pour Jean), coutume dont nulle trace n’a été trouvée dans les nombreuses chroniques juives – la Bible de Jérusalem ne retient d’ailleurs plus le verset 23:17 de Luc. Pour Matthieu et Marc toutefois, cette coutume était celle du gouverneur. | |||
|
|
|
|
Le repentir ↑ # ↓Seul Matthieu s’inquiète du devenir du traître Judas. Il semble s’être inspiré, de façon lointaine, de Zacharie :
plutôt que de Jérémie, où il n’est question de potier que pour signifier qu’Israël est comme l’argile dans les mains d’un potier (18:2-6) et aussi fragile qu’une poterie (19:1-11) ; il est question plus loin de l’achat d’un champ, mais dans un autre contexte :
L’insertion du repentir de Judas dans Matthieu est assez maladroite, rompant le déroulement de l’action du récit. Les autres évangiles n’en parlent pas, même Luc alors qu’il est censé être du même rédacteur que les Actes des Apôtres, où il est affirmé que c’est Judas lui-même qui s’est acheté un champ avec l’argent de la trahison, avant de tomber sur la tête, qui a éclaté, répandant toutes ses entrailles (Actes 1:16-19). | |||
|
|
|
|
La torture ↑ # ↓Marc et Matthieu concordent sur les tortures et les moqueries infligées à Jésus, qui font suite à la présentation à Pilate et au peuple. Jean ajoute les soufflets mais l’épisode est inséré dans la discussion avec Pilate. Luc a évoqué les moqueries et les coups au début de l’interrogatoire. | |||
|
|
|
|
Le port de la croix ↑ # ↓Les quatre évangiles sont d’accord sur le nom du lieu de la crucifixion : le «lieu du crâne» (Luc en parle au début de la crucifixion, mais sans citer le nom de «Golgotha»). Jean est pour une fois très factuel. En contradiction avec Jean, les synoptiques affirment que Simon de Cyrène (colonie grecque en Lybie devenue romaine en 96 avant l’Ère commune) fut réquisitionné pour porter la croix. Marc sait en plus qu’il était le père de Rufus et Alexandre, comme s’il fallait que le Juif Simon «porte la croix» pour ses fils, le Romain Rufus et le Grec Alexandre. Le fiel dont parle Matthieu seul vient peut-être de Psaume 69:22 : «Ils m’ont donné du fiel à un repas, et dans ma soif, ils m’ont abreuvé de vinaigre», vinaigre dont il est question à la crucifixion. | |||
|
|
|
|
Pleurez sur vous ↑ # ↓Luc ajoute une foule déjà en pleurs et une malédiction très prochaine, qui ressemble à celle de la quatrième annonce | |||
|
|
|
|
La crucifixion ↑ # ↓Le crucifiement était un supplice d’asphyxie : la suspension du corps par les bras entravait la respiration (seul Jean parle de marque des clous). Le supplicié pouvait agoniser de quelques minutes à quelques jours selon que les jambes pendaient dans le vide, pouvaient prendre un appui précaire ou étaient fixées. Mais puisque Pilate avait rendu Jésus aux Juifs (Mt 27:26, Mc 15:15, Lc 23:25, Jn 19:6) après avoir renoncé à le condamner (Mt 27:24, Mc 15:15, Lc 23:14, Jn 18:38), ceux-ci auraient dû le lapider en tant que faux prophète (Deutéronome 13:2-11). Deux thèmes annexes sont communs aux quatre évangiles. Le premier est le partage des vêtements par les soldats, en écho à «ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort mon vêtement» (Psaume 22:19). Le second est l’écriteau, qui présente une gradation dans les énoncés : «Le roi des Juifs» (Mc 15:26), «Celui-ci est le roi des Juifs» (Lc 23:38), «Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs» (Mt 27:37) et enfin «Jésus de Nazareth, roi des Juifs» (Jn 19:19). À chaque fois, Jean apporte des détails supplémentaires. Matthieu 27:41-43 reprend d’assez près le psaume 22 : tous ceux qui me voient me bafouent, leur bouche ricane, ils hochent la tête : «Il s’est remis à Yahvé, qu’il le délivre! qu’il le libère, puisqu’il est son ami!» (Psaume 22:8-9) Seuls les synoptiques parlent des moqueries, venant des passants et des prêtres pour Marc et Matthieu, mais des soldats dans Luc. Les trois parlent encore de deux brigands crucifiés avec Jésus («il a été compté parmi les criminels, alors qu’il portait le péché des multitudes», Isaïe 53:12), qui l’insultent pour Marc et Matthieu, tandis que Luc nous apprend que Jésus sauve un des deux brigands («il intercédait pour les criminels», Isaïe 53:12). Les trois parlent enfin de trois heures de ténèbres avant la mort (Luc juste avant la mort), mais seuls les deux premiers parlent du désespoir de Jésus, qui reprend (Mt 27:46, Mc 15:34) le cri «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?» (Psaume 22:2). Ils parlent en outre, avec Jean, de l’éponge à vinaigre. Ce dernier est le seul à nous parler de l’adoption croisée de Marie et du «disciple que Jésus aimait». La référence «au prophète» en Matthieu 27:35 et le verset de Marc 15:28 ne sont pas repris dans la Bible de Jérusalem. | |||
|
|
|
|
La mort ↑ # ↓Il y a plus que des nuances entre les récits des synoptiques, d’accord sur l’expiration et la déchirure du voile du temple. Pour Luc, Jésus en pleine asphyxie parvient à crier une phrase d’une voix forte. Les trois synoptiques parlent de la présence de femmes et du centurion, mais si Marc et Matthieu font reconnaître à ce dernier qu’il est fils de Dieu, Luc ajoute la présence de tous ceux qui l’ont connu, le centurion ne traitant Jésus que de «juste». Seul Matthieu rapporte un tremblement de terre, provoquant une résurrection des morts qui envahirent Jérusalem. Jean fait constater par Jésus que «Tout est accompli». Ses allusions aux Écritures peuvent renvoyer au rituel du repas de la pâque où l’on ne peut briser aucun os (Exode 12:46, Nombres 9:12, voyez Jn 19:36 qui y fait référence), puisque Paul affirme que «notre pâque, le Christ, a été immolée» (1 Corinthiens 5:7) ou au juste protégé par Yahvé (Psaume 34:21). Le flanc percé pourrait se rapporter à «Celui qu’ils ont transpercé, ils se lamenteront sur lui comme on se lamente sur un fils unique» (Zacharie 12:10) ou à «il a été transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes» (Isaïe 53:5, voyez Jn 19:37). Isaïe résume le thème du sauveur souffrant (Is 53:1-12) : | |||
|
|
|
|
Joseph d’Arimathie ↑ # ↓Ce n’est que dans ces quelques versets qu’apparaît ce Joseph. Il est disciple de Jésus pour Matthieu et Jean, membre du Conseil pour Marc et Luc, ce dernier précisant qu’il n’était pas de ceux qui «avaient participé aux actes des autres». Les quatre évangiles le disent «d’Arimathie» (ἀπὸ Ἀριμαθαίας), Luc précisant «de la ville juive» d’Arimathie. En grec, langue des évangiles, le nom Ἀριμαθαία peut être décomposé en «ari» (ἀρι), particule marquant une idée de force, de supériorité, et «matheia» (μάθεια) qui signifie «savoir», «connaissance» (le terme apparenté μαθητής «mathētēs» est utilisé par les évangiles pour «disciples»). Ce Joseph d’Arimathie a probablement pour origine un jeu de mot plutôt qu’une bourgade hypothétique au nom tellement grec, témoins le mot français «chrestomathie» (χρηστομάθεια), qui désigne une anthologie d’auteurs classiques, et le mot grec πολυμάθεια, qui signifie «érudition». Ce Joseph de «la meilleure connaissance», qui disparaît aussitôt des évangiles, est inconnu des Actes des apôtres et du reste du Nouveau Testament. Seul Matthieu précise que ce Joseph offre son caveau à Jésus, ce qui est assez extraordinaire. Marc parle seulement d’un caveau taillé dans le roc, Luc et Jean précisant qu’il n’avait jamais servi. Seul Jean parle de bandes, les synoptiques de linceul. | |||
|
|
|
|
La garde ↑ # ↓Premier temps du procédé de Matthieu pour qu’on ne puisse douter de la résurrection : les prêtres et pharisiens ont fait garder le tombeau de peur que les apôtres ne dérobent le corps de Jésus. Cela signifie que les premiers avaient mieux écouté Jésus que ses propres disciples, qui auront beaucoup de mal à admettre qu’il puisse ressuciter, malgré tous les prodiges de Jésus dont ils ont été témoins. | |||
|
|
|
|
La résurrection ↑ # ↓
Les quatre évangiles sont d’accord sur le fait que Marie de Magdala se trouve parmi les femmes qui furent les premiers témoins de la résurrection de Jésus. Seule pour Jean, elle est accompagnée d’une autre Marie dans Matthieu, que Marc et Luc savent être la mère de Jacques ; Marc ajoute encore Salomé, Luc Jeanne et d’autres femmes. La pierre du sépulcre étant roulée et le tombeau vide, ces femmes rencontrent selon les évangiles un ou deux jeunes hommes ; seul Matthieu parle explicitement d’un ange, Jean de deux anges. Seul le dernier évangile rapporte que Jésus lui-même est apparu à Marie de Magdala, qui peine à le reconnaître. Si les femmes doivent aller prévenir les apôtres, elles doivent, dans Jean, simplement annoncer sa résurrection et son départ, pour Matthieu dire aux apôtres de le retrouver en Galilée. Pour Marc, les apôtres ne croient pas à la résurrection tandis que Luc nous montre un Pierre sceptique puis perplexe. Les Codex Vaticanus et Sinaiticus (IVe) ne connaissent pas le texte de Marc au delà du verset 16:8, et l’ensemble des dix versets est parfois pudiquement appelé «finale longue». Les versets 16:9-11 semblent en tout cas une réécriture de 19:5-8 et un développement où n’apparaît plus que Marie de Magdala, plus confiante et ayant effectivement vu Jésus, et non plus seulement un ange comme dans Matthieu, deux dans Luc, en compagnie d’autres femmes. | |||
|
|
|
|
Le vol du corps ↑ # ↓Deuxième temps du complot des prêtres et des pharisiens : la résurrection ayant eu lieu, les soldats sont payés pour mentir, ce qui explique que les juifs ne croiront jamais à la résurrection. Lors du constat de la résurrection, les trois autres évangiles ne parlent aucunement de ces gardes. | |||
|
|
|
|
Les disciples d’Emmaüs ↑ # ↓Marc ne connaît cet épisode que dans la «finale longue» inconnue des codex Sinaiticus et Vaticanus, et Matthieu ne connaît aucun épisode d’apparition aux apôtres avant les adieux, les apôtres ayant été envoyés «en Galilée». Jean, qui relève trois apparitions aux «disciples», ne parle pas de celle-ci. Le nom d’Emmaüs n’est connu que de Luc, Marc ne le citant pas dans sa «fin longue». Si Jésus a institué l’eucharistie lors de la dernière cène où n’étaient présents que les douze apôtres, puis a été arrêté dans la même soirée, jugé dans la nuit, exécuté le lendemain et ressuscité deux jours plus tard, il est improbable que des disciples non identifiés le reconnaissent à sa consécration du pain et du vin, geste qu’ils n’auraient pas eu le temps d’apprendre à un moment où les apôtres doutent le plus. Outre leur taille, ces deux passages sont très contrastés dans la mesure où contrairement à Luc, Marc est très imprécis : «campagne» / «Emmaüs» ; apparition / douze versets de dialogue plus un rappel des écritures par Jésus et partage d’un repas ; «deux d’entre eux», ne se rapportant pas grammaticalement à «apôtre» ou «disciples» / un nom est cité (Cléopas) pour l’un d’entre eux… Ils entrent en contradiction à la fin, entre l’incrédulité des «autres» et les Onze qui répondent que Jésus est apparu à Pierre, alors qu’il n’est même pas apparu aux femmes dans le passage précédent (Lc 24:1-12). Une demi-douzaine d’endroits ont été proposés pour Emmaüs, situé à 60 stades (le stade attique, repris par les Romains, vaut 185m), soit une dizaine de kilomètres de Jérusalem (Lc 24:13). | |||
|
|
|
|
La première apparition ↑ # ↓Les trois évangiles qui rapportent l’apparition de Jésus aux apôtres le font de façon assez différentes. Pour Marc, il s’agit d’un épisode qui s’ajoute à celui de l’apparition aux disciples d’Emmaüs, que les apôtres ne croient pas, tandis que pour Luc, Jésus arrive alors que ces disciples racontent leur rencontre ; il montre ses mains et ses pieds et mange pour montrer aux apôtres qu’il n’est pas un esprit. Seul le quatrième évangile précise que Jésus montre ses mains et son côté, pour montrer les stigmates de la fixation par les clous et le coup de lance dans le côté par un soldat (Jn 19:34). Si Luc prévoit la pentecôte (Actes 2:1-15) en recommandant aux apôtres d’attendre ce que le Père a promis, qu’ils soient investis de la puissance d’en haut, il leur ouvre néanmoins déjà l’esprit ; pour Jean, Jésus leur insuffle son esprit lors de cette apparition. | |||
|
|
|
|
La deuxième apparition ↑ # ↓La deuxième apparition permet à Jésus de prêcher la foi sans preuve. Seul Jean aura parlé de trace de clou dans les mains et d’un trou dans sa poitrine, peut-être en référence à «ils ont percé mes pieds et mes mains» (Psaume 22:17). Cet évangile semble clore ici son récit, éludant la relation de beaucoup d’autres miracles. | |||
|
|
|
|
La troisième apparition ↑ # ↓Ce n’est qu’à l’occasion de ce qui semble être un ajout que Jean rapporte que certains disciples (jamais appelés apôtres dans le quatrième évangile) pratiquent la pêche, par un miracle qui ressemble beaucoup à la pêche miraculeuse racontée par Luc lors du recrutement des premiers apôtres. Jean, qui ne mentionne pas douze disciples particuliers, parle ici plus spécifiquement de sept d’entre eux : Simon-Pierre, Thomas, Nathanaël, Jean et Jacques qui ne sont jamais mentionnés autrement que par l’expression «fils de Zébédée», et deux autres disciples qui pourraient être Philippe et André, ou Judas et Jude «pas l’Iscarioth» (Jn 14:22) ; Jean n’en mentionne jamais d’autres. La précision du nombre 153 peut étonner (Jn 21:11) ; il est possible qu’il s’agisse d’une adresse aux initiés, à ceux «qui ont des oreilles pour entendre» comme le disent les synoptiques lors de la parabole du semeur. Si Jean n’utilise pas la formule, certains épisodes comme celui des cinq maris et des cinq pains semblent ne pas vouloir laisser les choses au hasard. Incidemment, 153 est un «nombre triangulaire» apprécié des Anciens, il vaut la somme des nombres de 1 à 17, comme le «666» de l’Apocalypse vaut la somme de 1 à 36 (Ap. 13:18). Comme à la fin de la seconde apparition, le verset 21:24 semble clore le récit ; par ailleurs, le Codex Sinaiticus ne connaît pas le dernier verset de Jean. | |||
|
|
|
|
Épilogue ↑ # ↓Seul Luc parle de l’ascension à la fin de son évangile (et Marc dans sa «fin longue»), précisant explicitement que Jésus «fut enlevé au ciel», Marc précisant où il s’installa, en accord avec les synoptiques. Le dernier verset des deux évangiles s’opposent complètement quant à la réaction des apôtres. Par ailleurs, si les derniers versets de Marc sont apocryphes (ils n’apparaissent pas dans les papyrus 66 et 75 du début du IIIe ni dans les Codex Sinaiticus et Codex Vaticanus au IVe), seul le témoignage de Luc peut être retenu concernant l’ascension. Pour Matthieu, l’épilogue est l’unique occasion pour les apôtres d’enfin voir Jésus ressuscité, les femmes n’ayant vu qu’un ange. C’est l’unique évangile à y mentionner le missionnement des apôtres à travers le monde, en contradiction avec un précédent missionnement (Mt 10:23), et à citer la formule trinitaire (Mt 28:19) que les autres ignorent : l’interpolation est aussi évidente que lors de la désignation de Pierre comme chef de l’Église. Les évangiles ne sont pas d’accord non plus sur le lieu du dernier séjour de Jésus sur terre. Pour Marc, les derniers épisodes se passent autour ou à Jérusalem ; Luc est plus précis sur le lieu de la séparation : Béthanie ; pour Matthieu, le rendez-vous pris lors de la résurrection mentionnait – sans plus de précision – la Galilée. C’est également le lieu de la troisième apparition de Jésus pour Jean, dont la conclusion semble vouloir abréger la relation des très nombreux autres faits de Jésus, ne précisant pas plus que Matthieu comment Jésus les a quittés, ni même s’ils les a quittés. Notons encore que si les apôtres sont investis d’une mission universelle de conversion pour Matthieu et Marc, ils se bornent à passer leurs journées au Temple dans Luc. Les événements du dernier chapitre de l’Évangile selon Luc se passent dans la même journée, alors que les Actes des apôtres précisent que Jésus a continué de visiter les apôtres durant 40 jours (Ac 1:3), ce qui tend à rejeter l’adresse commune des deux textes par le même «témoin». | |||
|
|
|
|
Synthèse ↑
Les quatre évangiles n'ont que 20 péricopes en commun sur 174, soit 11%. Les synoptiques (Matthieu-Marc-Luc) en ajoutent 49 en commun, c'est-à-dire 40% (69/174). Il faut ajouter les 24+1 péricopes commmunes aux deux plus longs évangiles (Matthieu-Luc, sans ou avec Jean) pour atteindre les 54% (94/174). Rappelons que les péricopes partagées ne sont pas exemptes de contradictions.
Matthieu, Luc et Jean totalisent 63 péricopes connues d'un seul évangile, soit 36%. Notons encore 9 (7%) péricopes communes à Matthieu et Marc (sans ou avec Jean), le reste des associations se réduisant à quelques unités.
Jusqu'à présent, seul le nombre de péricopes a été considéré, mais il est possible de plutôt tenir compte du nombre de versets (3900). Les péricopes communes aux quatre évangiles, aux synoptiques et aux associations Matthieu-Luc (sans ou avec Jean) représentent alors respectivement 19%, 32% et 12%, soit 63% pour le tout, tandis que les digressions des évangiles Matthieu, Luc et Jean représentent 5%, 9% et 17%, soit 30% en tout. L'association Marc-Matthieu (sans ou avec Jean) vaut 5%.
Cette façon de faire a nécessairement donné plus de poids aux péricopes communes, qui totalisent plusieurs versions du même extrait. Si l'on pondère le nombre de versets de chaque péricope en considérant le nombre moyen de versets (l'ensemble des versions divisé par le nombre d'évangiles concernés), les péricopes communes aux quatre évangiles, les synoptiques et les associations Matthieu-Luc (sans ou avec Jean) représentent respectivement 9 %, 19% et 11%, soit 39% pour le tout, tandis que les digressions des évangiles Matthieu, Luc et Jean prennent plus d'importance relative avec 8%, 17% et 30%, soit 56% en tout. L'association Matthieu-Marc (sans ou avec Jean) vaut 4%.
Récapitulatif | Tous | Syn. | Mt-Lc* | sTot. | Mt | Lc | Jn | sTot. | Mt-Mc* | Div. |
174 péricopes | 20 | 49 | 25 | 94 | 15 | 24 | 24 | 63 | 12 | 5 |
100% | 11% | 28% | 14% | 54% | 9% | 14% | 14% | 36% | 7% | 3% |
3900 versets | 756 | 1241 | 476 | 2473 | 179 | 354 | 645 | 1178 | 176 | 73 |
100% | 19% | 32% | 12% | 63% | 5% | 9% | 17% | 30% | 5% | 2% |
2122 v. pond. | 189 | 413 | 233 | 835 | 179 | 354 | 645 | 1178 | 76 | 32 |
100% | 9% | 19% | 11% | 39% | 8% | 17% | 30% | 56% | 4% | 2% |
Considérons maintenant le nombre de péricopes (à gauche) et de versets (à droite) pour chaque évangéliste:
Répartition des péricopes | Répartition des versets | |||||||||||||
Tous | Syn. | Seul | Mt-Lc | Mt-Mc | Div. | Tot. | Tous | Syn. | Seul | Mt-Lc | Mt-Mc | Div. | Tot. | |
Mt | 20 | 49 | 15 | 24 | 9 | 4 | 121 | 181 | 425 | 179 | 216 | 50 | 35 | 1086 |
17% | 40% | 12% | 20% | 7% | 3% | 17% | 39% | 16% | 20% | 5% | 3% | |||
Mc | 20 | 49 | 1 | 9 | 7 | 86 | 169 | 420 | 4 | 56 | 33 | 682 | ||
23% | 57% | 1% | 10% | 8% | 25% | 62% | 1% | 8% | 5% | |||||
Lc | 20 | 49 | 24 | 24 | 5 | 122 | 189 | 396 | 354 | 230 | 58 | 1227 | ||
16% | 40% | 20% | 20% | 4% | 15% | 32% | 29% | 19% | 5% | |||||
Jn | 20 | 24 | 6 | 50 | 217 | 645 | 43 | 905 | ||||||
40% | 48% | 12% | 24% | 71% | 5% |
Tout cela reste encore très optimiste quant à la cohérence des quatres évangiles: le fait que Marc, Luc et Jean ont chacun écrit un prologue ne signifie absolument pas qu'ils y racontent la même chose. Par ailleurs, rien ne correspond entre Matthieu et Luc dans les récits de l'enfance de Jésus (l'annonciation, l'adoration, la prime enfance...).